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ANNABELLE THONG - Dans la tête d'un Singapourien... en France

Annabelle thong Annabelle thong
Écrit par Caroline D.
Publié le 30 octobre 2018, mis à jour le 31 octobre 2018

Imran Hashim, jeune auteur singapourien, a passé quelques années à Paris pour étudier les sciences politiques. Ses descriptions de la société française ont tellement fait rire ses amis qu’il a décidé d’en tirer un roman : “Annabelle Thong”.

 

L’héroïne du livre, Annabelle, est déjà professeure à Singapour, quand elle décide de partir étudier les sciences politiques à la Sorbonne. L’analogie avec l’auteur s’arrête là, du moins on l’espère pour ce dernier. Car le personnage d'Annabelle frôle la caricature tant elle est naïve. La raison pour laquelle elle vient passer une année à Paris ? Pas vraiment pour acquérir un diplôme universitaire mais plutôt trouver l’âme soeur. Car Annabelle, comme beaucoup, idéalise le mâle français.

 

L’histoire est cousue de fil blanc mais, ce qui attise l’intérêt du lecteur français, c’est le regard que l’auteur porte sur la France et ses habitants.

Les observations sont fines et donnent souvent sujet à réflexion. Entre les étudiants français et la Singapourienne, c’est le choc des cultures. Dans la France qu’elle découvre, les immigrés clandestins sont expulsés et Annabelle trouve cela parfaitement normal. Après tout, dit elle, à Singapour, les immigrés clandestins sont d’abord emprisonnés puis expulsés. Mais bien mal lui prend d’exprimer cette opinion. Car Annabelle apprend ainsi à ses frais que la sacro sainte liberté d’expression a ses limites. “ J'aurais mieux fait de garder pour moi mes opinions made in Singapore. "

La liberté d’expression est peut être sacrée ici, mais je ne peux m’empêcher de penser que si on transgresse les limites de ce que les Français considèrent comme idéologiquement acceptable, la seule personne à qui vous pourrez exprimer vos opinions sera vous même. ” La leçon qu'en tire Annabelle : “ L’alternative à l’autocensure est l’exclusion sociale, ce qui est moins draconien que la prison, mais l’effet en est sensiblement identique ”.

Sous un premier abord un peu à l’eau de rose, les expériences d’Annabelle nous entrainent vers des sujets tout aussi épineux ; l’éducation, le rôle de la police, la démocratie... Le curriculum scolaire laisse notre étudiante songeuse, notamment lorsqu’elle découvre qu’en France, les ingénieurs sont forcés d’étudier la philosophie. La considération réservé aux chiens ne finit pas de l’étonner. Elle les trouve mieux traités dans les magasins, restaurants et hôtels que les touristes ne parlant qu’anglais. Quelqu’un se faisait encore des illusions sur l’accueil réservé aux touristes ?! Les aventures d’Annabelle ne s’arrêtent pas là. Elle est confrontée à des émeutes qui suivent la mort accidentelle d’un jeune qui fuyait sans raison un contrôle de police et des manifestations étudiantes contre la hausse des frais universitaires.

 

Imran Hashim s’en donne bien évidemment à coeur joie et nous entraine une fois encore vers une réflexion sur les deux modèles de sociétés.

Qu’un professeur de la Sorbonne décrive Singapour comme un Etat autoritaire  et pas vraiment une démocratie et Annabelle s’insurge contre ce cliché colporté, selon elle, par un étranger qui n’a sans doute passé que quelques jours dans sa vie à Singapour, selon toute vraissemblance en escale pour Bali.

Mais, d’après l'auteur, le gouvernement se moque de l’opinion des européens, plus intéressé d’attirer des touristes en provenance d’Etats policiers, contents de prendre des photos devant le Merlion et aller aux casinos… On est loin de la langue de bois. La lecture va faire grincer des dents… C’est ainsi avec la liberté d’expression…

 

Le roman est en anglais mais la lecture en est facile.

 

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