Une belle opportunité pour (re)-découvrir la riche histoire de cette blouse emblématique du Sud-Est asiatique, appréciée de tous pour sa mise en valeur de la silhouette de la femme.
La kebaya a été nommée par Singapour, la Malaisie, l’Indonésie, le Brunei et la Thaïlande pour rejoindre la liste du patrimoine immatériel de l'Unesco en mars 2023.
Qu’est-ce que la Kebaya ?
La kebaya est généralement composée d’un corsage ajusté qui est fixé à l'arrière avec des boutons ou des crochets, et une jupe fluide et ajustée qui est drapée sur les hanches.
La chemise est souvent transparente et peut être portée sur un caraco à motifs batik ou uni. Elle est généralement fabriquée avec des matériaux légers et fluides. Ses manches sont le plus souvent longues et évasées. Son décolleté est élevé et orné de dentelle, broderies, ou d'autres éléments décoratifs.
Une longue histoire remontant au VIIe siècle
La kebaya a une longue histoire dans la culture du Sud-Est asiatique, avec des racines remontant au VIIe siècle.
Certains spécialistes pensent que la kebaya serait inspirée de vêtements du Moyen-Orient. La “kaba”, une veste d'origine turque, tire son nom du mot persan désignant une "robe d'honneur". Les Portugais ont noté dès leur arrivée à Java en 1512 que de nombreuses femmes importantes de la société javanaise portaient une "cabaya", mot portugais signifiant "tunique".
Au fil du temps, la kebaya est devenu synonyme du chemisier pour femme associé à un sarong en batik.
Jolie et pratique, la kebaya est adaptée aux climats tropicaux. Ce style est devenu populaire auprès des femmes néerlandaises à l'époque des Indes orientales néerlandaises. Une version plus humble a également été adoptée par celles qui cherchaient à s'habiller plus modestement.
La kebaya est depuis devenue un symbole du vêtement traditionnel de la région et est souvent portée pour pour des occasions spéciales telles que des mariages et des événements culturels.
La Kebaya aujourd’hui
La kebaya a été adaptée pour correspondre aux styles et aux goûts contemporains. Il existe de nombreuses variations de la kebaya traditionnelle, allant de versions plus courtes et ajustées à des versions plus décontractées et quotidiennes.
Par exemple, les femmes de Java portent une version blanche bordée de dentelle européenne. Les balinaises ferment leur kebaya à l'aide d'une ceinture colorée. Dans les îles Riau en Indonésie, l'ourlet de la kebaya tombe jusqu'au genou. Au Brunei, la kebaya est plus droite, en tissu songket tissé avec du fil d'or. Dans les villes de Malacca, de Penang et de Singapour les chemisiers s’ornent de broderies de phénix et de pivoines, clin d'œil à l’héritage chinois des Peranakans.
Les hôtesses des compagnies aériennes Garuda Indonesia, Malaysia Airlines et Singapore Airlines la portent comme uniforme. Singapore Airlines a même invité le couturier français Pierre Balmain à créer son sarong kebaya sur mesure en 1974.
Malgré ces changements et variations, la kebaya reste un lien populaire et emblématique de la mode du Sud-Est asiatique. Elle est largement portée et appréciée pour sa beauté, son élégance et sa signification culturelle.
Sources
- Fashion History: A Global View, de Linda Welters et Abby Lillethun
- The Nyonya Kebaya: a Century of Straits Chinese Costume de Datin Seri Endon Mahmood
- Sarong Kebaya: Peranakan Fashion in an Interconnected World 1500-1950 de Peter Lee
Merci à Jackie Yoong, senior curator for fashion and textiles at the Asian Civilisations Museum, pour ses généreuses explications et sa liste de lecture extensive.