Face à la chute de la natalité et aux problèmes socio-économiques qui en découlent, la Chine cherche de nouveaux moyens pour inverser la tendance.


3 années de décroissance démographique
Cela fait 3 années consécutives que la population chinoise diminue. D’après les données des Nations Unies, à ce rythme la population de la Chine pourrait passer de 1,4 milliards à 1,313 milliards en 2050 et à 800 millions d’ici 2100.
Le taux de natalité de la Chine était estimé à 1,18 enfant/femme en 2022 alors que le taux nécessaire pour le remplacement de la population est de 2,1.
Actuellement, on estime que le nombre de femmes chinoises en âge de procréer devrait se stabiliser entre 290 et 310 millions d’ici 2035. Cela serait une “fenêtre dorée” autrement dit le moment à saisir pour implémenter les nouvelles mesures incitatives.
Par ailleurs, le pourcentage de la population des séniors (<65 ans) a atteint 15,6% en 2024 et il est attendu qu’il atteigne 20% en 2031 ce qui fera de la Chine un pays vieillissant.
Les pronostics à plus longs termes prévoient que le taux des séniors atteindra 29,5% en 2050 et le pic est attendu pour 2086 avec 42,4%.
Il va de soi que cela représente un énorme casse-tête pour les autorités chinoises: comment gérer la population vieillissante, le déclin de la masse de travailleurs et la diminution galopante des naissances.

Les raisons de déclin en Chine
Les observateurs internationaux comme chinois mentionnent plusieurs raisons à cette situation.
- Tout d’abord, le nouveau style de vie des jeunes des classes aisées notamment qui agrandit le fossé des générations entre les parents très attachés aux traditions et aux étapes “à cocher” en temps prévu d’une part et les jeunes orientés plus carrière et loisirs d’autre part.
Il faut également tenir compte des chiffres élevés du chômage parmi les jeunes sortant des universités ces dernières années.
- Autre facteur qui participe à la diminution de la population : plus de personnes qui émigrent que d’immigrants. En 2021 par exemple le nombre d’émigrants était de 200 000 personnes (même si cela est bien mins que les 750 000 dans les années 1990. En même temps, la politique de la Chine limite le nombre d’immigrants qui pourraient éventuellement parer aux problèmes liés à la population vieillissante et fournir une main d’œuvre abordable dont l’économie chinoise a bien besoin.
- L’Institut YuWa a établi que la Chine compte parmi les pays où élever un enfant coûte le plus cher et y voit l’obstacle principal à la natalité.
- Par ailleurs, les femmes chinoises se décident de plus en plus tard à avoir des enfants. Ainsi, depuis l’an 2000 l’âge médian pour avoir un enfant a augmenté de trois années en passant de 26 à 29 ans. C’est plus que dans d’autres pays à revenu intermédiaire (middle-income countries).
- De la même façon, l’âge médian de mariage a aussi augmenté en passant à 28 ans en 2020 (d’après le recensement chinois) alors qu’il était de 24 ans en 2010.
- Enfin, il faut aussi mentionner le surplus de la population masculine (environ 30 millions plus d’hommes que de femmes) qui est une relique de la période de la politique de l’enfant unique.
Le défi pour relancer la natalité n'est donc pas facile à relever !
Quelles solutions pour relancer la natalité ?
Rappelons qu’il y a quelques mois une campagne assez insolite avait été entreprise (à l’initiative de qui??) dans le cadre de laquelle des jeunes femmes en âge de procréer recevaient des appels de la part de fonctionnaires chinois leur demandant leur âge et si elles étaient enceintes. Dans le cas où elles ne l’étaient pas elles se voyaient fortement “encouragées” à le devenir au plus vite. On peut dire que cette campagne n’a pas franchement rencontré un grand succès auprès de la population chinoise.
De son côté, le think-tank YuWa basé à Beijing recommande à ce que la distribution des allocations de maternité se fasse au niveau national et non plus au niveau régional et que des mesures plus ciblées soient mises en place dans le but d’alléger le coût de l’éducation notamment.
Quant à Chen Songxi, conseiller politique chinois et membre de l’Académie des Sciences Chinoise, il est d’avis qu’il faudrait d’abaisser l’âge légal pour se marier en Chine.
Il préconise par ailleurs de relâcher totalement toute restriction sur le nombre d’enfants par famille. Enfin, il souhaiterait voir établir un système d’incitations à la procréation. Ceci dans le but de booster la natalité en berne depuis plusieurs années consécutives.
Actuellement, l’âge légal du mariage en Chine est de 22 ans pour les hommes et de 20 ans pour les femmes, c'est-à-dire au-dessus de la moyenne mondiale qui est de 18 ans. Cette loi date de l’époque de la politique de l’enfant unique qui, elle, a été abrogée en 2015. Actuellement, on encourage les couples à avoir jusqu’à trois enfants.
D’après M. Chen il ne s’agirait pas de forcer les gens à se marier plus jeune mais de s’aligner plus sur la moyenne d’âge dans le monde et laisser ainsi plus d’options aux jeunes chinois.
Il s’agirait, d’après lui, de saisir l’opportunité d’une “fenêtre démographique en or” (2025-2035) pour implémenter une politique d’incitation à la procréation plus efficace, notamment en ce qui concerne les jeunes populations urbaines. Parmi les mesures, il cite des allocations mensuelles pour jeunes parents, une gamme de soins garanties pour les enfants jusqu’à un certain âge.
Il préconise également la conduite d’enquêtes et d’analyses de données pour développer des programmes en adéquation avec les besoins de différents groupes de populations.
