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André Malraux et ses œuvres asiatiques

andré malrauxandré malraux
Écrit par Annig Huchet
Publié le 4 avril 2019, mis à jour le 8 avril 2019

Un séminaire Malraux a été organisé en mars 2018 par l’Ambassade de France à Singapour, dédié à l’utilisation des nouvelles technologies dans l’ingénierie culturelle et l’attraction de nouveaux publics. André Malraux, auteur de chefs d’œuvres, fut aussi le héros d’aventures moins glorieuses.

 

Pilleur d’œuvres d’art au Cambodge en 1923 (il n’avait que 22 ans), journaliste à Saïgon, républicain actif pendant la guerre d’Espagne, communiste, puis anti communiste, André Malraux devint enfin Ministre de la culture. Il fit transporter la Joconde aux Etats-Unis, eût des entretiens avec Trotzky, Nehru et Mao (très brièvement), conseilla Nixon et Kissinger avant leur voyage en Chine en 1972. Le personnage aux multiples facettes, condamné à trois ans de prison pour pillage au Cambodge, fut finalement enterré au Panthéon vingt ans après sa mort.

La personnalité d’André Malraux reste fascinante. La qualité et la subtilité de ses œuvres (il obtint le prix Goncourt pour « la condition humaine ») contribuent à l’attraction qu’il exerça sur son public en son temps. Il trouva d’ardents défenseurs et non des moindres (Gide, Mauriac, Breton). Il s’illustra pendant la guerre d’Espagne du côté des républicains, devint blessé de guerre à cette occasion. Ce héros s’est autorisé dans ses œuvres quelques débordements et inexactitudes concernant son rôle de combattant en Espagne et en France, ainsi que ses « rencontres » avec Staline, Mao et Goebbels. En revanche, il rencontra vraiment Hemingway. Il sut fasciner le Général de Gaulle et celui-ci lui prodigua son estime et sa confiance, au point de le garder comme Ministre de la culture durant 10 ans.

 

Parmi ses nombreux et remarquables ouvrages, André Malraux publia quatre œuvres maîtresses situées en Asie, dont un prix Goncourt.

La tentation de l’occident

Ce livre publié en 1926 traite des méfaits de la civilisation occidentale sur la pureté de l’âme chinoise. Le récit est articulé sur des échanges de lettres entre intellectuels chinois et européens  constatant l’influence pernicieuse de la culture européenne sur le mode de vie chinois.

Les conquérants 

Cette œuvre de 1928 relate la lutte entre Chiang Kai Chek (représentant le Kuomintang) et Mao lorsque les nationalistes se séparèrent des communistes à Canton dans les années 1920. Le récit met en scène 4 héros : Un bolchevik révolutionnaire, un maître de propagande déçu, un pacifiste chinois, un jeune anarchiste

La voie royale 

Cette œuvre de 1930 s’inspire de l’aventure cambodgienne de 1923, honteux pillage de sculptures khmères à Bantaey Srei. Elle met en scène l’épreuve de pilleurs, victimes de la jungle qui finira par avoir raison des hommes, provoquant la mort de l’un d’entre eux. Malraux soulève ici le problème de l’être humain confronté à une force supérieure, la nature elle-même.

La condition humaine 

Ce livre publié en 1933 est le troisième volume de la trilogie sur la Chine. Il se situe à Shanghai en mars et avril 1927, lorsque Chiang Kai Chek s’allie aux communistes pour libérer la ville de la main mise des seigneurs de guerre qui faisaient la pluie et le beau temps dans tout le pays depuis la république de 1911. Après cette alliance, et dès le 12 avril, Chiang Kai Chek, aidé par les européens des concessions fit massacrer les communistes afin d’être seul victorieux de tous ces troubles politiques. Ce massacre du 12 avril fit des milliers de victimes. C’est toute la sympathie de Malraux vis-à-vis des communistes qui s’exprime ici lorsqu’il diabolise le personnage de Chiang Kai Chek. Une des scènes saisissantes du livre nous fait assister à l’horrible fin de ces communistes, jetés un par un dans la chaudière d’une locomotive… (ce détail n’a jamais été révélé dans l’Histoire…).

Dans cette œuvre, Malraux décrit une action violente dans un contexte historique passionnant, mêlé au questionnement de soi chez des personnages hauts en couleur. La description des événements violents et tragiques de cette année 1927 à Shanghai tient le lecteur en haleine et l’on doit saluer ici un conteur exceptionnel qui sera récompensé par le prix Goncourt. Dans cette trilogie sur la Chine, Malraux fait passer un souffle héroïque mêlant l’engagement dans l’histoire, l’absurdité de la vie et le triomphe sur le destin. Cette période troublée des années 20 en Chine allait déboucher vingt ans plus tard sur l’avènement de la République populaire de Chine en 1949…

 

Comment qualifier notre auteur visionnaire et éclairé ? Il se voulait un aventurier doublé d’un intellectuel, et sa définition ne peut être plus juste.

Annig Huchet
Publié le 4 avril 2019, mis à jour le 8 avril 2019

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