La langue chinoise (ou le Mandarin) est la langue la plus parlée au Monde, par plus de 1,5 milliards d’individus, mais aussi une des plus anciennes.
Pour simplifier, le chinois appartient à la famille des langues sino-tibétaines. Le chinois archaïque, celui parlé avant la dynastie Han (206 avant JC à 9 après JC) était plus proche du tibétain que des dialectes chinois modernes. Au fil des dynasties, le chinois évolue…
La langue chinoise n’est cependant pas une langue unique. Le chinois comporte huit dialectes principaux : mandarin (avec d’importantes variantes), gan, xiang, wu, cantonais, hakka, min du Sud et min du Nord.
L’histoire de cette langue peut être appréhendée, notamment par les francophones, à travers un ouvrage, le dictionnaire RICCI. Et, là, tout un pan d’érudition s’ouvre à nous !
7 tomes, 13 500 caractères ainsi que leur étymologie, 300 000 mots et expressions classés en 180 "branches du savoir" couvrant des sujets aussi divers que l'astronomie, la chimie, la biologie, la finance, le droit, la philosophie, l'art et la littérature
L’Ambassade de France a organisé une soirée un hommage à ce travail remarquable effectué pour la réalisation du plus grand dictionnaire bilingue chinois/français, le grand RICCI. Découvrir ce travail remarquable, réalisé sur plus de 50 ans par des hommes passionnés est l’occasion de plonger au cœur d’une des plus vieilles langues au monde, le chinois, et de parcourir ainsi une fascinante civilisation.
Les chiffres de ce dictionnaire, le Grand Ricci, paru en 2002, donnent le tournis : 7 tomes, 13 500 caractères ainsi que leur étymologie, 300 000 mots et expressions classés en 180 "branches du savoir" couvrant des sujets aussi divers que l'astronomie, la chimie, la biologie, la finance, le droit, la philosophie, l'art et la littérature.
C’est le plus grand dictionnaire bilingue entre le chinois et une langue occidentale, en l’occurrence le français. Embrassant l'ensemble du corpus de la langue chinoise depuis les os oraculaires des environs du XVe siècle av. J.-C. jusqu'à l'époque moderne, il est le grand ouvrage de référence du monde de la sinologie occidentale, pour tous les étudiants et les universités.
L’histoire de cette encyclopédie/dictionnaire rend hommage à la passion d’un homme, Matteo Ricci, missionnaire, homme de science et sinologue au début du XVIIème siècle. Envoyé dans le cadre de la mission jésuite depuis Macao, alors contrôlée par les Portugais, Ricci devint probablement l'un des premiers missionnaires européens à apprendre la langue chinoise à un niveau élevé et un des premiers catholiques à pénétrer en Chine. Outre ses activités religieuses, Ricci, homme de science, a produit une carte célèbre pour les Chinois, qui incorporait des noms chinois ainsi que des connaissances géographiques européennes jusqu'alors peu connues en Chine et a rédigé un dictionnaire portugais-chinois, découvert qu'en 1934 dans les archives des Jésuites. Il semble également avoir mis au point un système de représentation des caractères chinois dans l'alphabet latin, ce qui doit certainement être l'un des premiers efforts de ce genre.
Et c'est dans l'esprit de Matteo Ricci qu'en 2002, le grand Ricci, dictionnaire chinois-français (et non dans l’autre sens) est sorti à Paris. Réalisé par des jésuites installés à Taïwan, cela a été un travail de très longue haleine.
L’actuel ambassadeur de France à Singapour, M. Abensour, se souvient d’un stage dans sa jeunesse où il a étudié pendant des mois un seul signe. Patience et rigueur sont les maîtres mots de ce magnifique ouvrage. Et à la question de l’interprétation d’une langue par des hommes religieux, il nous répond que ce temps et cette érudition ne peuvent être que le travail d’hommes hors temps, passionnés et hautement éduqués.
A l’heure des logiciels de traductions instantanées et de l’immédiateté que nous permettent les technologies modernes, il est parfois nécessaire de se replonger dans la connaissance que certains hommes érudits ont portée jusqu’à nous.