De passage à Singapour pour présenter son nouveau film, Dans la brume, Romain Duris en profite pour exposer ses dessins à La galerie de l’Alliance française jusqu’au 1er décembre. Connu pour ses rôles au cinéma, l’acteur se destinait à l’origine à devenir illustrateur, avant d’être happé par le 7ème art, après le succès fulgurant du Péril jeune, à 20 ans à peine. Le samedi 10 novembre, il est venu à la rencontre du public pour présenter ses œuvres, raconter son besoin de s’exprimer et de coucher sur papier ses idées.
Comment êtes-vous arrivé au dessin ?
Romain Duris : J’ai commencé à dessiner dès l’adolescence, en remplissant mes agendas de graffitis divers. J’avais besoin de rajouter quelque chose, de la vie, des couleurs sur ces cahiers, plutôt que de garder le côté fonctionnel et froid de l’objet. Sur les dessins qui sont exposés ici, j’ai modifié les noms et les numéros de téléphone, mais le reste évoque des films que j’ai vus, des concerts où je suis allé ou des tournages auxquels j’ai participé. C’est une mise en scène des instants de ma vie.
Quelles ont été vos influences, vos maîtres à penser pour le dessin ?
Romain Duris : Deux dessinateurs ont eu une forte influence sur moi. Robert Crumb, qui est connu pour ses bandes dessinées et ses dessins pour Time Magazine, et puis, bien sûr, Alain Le Saux, connu surtout pour son travail pour ses livres pour enfants. Alain m'a pris sous son aile après mon école d'art. Il m'a transmis une exigence du trait. Au début, j'étais plus dans une énergie avec quelque chose de spontané, de « lâché ». Avec lui, j'ai pu travailler la précision du trait et du crayon pour que ce soit moins gratuit.
Le corps humain est un sujet qui revient dans la plupart de vos dessins. Pourquoi cette attirance pour eux, et pourquoi ne pas dessiner des paysages par exemple ?
Romain Duris : Avec le temps, je me suis mis à dessiner des corps, des bouches, des dents… J’aime bien ces parties du corps. La bouche est un moyen de communication formidable qui permet d’exprimer beaucoup de choses : le rire, la parole, l’agressivité… Et puis j’aime bien dessiner des corps, c’est un moyen naturel pour moi qui m'aide à me reconcentrer après une journée de tournage. Le corps a quelque chose d'universel, il peut être droit, il peut bouger… En quelques coups de crayon, j'ai une réponse rapide, avec un mouvement qui prend forme. Dans la sélection des dessins qui a été faite pour cette exposition, on en retrouve plusieurs car c'est quelque chose de précieux pour moi.
L’exposition est déconseillée aux mineurs, car l’érotisme – voire parfois plus – y est fortement représenté. Pourquoi cette attirance pour ce thème ?
Romain Duris : Le sujet de la nudité est une question qui revient souvent. Pour moi, je ne cherche pas à faire quelque chose d'érotique, ce n'est pas le sujet qui me vient en tête quand je dessine, c'est plus le côté fun et léger qui prime. La scène naît sous mon coup de crayon, je ne cherche pas à représenter quelque chose en particulier, c'est le dessin qui se révèle comme ça et qui aboutit à ce que vous voyez. Pour moi, ce n'est pas choquant, il s’agit seulement de corps.
À quel moment savez-vous qu’une œuvre est achevée ?
Romain Duris : Quand on fait un dessin, la difficulté principale est de savoir où s'arrêter. Je fais régulièrement des photos avec mon téléphone, que j’envoie à ma femme ou à mes proches, pour avoir leur avis sur la direction que je prends. Et parfois, je vais trop loin ! Je m'aperçois, en regardant l'évolution du dessin, grâce à ces photos, que celui de la veille était mieux que celui que j’ai fait aujourd’hui. Mais la plupart du temps, ça me saute aux yeux et je sais, à cet instant précis, que mon dessin est terminé.
Vous avez offert un de vos dessins à Ridley Scott…
Romain Duris : Oui, l’année dernière, lorsque j'ai tourné avec lui Tout l'argent du monde. Je lui ai donné en espérant qu'il ne soit pas choqué. Car, comme vous le savez, c'est un anglais. Et, j'ai cette image des anglais plutôt classes, plutôt « biens propres sûr eux » et droits, ce qui n'est pas forcément dans le même alignement que ce que je dessine. Je ne sais pas ce qu’il en a fait, s’il l’a affiché chez lui ou s’il l’a jeté (rires).
Pourquoi cette exposition à l’Alliance française de Singapour ?
Romain Duris : Au départ, je voulais faire un livre, un objet rassemblant les œuvres que j'avais réalisées jusque-là. Mais en discutant avec Anne-Dominique Toussaint, qui a accueilli ma première exposition dans sa galerie à Paris, on s’est aperçus qu’on pouvait faire davantage. C'est elle qui a eu l’idée d’une exposition et qui m’a poussé à la faire.
Informations pratiques
Alliance française de Singapour
La galerie (2ème étage)
1 Sarkies Road
Singapore 258130
Du 1er novembre au 1er décembre
Lundi au vendredi : 13h – 19h30
Samedi : 9h30 – 17h30