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Le marché de l’emploi à Singapour en 2019

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@helloquence
Écrit par Laetitia Dubois Crochemore
Publié le 20 mai 2019, mis à jour le 21 mai 2019

Vous êtes en Europe ou dans une autre partie du globe, vous êtes déjà à Singapour et vous voulez trouver un emploi. Quelles sont les tendances du marché de l’emploi en ce printemps 2019 ? Existe-t-il des différences entre les marchés de l’emploi européen et singapourien ? Le visa de travail est-il facile à obtenir ? Le Petit Journal de Singapour s’est entretenu avec Maxime Vanderhaeghe, co-fondateur de CityTalent, cabinet de recrutement à Singapour pour répondre à ces différentes questions.

 

 

Lepetitjournal.com : Maxime, vous résidez à Singapour depuis à peu près de 15 ans. Vous êtes licencié en droit de l’université catholique de Louvain en Belgique et LL.M en droit des affaires à Singapour. Ancien banquier chez Credit Suisse, vous êtes devenu professionnel du recrutement depuis plus de 8 ans. Quelle est la tendance actuelle du marché de l’emploi à Singapour ?

Maxime Vanderhaeghe : Le marché de l’emploi à Singapour pour 2019 sera sans doute stable. Le taux de chômage de la Cité-Etat ne change pas beaucoup et tourne autour des 2% depuis plusieurs années. Il y a, toutefois, de nouvelles tendances car le marché fait face à de grandes mutations. Les emplois liés à l’industrie dite « digitale », à titre d’exemple, ont le vent en poupe : la « cyber security », le « big data » et le commerce en ligne sont des secteurs très actifs où l’on recrute beaucoup. Dans le secteur financier, au vu de la complexité des règles transfrontalières et des exigences gouvernementales, les professionnels de la « compliance » restent des profils recherchés. Enfin, suite à l’augmentation du prix du pétrole, les ingénieurs spécialistes du « Oil & Gas » sont également recherchés.

 

Est-il facile d’obtenir un Employment Pass (EP) aujourd’hui ?

L’obtention d’un permis de travail à Singapour est devenue plus compliquée qu’il y a une dizaine d’années. Les conditions sont plus strictes et touchent surtout les jeunes expatriés ou les candidats ayant un faible niveau de rémunération. Etre retenu pour un poste ne garantit plus du tout l’obtention de l’EP au grand dam du demandeur d’emploi mais aussi de l’employeur qui se trouve parfois dans l’impasse. Remplir les conditions minimales exigées du Ministère du travail (diplôme d’une bonne université ou grande école, un niveau salarial mensuel supérieur à SGD 3600 et être qualifié pour le job), ne suffit parfois pas car s’ajoutent aux conditions également des règles de quotas. C’est ce qui explique que depuis quelques temps, certains employeurs ne veulent plus engager que des citoyens ou des résidents permanents (PR). Les cadres ayant un niveau de rémunération plus conséquent ne devraient pas s’inquiéter. La « Letter of Consent » pour le conjoint du détenteur du permis de travail reste également une option. Le site officiel du ministère du travail (Ministry Of Manpower, MOM) est bien fait et explique clairement la marche à suivre.

 

Quelles sont les différences entre l’Europe et Singapour ?

Le marché de l’emploi à Singapour se porte bien évidemment, mieux qu’en Europe. Le vieux continent affiche un taux de chômage plus élevé dans l’ensemble (pratiquement trois fois plus important si on prend la moyenne de l’UE). En France, à titre d’exemple, les contrats de travail à durée indéterminée sont encore loin de retrouver le niveau d’avant crise. Une autre différence majeure est bien évidemment le niveau des impôts sur le revenu des personnes physiques en France et en Belgique qui reste considérablement supérieur ! Taux de chômage plus élevé, impôts importants et un malaise social (mouvement des gilets jaunes, Brexit…) poussent dès lors à une certaine forme d’exode et Singapour est bien sûr une destination agréable à ce titre. Toutefois, comme je l’ai souligné avant, il n’est pas évident d’obtenir un permis de travail et même si le niveau d’impôt est beaucoup plus faible, Singapour reste souvent dans le tiercé des pays les plus chers du monde.

 

Qu’en est-il de la protection sociale ?

 

Il s’agit d’un sujet complexe car la protection sociale dépend fortement du statut. Les résidents permanents (PR) bénéficient d’un système de capitalisation individuelle obligatoire que l’on appelle CPF (Central Provident Fund) et qui génère des intérêts. Le salarié bénéficie d’une protection très différente s’il est envoyé par un employeur français ou s’il est recruté directement par une société étrangère sous contrat local. La première catégorie bénéficie généralement des mêmes conditions que son compatriote resté au pays. Par contre, il est cardinal de bien lire son contrat de travail dans le cas du contrat purement local car seul ce contrat régira les conditions d’expatriation. En cas de doute, mieux vaut consulter un juriste spécialisé en droit du travail pour éviter les mauvaises surprises. L’expatrié sans emploi qui n’a pas de statut de résident permanent doit se préoccuper lui-même de sa protection sociale. Il est, dans ce cas, également fondamental de consulter un courtier qui analysera votre situation pour vous aider à souscrire à l’assurance la plus adaptée à vos besoins.

 

Comment y arriver ?

Il existe plusieurs voies pour trouver un emploi à Singapour. Le plus simple est bien sûr un transfert en interne. C’est le cas du contrat d’expatriation classique. Il offre l’avantage de procurer un soutien financier important de l’employeur : le vol, le déménagement, le logement et l’école des enfants sont souvent à charge de celui-ci (rappelons que le loyer ainsi que les écoles internationales sont très chers ici). Mais rien n’est parfait car l’inconvénient du contrat d’expatriation est qu’il est souvent de durée déterminée et lorsque l’on passe par la suite sous contrat purement local, on tombe parfois de très haut et le pouvoir d’achat diminue drastiquement !

Les autres options sont classiques : chercher en ligne, consulter des cabinets de chasseurs de tête spécialisés dans son secteur d’activité et aussi activer le réseau expatrié en tant que tel (à ne surtout pas sous-estimer). Les expatriés ont tendance à s’entraider, alors voyez un maximum de gens ! Les chambres de commerce et les réseaux sociaux offrent généralement de bons conseils. Il faut saisir les opportunités qui s’offrent à vous mais il est encore plus important de les provoquer. 

 

Maxime Vanderhaegue
Maxime Vanderhaeghe, CityTalent

 

 

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