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Marietta Ren et la BD animée

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Marietta Ren - Phallaina
Écrit par Fanny Ozda
Publié le 10 novembre 2020, mis à jour le 13 novembre 2020

Dans le cadre du festival Voilah! et du Singapore Writers Festival, Lepetitjournal.com a rencontré Marietta Ren, une auteur de bande dessinée française qui a reçu de nombreux prix pour Phallaina, un roman graphique animé envoûtant, disponible sous forme d’application sur tablettes et smartphones.

 

Lepetitjournal.com : Quand avez-vous commencé à faire de la BD ?

Marietta Ren : Je dessine depuis que je suis toute petite. Je pense n'avoir jamais vraiment arrêté.

L'une des raisons pour lesquelles j’ai commencé à beaucoup m'exprimer par ce média est la frustration ! Lorsque j'étais enfant, j'adorais les Petit Poney, ce jouet en plastique qui avait beaucoup de succès dans les années 80 et je voulais absolument en avoir un. Mais il fallait attendre Noël... Pour me faire patienter, ma mère me faisait un dessin. Elle n'en avait pas toujours le temps et cela me frustrait beaucoup. Alors plutôt que d'attendre, j'ai fini par prendre le crayon moi-même !

J’utilisais aussi des personnages de dessins animés préexistant (Sailor Moon, Ranma ½) et je m’en servais comme outil pour exprimer une émotion que je voulais transmettre et raconter des histoires.

Ensuite, vers l’adolescence où il a fallu réfléchir à une orientation professionnelle, je me suis dit « Bon, j’aime bien dessiner, j’aime bien les dessins animés donc pourquoi pas en faire mon métier. » 

Beaucoup de personnes confondent animation et bande dessinée. Ces deux domaines ont bien des passerelles et des points communs mais il y a de réelles différences. L'animation est une grosse industrie, on y travaille en équipe, on est un maillon de la chaîne... Bien que j'adore ce métier, je me suis rendu compte qu'il n’était pas vraiment adapté à mes besoins d’expression personnels. La bande dessinée est plus « artisanale », à une échelle plus petite, on peut être son propre scénariste, son propre dessinateur et finalement n’être en contact qu’avec l’éditeur. J’ai commencé par co-écrire « Je Suis Deux » avec Eugény Couture, qui est une sorte de nouvelle illustrée. Et puis j’ai eu envie de poursuivre.

 

Quelle est la genèse de Phallaina ?

En parallèle de mon travail dans l’animation, je me suis mise à écrire Phallaina. J’avais cette envie de dessiner sur une espèce de rouleau chinois avec une volonté de continuité, de choses qui ne s’arrêtent jamais et sans cases... Lorsque j’ai fait les premières recherches graphiques, le rouleau devait mesurer 9m maximum mais je me suis rapidement rendu compte en écrivant l’histoire que cela se rapprochait davantage d’un scénario de long métrage. Aujourd'hui, si on aligne tous les dessins de Phallaina, le rouleau ferait plutôt dans les 300 mètres de long ! Cela n'était clairement pas diffusable sur papier. J’ai donc réfléchi et je me suis dit « on est à l’ère du numérique, pourquoi ne pas utiliser ce moyen ? Internet permet une diffusion des images incroyable ! »

 

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Marietta Ren - Phallaina

 

Finalement, après avoir écrit tout le scénario et réalisé environ un tiers des dessins, j’ai contacté le producteur Pierre Cattan de Smallbang. Il a rapidement accepté le projet et a contacté France Télévisions, qui ont aussi décidé de nous suivre dans cette aventure. J’ai eu beaucoup de chance ! On a formé une équipe pluridisciplinaire, avec développeur, ingénieur du son, animateurs, etc. On leur a demandé de détourner leur savoir-faire provenant du métier de l'animation pour créer quelque chose de nouveau. C’était un travail assez expérimental, on ne savait pas trop à quoi le projet allait ressembler jusqu’à quelques mois avant la sortie !

 

Comment avez-vous vécu le confinement ? 

Le premier confinement, je l’ai bien vécu. Il est arrivé juste pendant mes vacances. Je n’ai pas beaucoup dessiné mais fait beaucoup de sport. Il est bon d’avoir des périodes de jachère pour la créativité. Globalement je n’ai aucune difficulté à être seule. Pour le second confinement, je continue d’aller sur mon lieu de travail : je passe la journée avec mon équipe avec toute la sécurité nécessaire pour éviter tout contact.

 

Quelle est votre relation avec l’Asie ? 

Mes parents sont originaires de Chine. J'ai visité le pays plusieurs fois et je suis aussi allée au Japon et à Hong Kong mais je ne connais pas encore Singapour.

Mes origines et mes voyages ont une importance dans ma création mais pas plus que d’autres éléments comme le fait de vivre à Paris, d’avoir grandi dans les années 80-90... Les artistes sont des éponges, tout ce qu’il y a autour nous inspire et c’est un ensemble de choses qui fait ce que l’on est. Certains dessinateurs sont très attachés à leurs racines, leurs origines et cela nourrit énormément leur imaginaire. Personnellement, je préfère me placer dans quelque chose d'un peu moins spécifique et plus universel.

En ce moment, je travaille avec les États-Unis et je constate certaines différences culturelles dans la création : elle se fait beaucoup en collectif ; là où, en France, la vision d'un seul auteur-réalisateur prévaut. Artistiquement, les influences sont aussi très différentes. C'est très intéressant, il y a des choses à apprendre des deux façons de faire.

 

Retrouvez Marietta Ren sur Instagram, Facebook et sur son site

Et téléchargez l’application gratuite Phallaina, une « bande défilée » poétique aux confluents de la BD et de l’animation.

 

 

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