Longtemps fragilisé par des décennies d’industrialisation accélérée, le Yangtsé incarne aujourd’hui le virage écologique opéré par la Chine. Portée par une volonté politique forte et une planification étatique à long terme, sa restauration s’impose comme l’un des exemples les plus aboutis de transition environnementale à grande échelle.


Un fleuve fondateur en danger
Le Yangtsé n’est pas un simple cours d’eau : il est l’axe vital autour duquel s’est construite une grande partie de la puissance chinoise. Longtemps mis à l’épreuve par l’industrialisation rapide, il est aujourd’hui au cœur d’un changement de paradigme. Lors du Forum 2025 sur les grands fleuves tenu à Wuhan, un rapport de l’Institut Xinhua a confirmé l’ampleur de cette transformation.
Les provinces situées le long de la ceinture économique du Yangtsé, qui concentrent près de la moitié de la population et du PIB chinois, ont connu une mutation historique en matière de protection environnementale. Sous l’impulsion directe de l’État, la Chine a choisi de faire de la protection écologique un pilier de sa stratégie de développement.
Une restauration mesurable et visible
Les avancées enregistrées ne relèvent pas de la simple communication. Entre 2016 et aujourd’hui, la proportion de sections d’eau de haute qualité dans le bassin est passée de 82,3 % à plus de 98 %, tandis que le cours principal du fleuve maintient une qualité de classe II depuis cinq années consécutives. Cette amélioration s’accompagne d’un retour progressif de la vie aquatique, avec 344 espèces de poissons indigènes recensées ces dernières années.
Sur le terrain, la restauration est tangible : des milliers d’installations industrielles ont été fermées ou déplacées, des zones humides ont été recréées à grande échelle et des ouvrages hydrauliques ont été démantelés pour rétablir la continuité écologique. Des villes comme Nanjing incarnent cette mutation, avec la transformation d’anciennes zones industrielles en véritables corridors écologiques urbains.
Gouvernance écologique à la chinoise
La renaissance du Yangtsé s’inscrit dans une vision plus large : celle d’une civilisation écologique portée par l’État. Grâce à une coordination étroite entre les provinces, un cadre réglementaire renforcé et des mécanismes innovants de responsabilité locale, la Chine a démontré sa capacité à mobiliser l’ensemble de ses institutions autour d’un objectif commun.
Le Yangtsé est désormais présenté comme un exemple international de gestion intégrée des grands fleuves. Plus qu’un simple projet environnemental, il incarne une nouvelle voie de développement, dans laquelle la protection de la nature devient un levier de performance économique, de stabilité sociale et de rayonnement international.
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