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LEE KUAN YEW – Vues d’un homme sur Singapour

LEE KUAN YEWLEE KUAN YEW
Écrit par Bertrand Fouquoire
Publié le 24 mars 2015, mis à jour le 12 octobre 2018

Dans ses « vues d'un homme sur le monde », Lee Kuan Yew, après avoir livré ses réflexions sur le monde en général, parlait des défis auxquels est  confronté Singapour : retour sur le revers du PAP aux élections de 2011 et sur sa conception du pluripartisme ;  évocation  des problématiques liées à la population et à l'immigration, à la croissance et aux inégalités.

Population et immigration. Singapour, constatait Lee Kuan Yew, comptait, en 1959, 62.000 nouveaux nés. Elle n'en comptait plus que 39.000 en 2011. Le taux de fécondité qui était de 2 à la fin des années 1980, n'était plus que de 1,15 en 2010. Les Singapouriens se marient et ont des enfants plus tard. Parmi les singapouriens de la génération 30-34 ans, 45,6% des hommes et 32,3% des femmes sont célibataires. A ce rythme, résumait-il, « si rien n'est fait, le nombre des chinois et des indiens sera divisé par deux, celui des malais diminué d'un cinquième en l'espace d'une génération ». L'immigration, qui irrite les singapouriens, est, constatait-il, un mal nécessaire pour répondre aux besoins de l'économie à court terme, mais n'est pas suffisant pour garantir le maintien de la population sur le long terme.

Elections de 2011.  Le PAP, avec 60% des votes, avait perdu 6 sièges. Pour Lee Kuan Yew ce revers était une question de génération. La prédominance presque totale du PAP n'était viable que pour une génération qui avait connu le Singapour des premiers jours de l'indépendance et qui a vu depuis son niveau de vie s'améliorer continûment avec les progrès de l'économie. La nouvelle génération n'a pas de telles références. En 2001, lorsque le PAP avait obtenu 75% des suffrages, la proportion des électeurs nés avant l'indépendance était de 66%. En 2011, 51% des électeurs étaient nés après.

Pluripartisme. Lee Kuan Yew donnait acte au Workers' Party (WP) d'avoir trouver avec Chen Show Mao, un profil d'envergure, et d'avoir su concentrer ses forces sur la circonscription d'Aljunied. Mais il doutait de la capacité du Workers'Party à recruter des hommes de talents équivalents à ceux du PAP. Un système bi-parti conduirait selon lui à un appauvrissement des élites du pays. « En Grande Bretagne, si vous regardez les listes des meilleurs élèves d'Oxford ou Cambridge et que vous analysez leurs carrières, vous trouverez que la plupart ne sont pas dans la politique mais sont dans la banque, la finance ou d'autres professions »

Croissance et inégalités. Singapour a bâti sa croissance, rappelait Lee Kuan Yew, dans le cadre d'une économie ouverte. Elle n'avait pas le choix. Elle l'a fait avec succès. Mais la proportion des échanges commerciaux par rapport au PIB (416%) souligne à quel point l'économie de Singapour est vulnérable et dépendante des évènements du monde. Sur le terrain social, les écarts de salaires sont une réalité. Un certain nombre de systèmes redistributifs existent, notamment au travers des impôts. Singapour, concluait Lee Kuan Yew, doit s'attaquer au problème des écarts de salaire, mais elle doit le faire avec le souci constant de ne pas diminuer sa compétitivité.

 

LKY

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