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Made in China – Promo à Singapour avec Frédéric Chau et Steve Tran

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@Ambassade de France
Écrit par Catherine Zaccaria
Publié le 6 novembre 2019, mis à jour le 7 novembre 2019

Actuellement à l'affiche de la comédie Made in China à Singapour dans le cadre du French Film Festival, Frédéric Chau et Steve Tran ont accordé une interview à lepetitjournal.com. L’occasion pour les comédiens de revenir sur leurs parcours respectifs. 

 

Lepetitjournal.com : Frédéric, vous êtes né au Vietnam, comment êtes-vous arrivé en France ?

Frédéric : Mes parents sont des Chinois du Cambodge depuis 5 générations et avec la guerre qu’il y a eu et le génocide des Khmers rouges, mes parents ont fui le Cambodge et ont marché 2 mois jusqu’à Saigon et ils sont arrivés en France en 1978 après avoir régularisés leurs papiers. J’avais 6 mois.

 

Frédéric, Steve, quel a été votre parcours pour devenir comédien ?

Frédéric : C’est un pur hasard ! J’ai commencé des cours de théâtre à l’âge de 26 ans car je souffrais d’une timidité profonde qui m’handicapait au quotidien. Je n’ai jamais pensé qu’un jour j’en ferais mon métier. A l’issue de ce cours, j’ai eu envie de me tester à cette réalité professionnelle et j’ai écrémé les castings. J’ai fait le constat qu’il n’y avait rien pour des profils comme le mien. Un jour je suis tombé sur une annonce qui recherchait un asiatique pour faire du « stand up » et j’ai été pris. A cette occasion j’ai été repéré par Jamel Debbouze qui a lancé le Jamel Comedy Club. Puis j’ai eu un agent et c’est comme ça que ma carrière a débuté.

Steve : Ma carrière a commencé en 1999 par un rôle principal à la télévision dans le film « Rends-moi mon nom », j’avais 14 ans. Je suis issu d’une famille d’artistes. Mon papa était une légende du Théâtre Rénové Vietnamien. Lorsque mes parents ont dû quitter le Vietnam après la guerre, il a monté son association de Théâtre Rénové à Paris pour les réfugiés vietnamiens. Mon premier rôle au cinéma était dans un film avec Christian Clavier en 2002 où je n’avais qu’une scène !

Frederic Chau et Streve Tran French film festival
@Ambassade de France

 

Frédéric, vous dites que tout ce qui vous est arrivé de bien dans votre vie c’est grâce à vos origines asiatiques, pouvez-vous nous expliquer ? Steve, êtes-vous d’accord sur ce point ?

Frédéric : J’ai fait un rejet de mes origines pendant tellement longtemps car j’étais victime de moqueries liées à mes origines et je voulais tellement être accepté par les autres. Je ne pouvais pas cacher que j’étais diffèrent. Vers mes 30 ans, j’ai réalisé que ça m’avait aidé en fait. J’ai été steward chez Air France parce que j’étais asiatique et qu’ils pensaient que je parlais mandarin ! Ce n’était pas le cas mais personne ne pouvait vérifier que je ne parlais qu’un dialecte chinois ! Au Jamel Comedy Club j’ai été engagé parce que j’étais asiatique, également pour « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ». J’ai réalisé qu’il fallait que je me réconcilie avec cette identité, j’ai passé du temps avec mes parents, à écouter leur histoire, je suis allé en Chine, au Vietnam, au Cambodge et j’ai pu être en paix avec mes origines.

Steve : Avec du recul oui, je pense que si je n’avais pas été asiatique je ne serai pas là aujourd’hui. Je n’aurais pas eu mon premier rôle qui était celui d’un sans papier.

 

Frédéric, vous êtes le co-scénariste du film, ce thème vous tenait particulièrement à cœur ?

Moi je voulais écrire une comédie et c’était un sujet qui n’avait jamais été abordé. Un film qui traite de la communauté asiatique mais loin des clichés réducteurs et condescendants qu’on peut voir à chaque fois qu’il y a un asiatique dans une fiction. Connaissant parfaitement la culture asiatique maintenant, j’ai décidé de mettre en lumière cette communauté qui m’est chère, à travers mon parcours, mon histoire que je trouvais originale. Une personne qui a fait le rejet de ses origines pendant son enfance, son adolescence et même au début de sa vie d’adulte et qui se réconcilie avec plus tard dans sa vie.

