Rencontre avec Lyn Lee, la quarantaine sylphide et élancée, chic et décontractée. Singapourienne originaire de Katong et maman de trois enfants, elle a co-fondé son entreprise en 1998. L'histoire a commencé tel un pari entre amis. Elle emploie aujourd'hui 200 personnes et a créé des franchises et joint-ventures en Chine, à Taiwan et en Indonésie.
Lepetitjournal.com Singapour - Pouvez-vous nous raconter comment tout a commencé ?
Lyn Lee - On était avec des amis, chacun en poste, moi dans les média après avoir fait mon droit. On voulait créer notre petite entreprise, avoir notre bébé à nous, peu importe le secteur. J'ai eu l'idée de faire quelque chose autour du gâteau au chocolat.
Pourquoi le gâteau au chocolat ?
Je ne sais pas pourquoi. J'adore le chocolat, mais nous n'avions aucune raison de nous lancer là-dedans plutôt qu'autre chose à vrai dire. On était plusieurs, hommes et femmes, les hommes étaient plus business, l'un d'eux est devenu mon mari.
Vous avez, comme entrepreneure, une démarche exigeante
Le contexte actuel n'est pas simple, le business local est en perdition. Notre objectif est de redonner vie à la culture locale, inciter les jeunes à créer, les aider à s'exprimer. Notre pays a besoin d'une âme et d'une identité, il nous faut donc aider ces jeunes à participer à cela, sans quoi ils n'auront ni individualité, ni liberté d'expression. C'est la raison pour laquelle on embauche beaucoup de jeunes ; chez nous les employés ont pour la plupart moins de 25 ans. Notre mission est aussi de rendre à Katong son âme originelle. Katong, c'est le berceau de la gastronomie. On sait que si on réussit à Katong, alors on peut réussir à Orchard et partout à Singapour !
De quoi êtes vous le plus fière ?
Que ce projet qui a commencé entre amis, juste pour s'amuser, soit devenu plus qu'une réalité. Il est dans notre vie depuis 15 ans. Aucun de nous n'était dans cette industrie, on s'est lancé, on a réussi et surtout on est resté amis, ce qui est un miracle ! Je suis aussi fière de notre design qui semble plaire alors que c'est du "fait maison", nous avons tout pensé nous-mêmes sans l'aide d'une agence … Nous avons aujourd'hui 2 restaurants et 9 points de vente exclusifs (on n'y sert que des desserts et du chocolat), nous avons aussi une chaine de 3 points de vente "Everything with fries", un concept de restaurant de hamburgers, et très récemment nous avons ouvert Sinpopo sur Joo Chiat, mon quartier de prédilection, qui vise à faire revivre les saveurs locales, les "nostalgic favorites".
Quel est votre plus gros défi, dans vos activités à Singapour ?
Notre gros challenge tient au système des quotas pour le recrutement, qui date des dernières élections de 2011. Il a instauré qu'il doit y avoir un certain nombre de Singapouriens, de Malais, d'Indiens, de Philippins dans chaque secteur… or, les Singapouriens ne veulent pas travailler dans notre industrie, ils préfèrent des emplois plus nobles dans des grosses entreprises. Nous sommes donc confrontés à des problèmes évidents pour recruter dans nos établissements.
Propos recueillis par Raphaëlle CHOËL (www.lepetitjournal/singapour) mardi 3 Septembre 2013
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