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Eunice Olsen - Une Singapourienne médiatique engagée

Eunice Olsen, SingapourEunice Olsen, Singapour
Écrit par Laetitia Dubois Crochemore
Publié le 26 novembre 2018, mis à jour le 27 novembre 2018

Finaliste du concours Miss Univers, membre du parlement, musicienne, présentatrice TV, actrice, activiste, business woman et auteur, Eunice Olsen est l’incarnation de la femme mettant à profit sa notoriété pour promouvoir le bénévolat et les causes humanitaires. Elle défend particulièrement l’intérêt des femmes à travers son émission WomenTalk TV et son livre paru cet été 2018 : I’m a woman, see what I can be.

 

Pouvez-vous nous décrire rapidement votre parcours ?

Eunice Olsen : Singapourienne, issue de la classe moyenne, avec de lointaines origines suédoises et portugaises du côté de mon père, j’ai commencé à étudier le piano à l’âge de 3 ans. J’ai fait ma scolarité à l’école locale et étudié les sciences politiques et la philosophie à la National University of Singapore (NUS).

 

En 2000, alors que j’étais encore étudiante, je me suis inscrite à un concours de beauté. Celui-ci m’a menée à Chypre pour l’élection de Miss Univers afin d’y représenter Singapour. Cette compétition a changé ma vie. J’ai connu la médiatisation mondiale et surtout la célébrité dans mon pays. Décidée à faire bon usage de mon titre, j’ai contacté le centre national du bénévolat et de la philanthropie. J’ai alors commencé une carrière de présentatrice TV (co-animation de la roue de la fortune, Front, The Duke, etc.), d’actrice, (téléfilms et films), de musicienne (sortie d’un album en Corée, participation à l’écriture d’une chanson dédiée aux Jeux olympiques de la jeunesse à Singapour en 2010, etc.) tout en m’investissant dans des actions bénévoles et en soutenant de nombreuses causes humanitaires. De 2005 à 2009, je suis devenue membre nommé du Parlement.

 

J’ai créé, en 2012, ma propre société de médias. Celle-ci produit WomenTalk TV depuis 2013 qui retrace une série d’entretiens réalisés auprès de femmes étonnantes et remarquables. Enfin, j’ai écrit un livre : I’m a girl, See what I can be.

 

Comment avez-vous été amenée à devenir membre du Parlement ? Que vous a permis l’accès à cette fonction ?

Eunice Olsen : Le Parlement est l'assemblée parlementaire unicamérale de la République de Singapour formant, avec le président, le corps législatif. Le Parlement est constitué de députés élus (Members of Parliament ou MPs), de députés sans circonscription (Non-constituency Members of Parliament ou NCMPs) et de députés nommés (Nominated Members of Parliament ou NMPs). Ces députés sont choisis par les citoyens, invités par un comité de sélection du parlement, à proposer les noms de personnes susceptibles de remplir cette fonction. Les candidats doivent avoir rendu service à la nation et/ou avoir été distingués dans un ou plusieurs domaines des arts, des sciences, des affaires, de l'industrie, du social et du service communautaire. Les NMPs sont désignés pour une durée de deux ans et demi. La constitution a été modifiée en 1990 pour fournir jusqu'à neuf députés nommés afin de créer une divergence de points de vue de singapouriens présentant un domaine d'expertise mais n'ayant pas les moyens de se présenter aux élections. Les NCMPs et NMPs peuvent participer aux débats parlementaires mais ne peuvent, en aucun cas, participer aux votes de propositions ayant un lien avec la constitution ou avec les lois budgétaires.

 

En 2005, ayant été remarquée pour mes diverses actions bénévoles et philanthropiques (soutien aux jeunes de Toa Payoh Girl’s home et à Andrew & Grace home, collaboration avec la Croix-Rouge pour de nombreuses opérations, etc.), il m’a été proposé de devenir membre du Parlement. J’ai accepté pour deux mandats. Je suis devenue, à 27 ans, la plus jeune membre du Parlement de Singapour. L’accès à cette fonction m’a permis de projeter un éclairage plus fort sur mes engagements et de proposer des améliorations dans certains domaines, tels que l’accès aux transports publics pour les personnes handicapées, la protection sociale, l’éducation sexuelle, le sous-titrage de programmes d’informations télévisés pour les personnes malentendantes ou l’adoption de mesures plus énergiques pour résoudre les problèmes sociaux du jeu, notamment en fixant une limite de perte pour les clients de casinos et en obligeant les exploitants à donner des conseils en matière de jeu responsable.

 

Eunice Olsen

 

D’où vient votre motivation pour le bénévolat et votre engagement dans les causes humanitaires ?

