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Yasmin Jonkers - Journaliste sur Money FM

Yasmin jonkers; Money FM Yasmin jonkers; Money FM
Écrit par Caroline D.
Publié le 9 octobre 2018, mis à jour le 7 mars 2019

Vous ne connaissez sans doute pas Money FM, radio singapourienne lancée en janvier 2018. C’est pourtant un média particulièrement efficace et distrayant pour découvrir l’environnement économique et financier de la ville Etat. Nous avons rencontré Yasmin Jonkers qui se confie sur son parcours, les médias, sur le mouvement #MeToo.

 

Un parcours éclectique 

Yasmin Jonkers, superbe jeune femme fièrement singapourienne, a déjà une longue carrière dans les médias. Après avoir étudié les Sciences Politiques à l’Université d’Oregon puis à London School of Economics, ce qui explique-t-elle, l’a rendue curieuse et élargi ses centres d’intérêt, Yasmin est rentrée à Singapour en 1997 et trouvé un premier emploi dans une maison d’édition.

Mais la solitude de la lecture a fini par lui peser. Le pouvoir est en définitive dans les mains des journalistes, à qui elle envoie les livres. Après une première expérience sur la radio Class 95, elle part sur Gold 90FM pour animer la matinale. L’émission est suivie par plus d’un demi million d’auditeurs et rapporte à la station 10 millions de dollars de publicité par an.

Mais derrière cette belle façade, la réalité est plus dure.

Yasmin Jonkers doit assister à tous les évènements, se maintenir informée, préparer les émissions et se lever tous les matins avant 5.00 pour la prise d’antenne. Cela ne s’appelle pas encore comme ça, mais elle fait un burn out.

Direction les Pays Bas, dont est originaire son mari, pour un nouveau départ. Mais il est difficile d’ouvrir des portes dans un pays où elle est totalement inconnue. C’est donc le retour à Singapour, mais pour faire quelque chose de différent. Ce sera la télévision et plus spécifiquement Fox Sports. Elle réalise très vite que les chaines sportives sont très populaires et couvrent toute l’Asie, mais le paiement de droits de diffusion très élevés se fait au détriment des émissions animées par les journalistes.

Face à la frustration, une opportunité se présente. Singapore Press Holding ouvre une station radio dédiée à l’économie et la finance. Si elle connait bien la radio, la finance est un nouveau sujet, une opportunité pour continuer d’apprendre. Yasmin estime qu’elle est à présent véritablement journaliste, rencontrant grands patrons et banquiers, continuant à acquérir des connaissances, alors qu’auparavant elle se considérait plus comme une présentatrice.

A propos de Singapour

Yasmin Jonkers souligne la différence entre Singapour et ses plus proches voisins. Elle l’explique par le fait que Singapour a, dès le départ, été définie par son activité portuaire et qu’aujourd'hui encore, le port est toujours le premier employeur. Ainsi, être singapourien implique une ouverture aux autres cultures et idées. Tout Singapourien est le résultat d’un melting pot, aspirant à la découverte, et Yasmin est très fière de cet héritage.

Bien sur, elle ne manque pas d’évoquer l’importance de la gastronomie et s’amuse que n’importe quel grand patron ait toujours 10 minutes pour évoquer le sujet. Les Singapouriens sont également passionnés par les sujets financiers, et en premier lieu les investissements immobiliers. Ici, chaque famille aisée a d’abord parié sur le foncier. N’importe quelle société qui vient présenter des projets immobiliers à Londres ou en Australie vend ici des appartement sur plan comme des petits pains.

Money FM est un bon outil pour permettre à la communauté française de se familiariser avec les marchés locaux et de saisir des opportunités d’investissements.

Sur la particularité des médias à Singapour, Yasmin Jonkers considère qu’ils s’adressent à la majorité, alors que dans les pays comme la Grande Bretagne, ils sont segmentés. Ainsi, le plus stupide des journaux (elle ne donne pas de nom mais on pense tout se suite au Sun), puis un journal s’adressant aux ménagères de moins de 50 ans et enfin le Financial Times, dont la lecture est réservée aux élites. Il existe effectivement des sujets sensibles pour lesquels les journalistes rapportent les faits sans entrer dans des analyses approfondies. Il s’agit, vous l’aurez compris, de la politique intérieure, mais également des relations avec la Malaisie ( Singapour a fait partie de la Fédération de Malaisie de 1963 à 1965) et l’Indonésie. Elle souligne néanmoins que chacun a ses opinions et qu’il existe des débats, comme on exposerait ses idées au cours d’un diner en famille, mais qu’on les garderait pour soit en petit comité.

A Singapour comme partout, l’arrivée d’internet a cependant tout boulversé. Mais ce n’est pas demain que l’on verra la version locale des “Guignols de l’info”…

A propos du mouvement #MeeToo

Le fait d’être une femme n’a jamais été un frein pour la carrière de Yasmin Jonkers. Bien au contraire, à la radio, la voix et le charme opèrent. Elle observe que le mouvement  #MeToo n’a pas pris d’ampleur à Singapour, ceci pour différentes raisons. Dans une société conservatrice, il est très important de ne pas perdre la face. Il est possible ainsi que certains faits n’aient pas été dénoncés, les femmes restant pour le moment dans la retenue et pesant longuement leur décision. Si dans les familles, les tâches sont toujours réparties selon le genre, l’éducation est parfaitement égalitaire et les femmes réussissent mieux leurs études.

Cette égalité existe également selon elle dans le milieu professionnel et les femmes ne se retrouvent pas ou peu dans des situations “MeToo".

Yasmin Jonkers remarque cependant avec une pointe d’inquiétude que l’alcool est dorénavant largement consommé dans toutes les fêtes, y compris au bureau. Boire ne faisait pas partie de la culture locale et coutait cher. L’alcool est maintenant accessible et populaire grâce aux bars et restaurants internationaux qui se sont récemment implantés dans la Cité-Etat. Les gens boivent par conséquent beaucoup plus, perdent le contrôle et en arrivent à des paroles ou des actes inappropriés. Une forme d’éducation des jeunes à l’alcool, un peu à la française, où il fait partie du style de vie, est devenue nécessaire.

 

Les reportages et interviews sur Money FM, particulièrement sur la tranche matinale, sont passionnants : ainsi le reportage sur le méga projet d’île artificielle Forest City ou les interviews des patrons singapouriens explorant les marchés africains ou européens. Par ailleurs, l’ambiance musicale jazzy est particulièrement rafraichissante.

 

 

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