Le 8 mai 1945 marque les 80 ans de la capitulation de l’Allemagne nazie, mettant fin à la Seconde Guerre mondiale en Europe. C’est l’occasion de rappeler le rôle souvent négligé de la Chine dans ce conflit. A partir de 1937 et jusqu'en 1945 avec la capitulation japonaise, la ville de Shanghai a subi la guerre. Explications.


L’incident de Mukden
Pour comprendre l’entrée de la Chine dans ce conflit, il faut revenir à 1931. Cette année-là, l’incident de Mukden en Mandchourie (aujourd’hui Shenyang), sert de prétexte au Japon pour envahir cette région stratégique pour ses ressources naturelles. Le Japon y crée un État factice, le Mandchoukouo, avec à sa tête l’empereur déchu Puyi, mais sous contrôle de l’armée japonaise. Malgré les protestations de la Chine devant la Société des Nations, cette dernière se révèle incapable d’imposer des sanctions efficaces face à l’expansion japonaise.
Le 7 juillet 1937, l’incident du pont Marco Polo, près de Pékin, déclenche une guerre totale entre la Chine et le Japon. Les affrontements entre soldats chinois et japonais à cet endroit marquent le début d’une offensive japonaise à grande échelle au nord et à l’est de la Chine.
La bataille de Shanghai
Après avoir pris Pékin et Tianjin, les forces japonaises se tournent vers Shanghai, déjà centre économique de premier plan à l’époque. Les combats éclatent en août 1937 dans la banlieue de Shanghai. La progression de l’armée japonaise provoque l’afflux de nombreux réfugiés. L’armée chinoise tient le front pendant plus de trois mois, infligeant des pertes sévères à l’armée japonaise, malgré des bombardements intensifs et de violents combats de rue.
La présence des concessions internationales à Shanghai attire l’attention mondiale, avec des journalistes étrangers sur place pour documenter le conflit. Certains ressortissants étrangers, comme le père Jacquinot, mettent en place des zones de sécurité pour protéger les civils, sauvant des milliers de vies. L’entrepôt de Sihang, défendu jusqu’au bout par quelques centaines de soldats chinois, reste l’un des symboles les plus marquants de cette bataille.
Le massacre de Nankin (décembre 1937)
Après la chute de Shanghai, les troupes japonaises marchent sur Nankin, alors capitale politique de la Chine. La ville tombe en décembre 1937, et s’ensuit l’un des pires massacres du XXe siècle. Pendant plusieurs semaines, les soldats japonais se livrent à des exécutions massives, des viols de masse et des destructions systématiques. On estime que ce massacre a fait entre 200.000 et 300.000 victimes.
Malgré l’horreur, certains étrangers comme John Rabe, un industriel allemand, et Minnie Vautrin, missionnaire américaine, créent des zones de sécurité pour protéger les civils, risquant leur vie pour empêcher des massacres encore plus vastes.
Chongqing, bastion de la résistance
Après la chute de Nankin, le gouvernement de Tchang Kaï-chek se replie à Chongqing, dans le Sichuan, protégé par des montagnes et le fleuve Yangzi. Devenue la capitale provisoire de la Chine libre, Chongqing subit des bombardements intenses de l’aviation japonaise qui cherche à briser la résistance chinoise.
Malgré les destructions, la ville tient bon. Des tunnels sont creusés pour protéger les habitants, et des pilotes américains, les fameux “Flying Tigers”, apportent leur soutien en menant des missions contre l’aviation japonaise. Chongqing devient un symbole de la résilience chinoise et reste un centre de résistance jusqu’à la fin de la guerre.
Shanghai pendant la guerre
Après la bataille de Shanghai, la ville chinoise subit une occupation japonaise brutale. Les concessions internationales restent tout d'abord neutres, ce que l'on nomme la période de "l'îlot solitaire."Tandis que la vie des résidents étrangers se poursuit dans une relative normalité, avec clubs, journaux et commerces encore actifs, la population chinoise réfugiée vit dans des conditions précaires, souvent entassée dans des quartiers insalubres.
Tout bascule le 8 décembre 1941, après l’attaque de Pearl Harbor : les Japonais envahissent la Concession Inbternationale, arrêtant les ressortissants américains et britanniques qui sont internés dans des camps comme ceux de Lunghua ou Chapei. La partie française disparait en 1943 lors de l'invasion de la zone libre par l'Allemagne. Malgré cela, les réseaux de résistance chinois et étrangers continuent parfois leurs activités clandestines jusqu'à la fin du conflit.
Un front décisif pour l’effort de guerre allié
Malgré l’occupation d’une grande partie de son territoire, la Chine ne capitule pas. Elle fixe des centaines de milliers de soldats japonais sur le continent asiatique, les empêchant de se redéployer sur d’autres fronts. Ce rôle de front secondaire est pourtant essentiel : il limite les ressources du Japon et l’empêche de concentrer ses forces contre les Alliés dans le Pacifique.
Aujourd’hui encore, le rôle de la Chine dans la Seconde Guerre mondiale reste largement sous-estimé en dehors de l’Asie. Pourtant, son sacrifice humain et sa résistance continue ont joué un rôle crucial dans l’affaiblissement du Japon et la victoire des Alliés.
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