Dans le cadre des commémorations du bicentenaire de l’arrivée de Raffles à Singapour, l’Asian Civilisations Museum s’est associé au British Museum et présente, depuis le 1er février, une exposition dénommée Raffles in Southeast Asia: Revisiting the Scholar and Statesman.
Déconnectée de l’histoire même de la fondation de Singapour comme port de commerce britannique, parti-pris qui peut surprendre, l’exposition s’intéresse plutôt à l’homme. Avec en toile de fond le contexte géopolitique du 19e siècle, elle dévoile un personnage complexe et méconnu, collectionneur, érudit, écrivain (avec son Histoire de Java), historien et naturaliste. Elle restitue sa vision d’émissaire de l’Empire britannique colonialiste sur le sud-est asiatique, avec en ligne de mire Sumatra et Java, dont il a été lieutenant-gouverneur. 240 objets de sa collection personnelle, provenant du monde entier, ont été rassemblés et démontrent l’importance du riche patrimoine artistique et culturel de l’archipel malais. Les masques traditionnels, les poupées de théâtre, les instruments de musique, les sculptures, les armes, les textiles, les peintures de personnages locaux, les représentations de plantes et d’animaux sont autant de preuves, selon Raffles, de l’existence d’une « civilisation » telle que définie par les standards européens de l’époque. Cette qualité même justifie, selon lui, de bénéficier du statut de colonie britannique D’autres objets, comme des documents de cour et lettres diverses, permettent de comprendre son implication dans les politiques des sultanats, les disputes successorales et les conflits de la région avec les Hollandais.
À la fin de la visite cependant un sentiment de frustration persiste : une commémoration sans un mot sur la fondation de Singapour et son « père fondateur ». Raffles a-t-il fondé Singapour ?
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