A quelques jours du sommet historique entre le président américain et le dictateur nord-coréen, il s’est tenu comme chaque année le sommet de la Défense, le Shangri-la Dialogue, à Singapour. La France, par l’intermédiaire de sa ministre des Armées, Madame Florence Parly, a détaillé ses positions et rôles dans la région indopacifique. Le retour inquiétant des logiques de compétition et de puissance entre les différents pays ainsi que le non-respect des lois internationales, maritimes notamment, s’ajoutent au contexte de lutte contre le terrorisme.
La ministre des Armées dans son discours au Shangri-La rappelle que « la France dispose de 9 millions de kilomètres carrés de zone économique exclusive dans la zone indopacifique; 1,5 million de citoyens dans nos 5 territoires d'outre-mer, 200 000 expatriés, différents ensembles de forces militaires permanentes et d'intérêts économiques vitaux dans la région ». Pour la France, cette large zone est donc économiquement importante et politiquement primordiale.
Sur le sujet qui préoccupe le monde entier ces jours-ci, la France pèse du fait de son rôle dans le Conseil de sécurité de l’ONU. En effet, à quelques jours de la rencontre historique entre Trump et Kim, la France réaffirme ses engagements sur l’application pleine et effective des mesures restrictives mises en place contre le régime pour le contraindre à cesser ses programmes proliférant. Pour l’instant, l’équilibriste Trump et le dictateur Nord-Coréen semblent se passer des autres pays, excepté la Corée du Sud qui a décidé de briser ce duo improbable. Outre le chaud et le froid qui semblent alternativement souffler sur cet enjeu de dénucléarisation, la France reste vigilante ; elle ne peut faire mieux.
Il faut être très clair que le fait accompli n'est pas un fait accepté
F. Parly, 3 juin 2018, Singapour
En mer de Chine, la France pour un respect strict des règles
La France soutient pleinement un code de conduite en mer de Chine méridionale qui devrait être juridiquement contraignant, complet, efficace et conforme au droit international et appelle à l’application stricte de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Comme l’a rappelé la ministre le 3 juin à Singapour : « Nous croyons que les négociations sont la voie à suivre. En attendant, il faut être très clair que le "fait accompli" n'est pas un "fait accepté" ». Et de réaffirmer la coopération européenne sur cet enjeu : « J'ai mentionné les hélicoptères et les navires britanniques qui se joignent à notre groupe opérationnel lorsqu'il navigue dans la mer de Chine méridionale. Pas moins de 5 navires français ont navigué dans cette région en 2017. Les Européens ont commencé à se mobiliser plus largement en faveur de cet objectif. Des observateurs allemands ont également embarqué à bord de nos navires. Je pense que nous devrions élargir encore davantage cet effort ».
Il est à rappeler que la Chine ainsi que Brunei, Taiwan, la Malaisie, le Vietnam et les Philippines revendiquent diverses parties du territoire des îles Spratly - l'une des chaînes d'îles dans la mer de Chine méridionale.
La France s’est également engagée sur la lutte contre le réchauffement climatique
Autre enjeu de cette vaste région, comme l’explique un document du Ministère de la défense, " les sècheresses, les crues et la montée des eaux, l’érosion des coraux, [qui] ne sont pas que des évènements naturels. Ce sont aussi des événements militaires. Ils redessinent les cartes, créent des tensions, déplacent des populations". La France a œuvré à la conclusion de l’Accord de Paris en 2016. Dans le domaine de la défense, elle a organisé en amont de la COP21 la première conférence internationale « Climat et défense: quels enjeux ? ».
Les moyens pour agir : la coopération militaire multilatérale.
Dans tous ces domaines, ainsi que pour la lutte contre le terrorisme et la lutte contre la surpêche, des programmes menés par les militaires français en coopération avec d’autres pays ont vu le jour. Comme celui de la cartographie des risques environnementaux. Dans le cadre de coopérations entre la France et l’Australie, une structure dédiée a été mise en place afin d’évaluer conjointement le niveau de risque en océan Indien et dans l’océan Austral – cyclones, ressources halieutiques, pandémies, migrations, élévation du niveau des mers…
En ce moment, la « jeanne d’Arc » actuellement dans le port de Singapour, est emblématique de cette coopération militaire que la France souhaite renforcer. Cette force opérationnelle est un déploiement à long terme d'un groupement tactique amphibie, construit autour du quai d'atterrissage de l'hélicoptère Mistral et de la frégate Surcouf. Ce déploiement opérationnel, qui a débuté le 26 février 2018, est une formation pratique en conditions réelles pour 133 aspirants français et étrangers diplômés de l'Académie navale française, ainsi que des élèves-officiers des branches de l'approvisionnement, de la médecine et des affaires maritimes civiles. Cette année, la force opérationnelle "Jeanne d'Arc" 2018 comprend également un détachement d'une trentaine de marins de la Royal Navy qui embarquent pour la durée de la mission avec deux hélicoptères Wildcat et intégre également un détachement de marines américains, ainsi que des détachements héliportés espagnols.
Source : ambassade de France /Ministère de la défense