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L’épopée asiatique d’Isabelle Allix

Isabelle Allix suzette SingapourIsabelle Allix suzette Singapour
Écrit par Laetitia Dubois Crochemore
Publié le 29 avril 2019, mis à jour le 3 mai 2019

 

De Troyes à Singapour en passant par Bangkok et Paris, Isabelle est une aventurière du textile et de la mode. Que ce soit à Bangkok où elle a commencé à connaître précisément les différents tissus ou à Paris où elle s’est formée dans la commercialisation du prêt à porter, Isabelle est devenue une consultante pour les marques textiles désirant s’implanter en Asie et elle a créé sa propre marque de sacs à main en 2016.

 

 

La découverte de l’Asie à Bangkok

 

Originaire de Troyes, dès son adolescence, Isabelle manifeste très vite un attrait pour ce qui est différent : elle veut abandonner le latin pour apprendre le russe ou le chinois. Sa maman lui trouve un professeur de chinois à Troyes : une Française qui avait fait un doctorat de chinois. A chacun de ses cours, pour Isabelle, c’est le voyage en Chine : la décoration, la cuisine et ses odeurs la transportent de Troyes à Pékin. 

Elle s’oriente vers des études de commerce : Prépa HEC et ensuite Sup de Co à Rouen. Bien qu’elle réussisse ses examens, un recruteur lui indique qu’elle a un profil pour des métiers créatifs. A la faculté, elle tombe sur une annonce qui indique que l’université de Bangkok recherche des professeurs. Elle saisit cette opportunité et part avec une amie. En 1987, la Thaïlande est un pays en pleine croissance. Le dépaysement est total : le climat, l’architecture, la cuisine, la langue... Elle découvre les « Khlong », qu’elle doit emprunter régulièrement car le campus est éloigné du centre. Par ailleurs, Isabelle est grande, loin des standards asiatiques et les expatriés sont très peu nombreux. Les trois premiers mois sont difficiles. Elle commence à enseigner le marketing en anglais à des étudiants à peine plus âgés qu’elle, à raison de 15 heures par semaine. Elle rencontre des professeurs venus comme elle d’autres pays : Myanmar, Laos… Le salaire n’est pas très élevé mais elle est logée sur le campus et la vie est beaucoup moins chère qu’en France. Le choc culturel est immense mais très intéressant. En classe, les étudiants sont très silencieux, très respectueux des professeurs. Au cours d’entretiens avec eux, elle se rend compte que le poids de l’autorité parentale est encore très important chez ces jeunes adultes. 

Après un temps d’adaptation à ce nouveau pays, Isabelle décide de compléter son activité professionnelle. Elle entre en contact avec la société Danone qui s’implante dans le pays. Elle devient responsable des études de marchés de la marque. Elle commence également à connaître le petit cercle des coopérants.

Deux ans après son arrivée, elle veut du changement et c’est là que le textile et la mode vont entrer dans sa vie.

 

Le textile

 

Comme le souligne Isabelle : « Je me suis rendue compte récemment que je venais d’une ville berceau du textile : Troyes. De nombreuses marques de prêt à porter sont originaires de la région, peut-être cela a-t-il influencé mon parcours ? ».

Le changement se fait en commençant par travailler pour une société représentante de marques de tissus italiens, français et plus généralement européens. Il y a un besoin à l’époque. En effet la fabrication textile s’est déplacée en Asie. Elle développe, à Bangkok, un bureau de représentation de ces marques pour toute l’Asie du Sud-Est. Elle devient une connaisseuse des tissus et de la dentelle sous leurs différentes formes et qualités.

Entre temps, Isabelle a rencontré son futur mari et celui-ci doit rentrer en France car son contrat d’expatriation se termine. Après cinq années en Thaïlande, c’est donc le retour à Paris.

Elle y trouve un nouvel emploi chez un grossiste dénommé « Sinéquanone », elle est chargée d’assister la directrice du développement. Elle découvre, alors, un tout autre milieu, celui du « Sentier ». Elle travaille et apprend énormément : « ce milieu t’apprend à devenir adaptable et multitâche » indique Isabelle. 

La direction veut ouvrir des magasins, il faut créer des collections. La directrice de développement a la formation et l’instinct du produit. Les ouvertures de magasins sont un succès.

Deux ans après avoir rejoint la marque Isabelle est devenue directrice commerciale pour la France et l’international. Elle a appris le métier.

Mais l’envie de repartir en Asie les taraude, elle et son mari, et 4 ans après leur retour ils décident de repartir. Ils ont pour cible Hong Kong et Singapour. Son mari, qui cherche en premier, trouve un poste chez Singapore Airlines. Ce sera donc Singapour. Elle rejoint son mari 6 mois plus tard. Elle crée un bureau de consulting pour les marques françaises qui désirent s’étendre en Asie. Sinéquanone fait appel à elle ainsi que d’autres marques. Néanmoins l’accessoire l’attire et l’avait déjà titillée.

 

La création de Suzette 

 

En effet, en parallèle à son activité de consulting qui la conduit à se déplacer dans toute l’Asie, elle développe à Hong Kong, une petite production d’accessoires avec une associée. Cette activité « test » est très positive et le désir d’Isabelle de créer une société dans le domaine de l’accessoire est imminente. Elle décide donc de se lancer (avec une associée dont elle a racheté les parts depuis) dans un marché de niche à Singapour : la maroquinerie de qualité à un prix abordable.

Devenue experte des tendances, elle a des modèles en tête et le matériau de confection qu’elle choisit est le python. Des accessoires dans ce type de peau sont très chers en Europe mais en Asie, le python est plus répandu. Certes, c’est un marché très réglementé et contrôlé mais Isabelle ne baisse pas les bras et elle se lance dans ce secteur orchestré par les quotas et les certifications internationales. Toutes les pièces sont produites avec les preuves que la société d’Isabelle ratifie la Convention de Genève sur les animaux et la Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora (CITES). Le python en question est le python reticularis bien présent en Indonésie. Cet animal est très important pour l’économie locale. Les pythons naissent dans des fermes d’élevage. A maturité, ils sont relâchés dans la nature. Ils peuvent ensuite être chassés quand ils ont atteint un âge de deux ans et demi. Cette chasse est une source de revenu pour la population des campagnes. Les ateliers de traitement des peaux et de confection se trouvent également en Indonésie. 

Pourquoi le nom de Suzette (suzetteaccessories) ? Isabelle a voulu rendre hommage à une de ses grand-mères expatriées aux Etats-Unis et dont le prénom était Suzanne. « Elle était toujours vêtue avec élégance et modernité. Je me souviens notamment d’une de ses tenues chic et extravagante de couleur vert pomme… » indique Isabelle. Couleur que l’on retrouve évidemment dans la collection de sacs Suzette…

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