Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

A Singapour, on ne plaisante pas avec la drogue

Avant d’atterrir à Singapour, on vous rappelle gentiment que le trafic de drogue y est passible de la peine de mort. Mais consommer de la drogue à l’étranger avant de venir à Singapour peut aussi vous attirer des ennuis.

A Singapour on ne plaisante pas avec la drogue.A Singapour on ne plaisante pas avec la drogue.
Tests de drogue à l’aéroport de Changi
Écrit par Jean-Michel Bardin
Publié le 15 août 2024, mis à jour le 15 août 2024

De la plateforme régionale de trafic d’opium…

Durant l’essentiel de la colonie britannique, Singapour était un paradis pour les producteurs, trafiquants et consommateurs d’opium. Cela a d’ailleurs été un des premiers cadeaux que Raffles fit au maitre malais de Singapour en échange de la mainmise des Britanniques sur l’ile. La consommation d’opium était à la fois une activité de standing pour la classe dirigeante et un moyen de garder sous contrôle la classe ouvrière aux conditions de vie lamentables. Cette drogue constituait alors près de la moitié du revenu de l’administration coloniale.

Au début du 20ème siècle, des études ne trouvent aucune raison de bannir la consommation de drogue, alors jugée moins nocive que l’alcool. La préparation de l’opium est légalisée et une usine de paquets d’opium est ouverte pour arroser l’ensemble de la région. Il faut attendre les années 1930 pour que la consommation de drogues par des personnes non autorisées pour des raisons médicales devienne illégale. Mais l’occupation japonaise va refaire monter la consommation d’opium en flèche.

 

Singapour a été longtemps une plateforme régionale de trafic de drogue.
Fumerie d’opium à Singapour en 1941 (@ National Archives of Singapore)

… à une des législations sur les drogues les plus sévères

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la législation sur les drogues se renforce : la possession d’opium et d’autres substances classifiées devint illégale et les délinquants devaient être soumis entre autres à des traitements obligatoires dans un centre créé à cet effet.

Mais c’est après l’indépendance de Singapour dans les années 1970 que la législation devient de plus en plus sévère avec le vote du Misuse of Drugs Act (MDA) et ses nombreux amendements successifs, visant à éliminer autant que possible la consommation et le trafic de drogues à Singapour.

Le principal trait de cette législation est la peine de mort pour les personnes trouvées en possession d’une certaine quantité de drogue (relativement modeste) dépendant du type de drogue concernée. De fait, bien que la peine capitale soit aussi applicable à d’autres types de crime, la grande majorité des exécutions est ici liée au trafic de drogue. Mais même en très petites quantités, la possession de drogue peut vous conduire en prison jusqu’à 10 ans ou plus.

Cette législation draconienne a plusieurs explications. Tout d’abord, ce n’est pas par hasard que Singapour était une devenue un centre de trafic de drogue : nœud de transport international dans une région qui produit des drogues ou qui en permet l’usage, il est tentant pour les trafiquants de faire de ce pays une plateforme d’échange. Ensuite, l’usage de la drogue conduit souvent à d’autres formes de délinquances : le durcissement de la loi dans les années 1970 a notamment conduit à une chute vertigineuse des vols à main armée ou des enlèvements. Enfin et surtout, l’usage de la drogue nuit à la santé, physique et mentale, et à la productivité.

Si les saisies de drogue sont en baisse et le taux de consommation bien inférieur à la plupart des pays développés, en 2023, l’équivalent de 15 millions de SGD en valeur de marché a été saisi et environ 3000 personnes ont été arrêtées pour consommation de drogue.

 

Des chiens renifleurs testent les bagages pour la drogue à l'aéroport de Changi.
Chiens renifleurs de drogue à Changi (@ Marcus Mark Ramos)

Pas de drogue avant de venir à Singapour

Il est important de noter que même la consommation de drogue hors de Singapour peut vous attirer des ennuis à votre arrivée dans la cité-État.

Vous pouvez en effet être soumis à un test à votre arrivée. Apres les tests urinaires ou salivaires, dont les résultats sont lents et limités, il existe maintenant un test capillaire, qui permet en 10 minutes de savoir que vous avez consommé de la drogue, même plusieurs mois auparavant.

Les Singapouriens ou résidents permanents testés positifs sont passibles des mêmes peines que s’ils avaient consommé de la drogue à Singapour. Pour les autres, ils peuvent se voir priver de leurs titres de séjour et déportés, comme l’a rappelé le Ministre de l’Intérieur singapourien lors d’une question au Parlement l’année dernière.

Même Joseph Schooling, le héros singapourien, médaillé d’or olympique aux jeux de Rio en a fait les frais : il a dû ainsi avouer avoir consommé du cannabis lors d’une compétition au Vietnam et s’est vu retiré certains privilèges dont il jouissait lors de son service militaire.

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions