Depuis le mois de janvier, l'ESSEC est installée dans son tout nouveau campus de Nepal hill, tout près du centre de formation d'Unilever, des poles Fusionopolis et Biopolis, et à un jet de pierre de l'Insead. Une implantation qui, indique Jean-Michel Blanquer, le Directeur général du groupe ESSEC, est à l'image des ambitions du groupe de formation en management ; celles de cultiver un esprit pionnier, à l'avant garde des idées et des tendances, prompt à renverser les habitudes, ouvert au monde et aux grands enjeux du XXIème siècle.
La devise « the pioneering spirit » qui figure à l'entrée du nouveau campus de l'ESSEC semble faire écho à la « génération des pionniers » célébrée à Singapour. Est-ce une coïncidence ?
Jean-Michel Blanquer ? C'est plus qu'une coïncidence. En inaugurant ce nouveau campus à Singapour, l'ESSEC qui est sur place depuis 2005, marque sa volonté de s'implanter fortement et durablement en Asie et de développer une véritable identité bi-continentale. L'esprit pionnier dont il est question vaut aussi bien pour l'ESSEC comme institution que pour ses étudiants. Il s'agit d'un ensemble composé d'un certain état d'esprit, d'un contenu et d'une méthode.
L'état d'esprit, c'est celui d'une institution qui a toujours été marquée par de fortes valeurs d'humanisme. Pour le contenu et les méthodes, il s'agit de former les managers du XXIème siècle. Des managers responsables, conscients des grands enjeux de leur époque, soucieux d'y tenir leur place et d'y avoir une utilité.
La dimension bicontinentale est importante, autant que des thématiques fortes comme l'entrepreneuriat, l'innovation, le digital, l'économie de la santé, le lien entre l'économie et la société? C'est d'ailleurs en travaillant sur ces thématiques, pour lesquelles l'ESSEC jouit d'une grande légitimité, avec ses chaires, ses instituts, son incubateur?, que nous serons capables de produire de la valeur ajoutée pour Singapour.
Quelles opportunités cette organisation bi-continentale crée-t-elle pour les étudiants ?
- La démarche de l'ESSEC est de « former pour transformer ». Pour les étudiants, la formation doit être plus qu'un apprentissage. Elle doit être une expérience de transformation. A travers ce que j'apprends, ce que je découvre, les interactions avec les autres étudiants et les professeurs, les séjours à l'étranger, les stages et les missions, ma vision du monde se transforme, tout comme ma compréhension de ses enjeux, ma manière de travailler avec les autres ?
Nous avons lancé plusieurs nouveaux programmes pour mettre en musique cette expérience transformatrice sur les deux continents.
Le premier de ces programmes est l'ESSEC GLOBAL BBA. Ce bachelor in business administration existait en Europe depuis un certain nombre d'années. Il a été transformé en un véritable global BBA, très lisible sur le plan international. Le cursus de 4 ans offre la possibilité d'étudier 2 ans à Singapour, puis d'étudier en France et d'acquérir une expérience dans un 3ème pays au sein d'une institution partenaire de l'ESSEC. Pour la communauté francophone à Singapour, c'est une opportunité très intéressante, celle d'offrir juste après le bac, la possibilité de poursuivre ses études d'abord à Singapour, puis en France? une formation de haut niveau, tout en faisant l'expérience de la multiculturalité pendant la scolarité. ( A noter : les inscriptions pour le programme se font jusqu'au 31 mars via le concours Sesame).
*FOCUS: ASIA STRATEGY PROJECT Un programme sur 3 mois réalisé en partenariat avec CapGemini Consulting durant lesquels les étudiants sont amenés à travailler sur une mission de conseil réelle pour une entreprise ou une organisation dans un pays de la region (Chine, Inde, Cambodge, Myanmar, Indonesie ...). Les étudiants sont d'abord « formés » par les consultants de CapGemini Consulting et par leurs professeurs de l'ESSEC, puis ils passent un mois dans l'entreprise à travailler avec les équipes locales et présentent ensuite leurs recommandations aux entreprises. Pendant toute la durée de la mission, les étudiants sont supervisés par des consultants de CapGemini et les professeurs de l'ESSEC. Une illustration de l'approche de « learning-by-doing »-. |
En ce qui concerne le programme « Grande Ecole », le Master in management, créé en 1907, à l'origine de l'ESSEC, il offre un track international. Les étudiants admis en admission parallèle (après un Master 1), peuvent choisir de démarrer leur cursus à Singapour avant de le poursuivre en France. 20 étudiants sont concernés cette année. Ils devraient être une cinquantaine l'année prochaine. Les étudiants issus des classes préparatoires, ont la possibilité de venir étudier à Singapour pendant 6 mois, en 2ème et 3ème année dans le cadre du Core track ou du programme « global managers in Asia ». Enfin de cursus, les élèves de la Grande Ecole peuvent également choisir de suivre le programme « Asia Strategy Project »*.
S'ajoutent encore les programmes tels que les MSc in Management of Health Industries, in Business Analytics and Consulting, in Financial Techniques, in Strategy and Management of International Business ou encore in Entrepreneurship a partir de septembre 2016, l'Executive MBA Asia-Pacific et les programmes d 'Executive education.
Vous avez parlé, s'agissant des parcours d'apprentissage à l'ESSEC, d'un concept de « design learning ». Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ?
- Le concept est dérivé du design thinking et adapté à l'apprentissage. Il s'agit de donner aux étudiants la possibilité de partir à la conquête de leur autonomie en créant leur propre parcours.