 

Frédéric, le personnage de François vous ressemble-t-il complètement ? Est-ce la même chose pour vous, Steve, par rapport à Felix ?

Frédéric : Ce film, “Made in China” est tiré à 80% de ma vie. Il est assez autobiographique.

Steve : Pour ma part c’était un vrai rôle de composition pour Felix. Dans le film, Felix est très à l’aise avec ses origines mais ma vraie vie ressemble beaucoup plus à celle de Frédéric, comme la plupart des Asiatiques de France. Je me suis toujours ressenti rejeté malgré avoir grandi dans une des villes la plus peuplées d’Asiatiques.

 

Quel film vous a propulsé dans votre carrière de comédien ?

Frédéric : C’est le Jamel Comedy Club qui m’a mis en lumière, ça a été une très belle exposition pendant 4 ans. Le film « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu » a reboosté cette identification auprès du public et a facilité pas mal de choses.

Steve : En 2009 j’ai eu un rôle dans « Neuilly sa mère » qui m’a fait connaitre puis j’ai eu d’autres propositions et rencontres qui m’ont aidé à faire mon chemin.

interview french film festival frederic chau steve tran

 

Est-ce que vous aimez vous voir à l’écran ?

Frédéric : Non, non et ça explique pourquoi je n’ai pas réalisé le film. Outre que je ne me sentais pas les compétences, comme c’était un premier film, je ne voulais pas perdre de temps à faire des prises et les rejeter ! Dans la mesure où c’est très difficile pour moi de me voir, il fallait que je trouve un réalisateur.

Steve : Moi ça ne me gêne pas. Je ne me regarde pas, je regarde l’ensemble du film. Ça me rappelle les journées de tournage

 

Quels sont vos projets pour l’avenir ?

Frédéric : J’écris un autre film qui parle d’une famille asiatique et si vous me demandez pourquoi encore des asiatiques, je pense que plus les sujets sont personnels, plus ils sont universels et moi je parle de ce que je connais.

Steve : Changer le monde, à mon échelle. Quand on est artiste, on a un public, il faut être militant, faire des actions qui servent à quelque chose. En tant que comédien asiatique en France, c’est difficile, des rôles comme ceux de ce film il y en a un tous les 20 ans ! Il faut donc créer et ne pas attendre. J’écris donc mes projets et je fais du stand up. C’est une manière de de ne pas attendre un rôle et de pouvoir dire ce que j’ai vraiment envie de dire. J’ai aussi rejoint une série sur TF1 qui s’appelle « Les bracelets rouges ». J’incarne le premier chirurgien asiatique de France. Ils ne se sont pas foulés, je m‘appelle Dr Tran !!

 

Un dernier mot ?

Frédéric : Je tiens vraiment à remercier le French Film Festival car il permet aux Singapouriens d’avoir une curiosité du cinéma français, pas forcément élitiste ou d’auteur mais aussi un cinéma complétement ouvert à tout le monde, qui montre la France dans toute sa diversité, dans sa pluralité et dans les différentes thématiques que le cinéma propose.

 

French film festival
@Ambassade de France

 

Le French Film Festival, présenté par l'ambassade de France, c’est 27 films français projetés dans plusieurs salles (Alliance française, huit différents Community Clubs, Shaw Theatres Lido, The Projector) du 4 au 17 novembre 2019.

Toute la programmation sur ce lien

Made in China raconte l'histoire de François (Frédéric Chau) , jeune trentenaire d'origine asiatique, qui n'a pas remis les pieds dans sa famille depuis 10 ans après une violente dispute avec son père Meng. Depuis, il essaie toujours d'éviter les questions sur ses origines, jusqu'à mentir en faisant croire qu'il a été adopté. Mais lorsqu'il apprend qu'il va être père, il réalise qu'il va devoir renouer avec son passé et ses origines. Le retour dans sa communauté ne va pas être si simple...

A voir les 10 et 17 novembre à Shaw Theatres Lido

 

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