Édition internationale

Expositions de la photographe Melisa Teo à Singapour, voir au-delà de la surface

Lors du festival vOilah! France Singapour 2025, la photographe Melisa Teo présente deux expositions : Deux Fleuves (à voir sur le Anderson Bridge du 23 Avril au 31 Mai, puis VivoCity du 4 Juin au 4 Juillet) et Les Arbres de Paris (au Fullerton Hotel du 23 Avril au 31 Mai), qui reflètent une vie façonnée par sa double culture et une profonde connexion spirituelle à son art. À travers ces expositions, elle explore les relations complexes qui nous lient à la nature, aux villes que nous habitons et les uns aux autres.

singapour exposingapour expo
Écrit par Alexandre Apéry
Publié le 13 mai 2025, mis à jour le 16 mai 2025

Deux Fleuves et Les Arbres de Paris : une connexion profonde

Dans Deux Fleuves, Melisa Teo capture la beauté de la rivière Singapour et de la Seine pour explorer le flux de l’expérience humaine. La rivière Singapour porte ses souvenirs, tandis que la Seine incarne ses rêves. « J'ai laissé l'une derrière moi à la recherche de moi-même, mais j'ai découvert que tous nos destins sont entrelacés », explique-t-elle. À travers son objectif, Teo cherche à révéler la toile complexe de la connexion humaine qui nous lie tous, à l’image des rivières qui se rejoignent en mer. Dans Les Arbres de Paris, Teo réfléchit à la résilience de la nature urbaine de la ville. Malgré l'environnement souvent difficile de Paris, les arbres—platanes, tilleuls et sophoras—continuent de prospérer, se dressant fièrement au milieu de l'agitation. « Les arbres », note-t-elle, « sont plus que de simples éléments décoratifs ; ce sont des ancres spirituelles qui perdurent, s'adaptent et s'élèvent vers la lumière. » À travers ces photographies, Teo nous invite à voir les arbres comme des témoins silencieux de la vie urbaine, révélant comment la nature peut prospérer même dans les environnements les plus hostiles.

 

Pont au Change, Paris, 2023. © Melisa Teo
Pont au Change, Paris, 2023. © Melisa Teo

 

Le Indian Heritage Centre de Singapour fête ses 10 ans

 

La photographie comme outil de réflexion

Le processus créatif de Teo est profondément ancré dans la pleine conscience et l'introspection, mettant l'accent sur la photographie comme une pratique d'attention et de présence. Son travail est un appel à ralentir et à remarquer le monde qui nous entoure dans toute sa complexité et sa beauté. À travers son concours de photographie pour enfants (Concours de jeunes artistes "My Two Rivers" à VivoCity : du 4 au 24 Juin), Teo continue d'encourager les autres à regarder au-delà des impressions superficielles, les aidant à voir les vérités cachées sous la surface. « La lumière et la couleur représentent la vérité absolue », explique-t-elle, « mais nous les déformons à travers nos propres filtres. » Pour Teo, il ne s'agit pas seulement de capturer la beauté, mais de révéler ce qui est souvent invisible—les couches profondes de la connexion humaine et les vérités que nous négligeons souvent.

 

Le Bourgeois Gentilhomme 2.0 ou Molière à l’âge des réseaux sociaux

 

En ce qui concerne les détails personnels qui façonnent sa vie et son travail, Teo mentionne certains des plaisirs simples qui lui apportent de la joie. « Les crêpes salées sont l'un des meilleurs plaisirs que j'ai lorsque je suis dehors pendant une séance photo par temps froid », partage-t-elle. « Et j'adore aller au Square des Batignolles, où j'allais souvent après un Devoir sur Tables à la Sorbonne. Les arbres là-bas sont magnifiques, et l'atmosphère est si sereine. »

 

Marina Bay, Singapore, 2022. © Melisa Teo
Marina Bay, Singapore, 2022. © Melisa Teo

 

Paris, un voyage de transformation et d'apprentissage

Depuis son installation à Paris en 2017, Teo a adopté le rythme de la ville et sa richesse littéraire. Apprendre le français a été un défi, mais elle a été motivée par son amour de la littérature, s'immergeant dans les œuvres d'auteurs français tels que Hugo, Proust et Gary. « Apprendre le français était difficile, mais j'étais guidée par la beauté de la langue, surtout dans la littérature », dit-elle. S'adapter au rythme plus lent de la vie en France, où les réponses sont moins immédiates et les week-ends sont sacrés, a été un autre ajustement. « À Singapour, les gens sont toujours connectés », réfléchit Teo. « En France, ils se déconnectent, ce qui au début était frustrant mais est finalement devenu quelque chose que j'apprécie. » Le soutien de son défunt mari, le photographe renommé Abbas, a été déterminant dans sa poursuite de la photographie plutôt que des 5C—Cash, Carte de Crédit, Voiture, Condominium, Country Club—souvent recherchés à Singapour. « Il a été un pilier de soutien—toujours là avec des conseils et de l'aide. Il m'a appris tout ce que je sais sur la photographie », dit-elle, notant que c'est pendant sa période de deuil qu'elle a trouvé la paix et le réconfort parmi les arbres de Paris.

 

Parc des Buttes-Chaumont, 2018. © Melisa Teo
Parc des Buttes-Chaumont, 2018. © Melisa Teo

 

UTOPIAN DRAMA : un voyage à travers l'art et le surréalisme

 

À venir, le Bhoutan et une exploration spirituelle pour Melisa Teo

Le prochain projet de Teo, une série photographique centrée sur le Bhoutan, poursuivra son voyage spirituel à travers la photographie. « Abbas était connu pour photographier les zones de guerre, mais une partie importante de son travail se concentrait également sur les leaders spirituels », partage-t-elle. Pour Teo, la dimension spirituelle de son travail est un fil conducteur. Son projet au Bhoutan explorera davantage les thèmes de la nature, de la spiritualité et de la connexion humaine, offrant un regard plus profond sur la sagesse silencieuse du monde naturel. « À travers la photographie, nous pouvons aider les gens à voir au-delà de la surface et à découvrir les vérités profondes qui sont cachées », conclut-elle, réfléchissant au pouvoir spirituel et transformateur de son art.

Commentaires