Dans le cadre de son séjour à Singapour, le Président Emmanuel Macron a prononcé le discours d’ouverture du Dialogue Shangri-La, sommet annuel des responsables et experts défense et sécurité d’Asie Pacifique. Il y a rappelé la stratégie de la France dans la zone indopacifique et plaidé pour des coalitions entre pays d’Asie et d’Europe pour rebâtir un ordre mondial.


Le Shangri-La dialogue, un sommet stratégique en matière de sécurité et de défense
Organisé par l’IISS (International Institute for Strategic Studies), le Shangri-La dialogue réunit chaque année à l’hôtel Shangri-La de Singapour les responsables gouvernementaux, les dirigeants d’entreprise, et les experts de la zone Asie-Pacifique pour débattre des grands sujets de l’heure en matière de défense et de sécurité. Ses participants viennent non seulement d’Asie, mais aussi des pays du Pacifique et de sa côte ouest. C’est une des rares enceintes où Etats-Unis et Chine se côtoient régulièrement. Á côté des sessions officielles, des réunions parallèles permettent de discuter discrètement de sujets plus sensibles. Les pays en profitent aussi pour annoncer leurs stratégies dans la zone Asie-Pacifique. La France, qui a une forte présence dans le Pacifique à travers ses territoires d’outremer, participe régulièrement à ce sommet.
Pour la première fois depuis 2019, la Chine n’était pas représentée par son ministre de la défense, mais par une délégation de moindre niveau.
La 22ème session s’est tenue du 30 mai au 1er juin 2025. 47 pays y ont été représentés. Le président Emmanuel Macron y a prononcé le discours d’ouverture le 30 mai au soir. Le 31 mai au matin, le secrétaire d’État américain à la Défense y a présenté les ambitions de son pays pour la sécurité en Indopacifique. Parmi les autres responsables gouvernementaux participant à ce sommet, citons le Premier ministre de Malaisie. En revanche, pour la première fois depuis 2019, la Chine n’était pas représentée par son ministre de la défense, mais par une délégation de moindre niveau. Une douzaine de sessions ont permis d’aborder de nombreux autres thèmes, comme la cybersécurité, la coopération maritime en matière de sécurité, ou les mécanismes de gestion de crise.

Le Président Emmanuel Macron plaide pour un nouvel ordre mondial
Emmanuel Macron a tout d’abord rappelé la présence de longue date de la France en Indopacifique. Ses nombreux territoires et départements d’outremer situés dans les océans Indiens et Pacifique contribuent à faire de la France le second pays au monde en matière de zone économique exclusive, dont 90% se trouve dans cette zone. Plus d’un million de français y habitent et 8000 soldats français y sont stationnés dans des bases permanentes. En 2018, la France a été le premier pays européen à lancer une stratégie Indopacifique et elle sera prochainement actualisée.
Il a rappelé que le principal risque auquel le monde fait face aujourd’hui est une division du monde entre deux sphères d’influence où la plupart des pays perdront leur autonomie.
Il a ensuite mis en garde contre les double-standards et attiré l’attention sur la portée globale des conflits et tension en cours. L’Ukraine ou le Moyen-Orient peuvent sembler bien loin pour les pays d’Asie, mais ils doivent se sentir concerner par ce qui s’y passe, comme l’Europe dois se sentir concernée par ce qui se passe en mer de Chine. En effet, dans tous les cas il s’agit d’atteintes aux intégrités territoriales et, à partir du moment où on accepte la loi de la force, l’ordre mondial, qui a été construit après la seconde guerre mondiale et a permis un développement économique sans précédent, va disparaitre, avec des conséquences désastreuses pour la plupart des pays. Par ailleurs, les pays riches doivent continuer à investir dans la durabilité pour éviter d’autres conflits.
Puis il a rappelé que le principal risque auquel le monde fait face aujourd’hui est une division du monde entre deux sphères d’influence où la plupart des pays perdront leur autonomie. La coopération ne doit pas signifier la dépendance. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, affirmé par le général de Gaulle à Phnom Penh en 1966, est nécessaire pour un développement équilibré dans la paix. Par ailleurs, le Président a constaté que l’ASEAN et l’UE sont confrontées aux mêmes défis : des conflits pour des ressources, des menaces terroristes, l’érosion des anciennes alliances, la prolifération nucléaire, la cyberguerre, ...
Emmanuel Macron a alors affirmé sa conviction que les pays d’Europe et d’Asie doivent travailler ensemble pour reconstruire un ordre mondial.
Pour faire face à ces défis en échappant à l’hégémonie des super-puissances, une politique d’autonomie stratégique est nécessaire. Le Président a alors rappelé les mesures prises par l’Europe en matière de défense, d’industrie, d’énergie, de technologie, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Mais les investissements nécessaires appellent une croissance de la compétitivité, notamment par une simplification des règlementations. Ils plaident aussi en faveur de nouveaux partenariats avec les pays confrontés aux mêmes problèmes, comme ceux de l’ASEAN, l’Inde, et les pays signataires du Comprehensive and Progressive Agreement for Trans-Pacific Partnership (CPTPP).
Emmanuel Macron a alors affirmé sa conviction que, sans attendre que les institutions mondiales actuelles se dégradent davantage, les pays d’Europe et d’Asie doivent travailler ensemble pour reconstruire un ordre mondial. Il a fait référence à la conférence de Bandung, qui a réuni en 1955 les pays d’Afrique et d’Asie désireux d’échapper à la tutelle des puissances mondiales d’alors. Ensemble, les pays d’Europe et d’Asie peuvent constituer des coalitions au profit d’un monde ouvert, stable, durable, et pacifique, où chaque pays peut maitriser son avenir.
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