Eunice Olsen : Après le concours de beauté, j’ai réalisé que j’avais eu la chance d’avoir des parents encourageants et soucieux de mon épanouissement personnel et professionnel. J’ai eu envie d’aider les jeunes qui n’avaient pas eu cette chance. Je suis passionnée par ma communauté. M’investir dans le bénévolat renforce mon sentiment d’appartenance à mon pays. Je suis fière d’être Singapourienne. Je me sens plus forte en m’investissant dans ces différents projets philanthropiques, j’aime être une personne qui contribue au changement. Venir en aide à une personne provoque chez-moi un sentiment profond. La reconnaissance et le bien-être que je retire en m’impliquant dans ces différentes causes sont plus importants et plus gratifiants pour moi que l’obtention d’un diplôme universitaire.

 

Votre société de médias produit l’émission Womentalk TV, en quoi consiste-t-elle ?

Eunice Olsen : Il s’agit d’une série d’entretiens avec des femmes, non connues du public pour la plupart, qui ont accompli des actions extraordinaires. Elles sont entrepreneuses, entrepreneuses sociales, musiciennes, artistes, mères, femmes handicapées, femmes ayant connu la violence, etc. Ce petit programme vise à les mettre en lumière en leur donnant l’opportunité de raconter leurs histoires et leurs batailles. Parmi ces femmes, il y a le témoignage de See Too Hoi Siang Joanna, une artiste d’opéra chinoise qui a consacré sa vie à maintenir en vie cet art traditionnel, celui de Sangduen Lek Chailert, connue sous le nom de la « mère d’éléphants » qui a consacré sa vie à la cause des éléphants dans le nord de la Thaïlande ou encore celui de Lily Goh, une entrepreneuse sociale qui a fondé ExtraOrdinary Horizons, une entreprise sociale, basée à Singapour, qui défend les intérêts de la communauté des sourds. WomenTalk TV a été nommé aux Emmy Awards en 2014.

 

Avez-vous une opinion sur la mouvance #metoo ?

Eunice Olsen : C’est un mouvement qui encourage les femmes à parler, à s’encourager entre elles et à partager leurs expériences. Le concept n’est pas nouveau mais l’exposition est puissante. Il donne de la force aux femmes.

 

Quelle est votre opinion sur les concours de beauté ?

Eunice Olsen : Je pense qu’il n’y a pas à juger les femmes qui participent à ces concours. Chaque femme a le droit de faire ce qu’elle souhaite de son corps, de son image, de sa vie. Chaque femme a le droit de choisir sa voie comme elle l’entend. La participation à de tels concours est bien souvent un moyen d’accéder plus vite à un objectif qu’elles se sont fixées. Cela peut être un moyen de démarrer une carrière dans différents domaines : mannequin, femme politique, présentatrice TV, etc. Pour ma part, je voulais faire quelque chose de ce titre Miss Singapour Univers, je l’ai mis à profit en aidant les autres et en démarrant la carrière que je vous ai présentée.

 

À qui s’adresse votre livre « I’m a girl, see what I can be » publié l’été dernier ?

Eunice Olsen : Le livre s’adresse en premier aux jeunes filles de 6 à 13 ans. Cependant toutes les femmes l’apprécient et les hommes et jeunes garçons peuvent y trouver de nombreux exemples pour améliorer chaque jour l’égalité des sexes. C’est un recueil de poèmes que j’ai écrit en m’inspirant des différentes interviews que j’ai réalisées pour WomenTalk TV. J’ai choisi la rime car je suis musicienne et parce que la poésie permet de rendre un message plus facilement mémorisable et accessible. À travers cette série de textes, j'espère encourager les jeunes filles du monde entier. Il est important qu’elles sachent ce qu'elles peuvent être et ce qu'elles veulent être. Je veux leur faire comprendre qu’il ne faut jamais abandonner. Je veux qu’elles se nourrissent des modèles fournis par ces femmes dont les histoires nous donnent force et espoir. Un QR code associé à chaque portrait de femme permet d’accéder à sa vidéo. Le livre est illustré de dessins de différents artistes aux capacités différentes.

 

Vous êtes actrice, animatrice, ambassadrice de marques, ex-membre du parlement, activiste, auteur et business woman, quel rôle préférez-vous ? Y en a-t-il un autre que vous voulez jouer ?

Eunice Olsen : J’ai énormément de chance de pouvoir exercer ces différents rôles. Ils ont tous un sens pour moi, et se sont enchaînés naturellement. Ils ont construit ma personnalité d’aujourd’hui. Mes parents m’ayant toujours encouragée, je me suis lancée avec confiance dans ces diverses aventures. Je n’ai pas de préférence particulière pour l’un d’eux. Aujourd’hui, je voudrais me consacrer davantage à ma société de médias et la faire grandir. Je voudrais par ailleurs, publier un deuxième livre.

 

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