Le 17 mai 2025, la société chinoise LandSpace a réalisé une prouesse technologique : placer six satellites en orbite grâce à une fusée propulsée au méthane liquide. Une première dans le pays, et une démonstration de la maturité croissante de son secteur spatial privé. Ce lancement réussi positionne LandSpace comme l’un des acteurs clés de la nouvelle génération de lanceurs propres et réutilisables, capables de rivaliser avec SpaceX.


Le pari du méthane liquide
Créée en 2015 à Pékin, LandSpace est l’une des premières sociétés privées chinoises à s’être lancée dans le développement de lanceurs spatiaux. Dès 2018, l’entreprise annonçait vouloir miser sur le méthane liquide comme carburant pour ses fusées, un choix encore rare à l’époque. Le 12 juillet 2023, après deux échecs en 2022, la première version de la Zhuque‑2 est parvenue à atteindre l’orbite, devenant la première fusée au monde propulsée au méthane liquide à réussir un vol orbital. Cette réussite a marqué un tournant dans la propulsion spatiale, avec un carburant plus propre, moins coûteux à produire et mieux adapté à la réutilisation. La nouvelle version Zhuque‑2E, testée avec succès en mai 2025, améliore les performances du modèle précédent avec deux moteurs TQ‑12A de 836 kilonewtons de poussée chacun au premier étage et un moteur TQ‑15A optimisé au second. L’ensemble utilise du méthane et de l’oxygène liquides subrefroidis, permettant un rendement énergétique supérieur. Ce pari technologique répond à la volonté de réduire les coûts d’accès à l’espace tout en diminuant l’empreinte carbone des lancements.
Un lancement commercial maîtrisé
Le 17 mai 2025, la Zhuque‑2E a décollé depuis le centre spatial de Jiuquan, dans le désert de Gobi. À son bord : six satellites commerciaux appartenant à l’entreprise chinoise Spacety, spécialisée dans les constellations d’observation. Trois de ces engins sont dédiés à la recherche scientifique : le satellite Aurora pour l’étude des aurores polaires, Lingxi‑03 pour la détection des rayons gamma et X, et un satellite équipé de propulseurs ioniques fonctionnant à l’argon pour tester des procédures de désorbitation propre. Deux autres servent à l’observation multispectrale, tandis qu’un sixième embarque un radar. Ce lancement marque la cinquième mission de la famille Zhuque‑2, avec un taux de succès désormais élevé après des débuts hésitants en 2022. Grâce à son cône élargi à 4,2 mètres et à une capacité d’emport portée à 6 tonnes en orbite basse, la fusée s’adapte aux exigences croissantes du marché. En parallèle, LandSpace développe une plateforme de lancement rapide, permettant un rythme plus soutenu d’opérations d’ici fin 2025.
Les secteur privé chinois à la conquête de l'espace
Avec ce succès, LandSpace ambitionne de devenir l’équivalent chinois de SpaceX. Dès 2021, l’entreprise avait annoncé travailler sur une fusée lourde réutilisable : la Zhuque‑3. Ce nouveau lanceur, prévu pour un premier vol d’essai dès la fin 2025, mesurera 76 mètres et pourra transporter jusqu’à 20 tonnes en orbite basse. Il utilisera également du méthane et intègrera un système de récupération du premier étage, inspiré des modèles américains. Cette montée en cadence reflète l’évolution du secteur spatial chinois : depuis que Pékin a autorisé en 2014 l’entrée d’acteurs privés dans l’industrie spatiale, plus d’une centaine de startups se sont lancées dans la course. Parmi elles, LandSpace est la première à démontrer une capacité réelle à placer des charges utiles complexes en orbite. Avec l’appui indirect des autorités, qui encouragent l’innovation et la compétitivité technologique, la Chine se dote d’un outil commercial crédible pour concurrencer les États-Unis sur le marché global des lancements orbitaux.
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