Ce vendredi 23 mars 2018, l’heure était à la célébration dans l’immense Lycée Français de Singapour (LFS) qui fête ses 50 ans. En bleu, blanc ou rouge, les élèves de la maternelle au Lycée, devant une poignée d’officiels chantaient en français et en anglais, dansaient en chinois, participaient à des compétitions sportives. Le Lycée respirait la joie et l’épanouissement des élèves dans un multiculturalisme revendiqué.
Christophe Bouchard, directeur de l’AEFE (Agence pour l'enseignement français à l'étranger), a naturellement rendu hommage à ce lycée, en soulignant l’excellence de son enseignement, la réussite de ses élèves, tout en l’inscrivant dans un réseau mondial de 500 lycées à travers le monde et d’une ambition réaffirmée de la France. Retour avec M. Christophe Bouchard sur l’avenir de cette « exception » française.
Lepetitjournal.com/Singapour : Dans votre discours, vous êtes revenu sur les mots du Président Macron prononcés lors de la journée de la Francophonie sur l'importance du rôle des Lycées français à l'étranger. Cependant, derrière les ambitions affichées, la réalité n’est-elle pas différente ? Baisse de budget en continu, difficulté de recrutements... L'inquiétude des parents est forte (la pétition du collectif Avenir des Lycées Français du Monde a recueilli des milliers de signatures). Comment les rassurer ?
Christophe Bouchard : Tout d’abord, je voulais vous réaffirmer ma joie d’être ici à Singapour dans un des plus beaux lycées de la zone Asie pour fêter ce Jubilé avec les équipes et les élèves ; ce lycée s’inscrit parfaitement dans le dynamisme de ce réseau, réaffirmé très récemment par le Chef de l’Etat.
En effet, les récentes déclarations du Président montrent l’importance que la France et son gouvernement accordent à ce réseau, d’un peu moins de 500 établissements homologués, qualifié de « colonne vertébrale de la France » à travers le monde. Le Chef de l’Etat souhaite lui donner un nouvel élan en doublant d’ici 2025 les élèves accueillis dans ces lycées. C’est clairement notre feuille de route pour les prochaines années…
Une feuille de route plus ambitieuse avec cependant moins de budget …
Sur le budget, le Président a indiqué qu’il serait maintenu après la baisse d’environ 30 millions d’euros de l’été 2017. La subvention de l’Etat à l’AEFE est stabilisée en 2018-2019. Le Président a d’ailleurs demandé au ministre des Affaires étrangères, M. Le Drian, de lui faire de propositions d’ici cet été pour répondre à cet ambitieux programme. Ensemble, nous sommes en train de travailler aux moyens de répondre à ce formidable élan. Nous devons consolider les fondements de cet enseignement tout en réussissant à accueillir plus d’élèves français et étrangers.
Je comprends les inquiétudes des parents, il faut rester modéré sur les frais de scolarité. Il est nécessaire de faire évoluer le modèle économique pour pouvoir permettre l’extension des écoles sans que cela soit un poids trop important pour les parents et prendre en compte les contraintes financières de l’Etat. C’est cette équation que nous devons résoudre. En tous cas, l’objectif est clair : il faut non seulement maintenir le système actuel, la place des enseignants titulaires de l’Education Nationale, mais aussi développer la formation des enseignants recrutés localement .
La formation des enseignants locaux serait une des réponses au problème de recrutement ?
Aujourd’hui, les enseignants recrutés localement représentent environ la moitié des effectifs. C’est dans l’intérêt de tout le monde que leur formation soit la plus efficace possible. D’où l’idée des pôles régionaux de formation. Il y a pour l’instant des expérimentations en cours à Mexico, à Beyrouth … et dans d’autres villes. Il faudra toujours des enseignants de l’Education Nationale bien entendu, mais pour accueillir dans de bonnes conditions plus d’élèves, il est nécessaire de travailler sur ces formations de personnel recruté localement. Dans certains endroits, recruter du personnel, français et étranger, est plus compliqué.
Il faut donc adapter en fonction des contextes locaux la proportion de personnel titulaire de l’Education Nationale et celle de personnel local. Cette proportion est d’ailleurs très variable en fonction des pays. C’est du cas par cas, en gardant comme objectif de maintenir la qualité de l’enseignement, ou encore de l'améliorer si elle doit l’être.
Vous évoquiez également le renforcement du réseau, avec des initiatives d’échanges entre les lycées, et celui des anciens élèves ? Sur ce dernier point, pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous avons lancé en novembre dernier une plateforme sur internet ALFM.fr, Anciens des Lycées Français du Monde, qui est aussi le nom de l’association qui rassemble les anciens élèves. L’objectif est d’avoir un outil sur Internet pour que les anciens élèves, où qu’ils soient dans le monde, puissent se retrouver. Au delà de l’aspect social, l’objectif est de créer un réseau pour trouver des stages, des emplois, des contacts professionnels. Pour l’instant, nous avons quelques milliers de membres actifs sur cette plateforme en espérant que ce réseau d’anciens grossisse dans les prochaines années.
Merci à Monsieur Christophe Bouchard d’avoir accepté de nous répondre... sous la sono du flashmob !