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L'Arctique, nouvelle frontière de la Chine

La Chine inaugure un brise-glace pour renforcer sa recherche des fonds marins et son influence en Arctique, devenu une zone géostratégique majeure pour les années à venir. Explications.

Le nouveaux briseur de glaces chinois, le Tan Suo San Hao Le nouveaux briseur de glaces chinois, le Tan Suo San Hao
Le nouveaux briseur de glaces chinois, le Tan Suo San Hao
Écrit par Juliette Robieux
Publié le 13 janvier 2025, mis à jour le 14 janvier 2025

Le lancement du brise-glace chinois

La Chine a récemment dévoilé un nouveau brise-glace, le Tan Suo San Hao (Explorateur 3), conçu pour mener des recherches scientifiques et archéologiques dans les eaux profondes des régions polaires. Présenté la semaine dernière à Sanya, dans la province méridionale de Hainan, ce navire multifonctionnel offre une portée impressionnante de 17.261 miles nautiques, soit environ 27.779 kilomètres. Ce lancement s’inscrit dans une stratégie plus large visant à renforcer la présence chinoise dans les régions polaires, illustrée par la mise en service récente de trois autres brise-glaces. Les navires Xuelong, Xuelong 2 et Zhong Shan Da Xue Jidi ont été déployés entre juillet et août 2024 lors du lancement de la 41ᵉ expédition antarctique chinoise. Par ailleurs, la Chine a établi plusieurs centres d’observation et de recherche en Islande, Suède, Finlande et dans l’archipel du Svalbard, confirmant l’engagement stratégique de Pékin à développer ses capacités scientifiques et logistiques en Arctique comme en Antarctique.

 

Recherches technologiques et scientifiques

Conçu et construit indépendamment par des ingénieurs chinois, ce navire est destiné à effectuer des missions d’exploration polaire tout en renforçant l’autonomie technologique et les capacités de recherche océanique du pays. La Chine devient ainsi le deuxième pays, après la Russie, à pouvoir envoyer des chercheurs dans les fonds marins des régions polaires pour des explorations scientifiques. Outre les plongées humaines, le Tan Suo San Hao est équipé de drones aquatiques spécialement conçus pour la recherche en eaux profondes et dans des environnements hostiles. Le navire bénéficie également de nouvelles technologies de contrôle intelligent à distance, permettant de collecter des données précises sur la constitution des fonds marins, un atout majeur pour la recherche océanique et l'exploitation futures dans l'Arctique.

 

La Chine se tourne vers l’Arctique

Le lancement de ce brise-glace s’inscrit dans un contexte d’intensification des ambitions polaires de la Chine et souligne son rôle croissant dans la géopolitique de l’Arctique. La collaboration entre la Chine et la Finlande, premier pays à avoir établi des relations diplomatiques avec Pékin en 1950, constitue un élément clé de cette stratégie. Un moment marquant de ce partenariat remonte à 2013, lorsque la Chine est devenue observateur permanent au Conseil de l’Arctique, grâce notamment au soutien de la Finlande. Ce statut a renforcé la légitimité de Pékin dans ses efforts pour développer des infrastructures dans l’Arctique et promouvoir la Route polaire de la soie, qui s’inscrit dans l’initiative globale de la "Belt and Road". Une autre composante majeure de la stratégie chinoise en Arctique est son partenariat avec la Russie. Plusieurs des nouvelles routes polaires traversent la Russie, ce qui a conduit à un renforcement des relations sino-russes. La Chine a investi dans des projets énergétiques clés, comme le projet russe "Yamal Liquefied Natural Gas" (LNG) en 2017, situé dans la péninsule de Yamal, ainsi que dans le projet "Novatek’s Arctic LNG 2", initié par le producteur de gaz russe Novatek.

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