« Build Your Own Course » est une bonne illustration de la démarche. L'expérience a été réalisée pour la première fois en Janvier 2015 sur notre campus de Cergy Pontoise. Première étape : les professeurs proposent des idées et parlent des tendances qu'ils perçoivent pour les années à venir. Deuxième étape : les étudiants travaillent de manière collective sur les plans de cours proposés par les professeurs, ils font des suggestions et formulent des demandes. Troisième étape : les professeurs redigent les éléments transmis par les étudiants et élaborent leur propre proposition de cours, qui intègre les outils d'enseignement à distance. Quatrième étape : les propositions de cours font l'objet d'un vote par les étudiants.
11 propositions ont été formulées et 6 cours ont été retenus dans le cadre de cette première expérience. On peut citer par exemple les cours « Introduction a l'Impact Investing ? l'investissement qui change le monde » ou encore « Globalization and International Political Economy ». C'est une vraie révolution. Un schéma unique au monde dans lequel l'ESSEC fait véritablement ?uvre de pionnier. Pour l'étudiant, il implique une forte responsabilisation. Tout le processus s'inscrit dans une dynamique collective : comment crée-t-on de l'intelligence collective ? Comment transmet-on ? ? Pour les professeurs, la position est exigeante et excitante. C'est la possibilité de faire le lien en temps réel entre la recherche et la pédagogie. C'est une manière de créer des avant-gardes.
Nouveau Campus de l'ESSEC Martine Bronner Dean ESSEC Asia Pacific Kevin Yong Academic Dean ESSEC Asia Pacific |
S'agissant de ces avants-gardes, dans quels domaines l'ESSEC a-t-elle créé des expertises disctinctives et comment les fait-elle vivre ?
Nous avons accompli un gros effort de structuration avec la création de 8 centres d'excellence ? entreprenariat, digital analytics (big data), management & society, économie et finance, smart life (santé et smart cities), luxe arts et culture, hospitality ( hotellerie, restauration, resorts), négociation et géostratégie - qui fonctionnent comme des éléments de transversalité regroupant plusieurs disciplines autour d'une thématique donnée, qui englobent les activités de formation et de recherche et qui s'inscrivent, notamment au travers du réseau des alumni, en prise directe avec les entreprises et la société.
Ces centres d'excellence s'inscrivent dans le prolongement des chaires, des instituts et des centres de recherches créés par l'ESSEC en partenariat avec des entreprises et d'autres institutions d'enseignement et de recherche.
Le domaine des digital analytics est une illustration du mariage entre managers et ingénieurs que l'ESSEC a le souci de valoriser et qui s'exprime notamment au travers de la relation très forte nouée avec l'Ecole Centrale Paris, en France et à l'international. Une Chaire Business Analytics a par ailleurs été créée fin 2013 en partenariat avec Accenture. Dans le domaine de la négociation et de la géopolitique, nous nous inscrivons dans le prolongement de l'institut Iréné, créé il y a quelques années, centré sur les enjeux géopolitiques, les aspects multiculturels et la médiation. C'est un domaine dans lequel l'ESSEC a acquis une expertise reconnue
Comment fonctionne le pôle Luxe, Arts et Culture ?
Le luxe attire de nombreux talents et constitue un vecteur de développement important particulièrement dans la région. Il s'agit de mettre en valeur la créativité et le savoir faire. L'ESSEC a eu dans ce domaine une intuition pionnière avec la création de la chaire LVMH en 1991. Notre MBA luxe fête par ailleurs ses 20 ans. Il est très attractif dans toute l'Asie. Nous avons le projet de créer un Institut du Luxe en Asie prochainement
Qui sont les participants de ce MBA Luxe?
- Le MBA Luxe est très international. Parmi les 40 étudiants, 90% ne sont pas Français avec une forte proportion de Chinois. Ce n'est pas un MBA spécialisé dans la mode ou le parfum, c'est une formation dédiée au management du luxe, à travers laquelle nous travaillons avec les grands noms du luxe en France et dans le monde.
Formez-vous seulement pour l'entreprise ou pour d'autres types de rôles ?
- La grande majorité des étudiants se destinent à travailler dans les entreprises soit en qualité d'entrepreneurs soit comme intrapreneurs. L'ESSEC est souventclassée en tête par les entreprises en ce qui concerne leur satisfaction vis à vis de nos diplômés. Ils y apparaissent comme des « honnêtes managers », créatifs, adaptés aux enjeux, conscients de leurs responsabilités, ayant le sens de l'initiative et une vraie capacité de travailler en équipe. De nombreux élèves peuvent aussi choisir de s'engager dans les ONG ou l'entrepreneuriat social.
Sur le plan personnel, comment décririez-vous vos propres motivations, comme doyen de l'ESSEC ?
JMB - J'éprouve un énorme plaisir de travailler sur le sujet de l'éducation en général et ce faisant de participer à la construction du futur. Tout au long de mon parcours, j'ai eu la chance de vivre ma passion pour l'éducation sous différents angles.
A l'ESSEC, je suis très sensible à cet esprit pionnier, au développement du sens des valeurs, à la nécessité de faire dialoguer la diversité. L'agilité, la prise de décision, le fait d'être à l'avant garde sont des éléments très motivants comme le fait d'être acteur des transformations contemporaines.
Propos recueillis par Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/singapour) mercredi 4 mars 2015