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Depuis plus d'un siècle, la Bretagne se réinvente à Shanghai

De la création de l’Association amicale des Bretons de Shanghai dans les années 1930 à la communauté forte et active qui s’est reformée dans les années 2020, les Bretons ont tissé leur fil entre la Bretagne et le port de l’Orient. Récit de 100 ans de la « petite Bretagne » à Shanghai.

bretons bretons
Le banquet des Bretons à Shanghai en 1935 @shanghailander.net/hugues martin
Écrit par Didier Pujol
Publié le 17 novembre 2025, mis à jour le 19 novembre 2025

Un refuge breton au temps de la Concession Française

Selon le blog historique de Hugues Martin, Shanghailander, c’est dans l’effervescence de l’entre-deux-guerres que la communauté bretonne de Shanghai s’est structurée. Le 15 avril 1935 marque la fondation de l’Association amicale des Bretons de Shanghai, présidée par le commandant Le Floch, professeur à l’École Rémi (sur la Yongkang Lu actuelle). Quelques jours plus tard, le 21 avril, l’assemblée générale se tient au Cercle Jeanne d’Arc, 199 Route du Père Robert, actuellement Ruijin 2 Lu.

Puis, le 29 juin 1935, les Bretons organisent un grand banquet intitulé « Ar Mor » – « la mer » en breton – au foyer du Marin et du Soldat de la rue Victor-Emmanuel III (Shaoxing Lu), réunissant 200 personnes sous l’œil du consul de France, alors que les Français ne représentaient qu’environ 1 500 personnes. Avec l’ouverture officielle du « Jardin des Bretons de Shanghai » sur Point Island, aujourd’hui Fuxing Dao dans le district de Yangpu, un projet ambitieux voit le jour le 16 juin 1936. L’invasion japonaise d’août 1937 mettra toutefois brutalement fin à cette initiative, et l’association disparaît progressivement après le départ de son président en octobre 1936.

Une renaissance au cœur de la métropole moderne

Après plusieurs décennies de silence, la présence bretonne à Shanghai connaît une véritable renaissance en 2004 avec la création de Ker Shanghai  qui deviendra en 2008 l’Association des Bretons et des Amis de la Bretagne de Shanghai sous la direction de Marie Jo Bruneau, Gwenola Besrechel et Gwenaële Chesnais. Le Bagad Kevrenn Alré, le Cercle de St Malo et le Bagad du Faouët se produiront à Shanghai dans ce cadre. En 2014 nait le groupe WeChat intitulé Bretons de Shanghai, créé par Jacques Commault et Clément Chevrette, bientôt rejoint puis modéré par Anne Evenou, qui en assure l’animation depuis près de dix ans. En 2024, la venue du Bagad de Lorient à la Villa Basset, organisée avec le soutien du Shanghai Tourism Festival et du Consulat général de France, couronne ces efforts.

Cette dynamique se retrouve dans les parcours de figures de la communauté, que nous avons déjà rencontrées. Ainsi, Gaultier, professeur de littérature arrivé en 2016, raconte avoir choisi Shanghai « pour tenter l’aventure après son doctorat ». Quant à Simon, originaire des Côtes-d’Armor, il s’est installé en 2008 après son école hôtelière et a développé avec succès plusieurs établissements de restauration.

Retrouvez la Bretagne qui bouge à Shanghai !

Anne Evenou, est quant à elle installée à Shanghai depuis 1998 après des études de sinologie à l’INALCO et partage son temps entre communication interculturelle et projets musicaux fédérateurs dont les mythiques concerts de jazz du HeyDays tous les dimanches soirs. "La Bretagne se vit aussi au quotidien, autour d’une table ou d’un verre de cidre", explique-te-elle. "Pour beaucoup, la première halte est La Crêperie, devenue une véritable institution à Xuhui. Les établissements RAC, proposent également de savoureuses galettes et crêpes dans des cadres chaleureux, souvent agrémentés de belles terrasses. Enfin, pour une touche sucrée, les kouign-amann de Foty à Jing’an permettent de retrouver l’accent beurré et caramélisé des pâtisseries bretonnes."

Depuis plus d'un siècle, la Bretagne se raconte quotidiennement à Shanghai, comme un lien vivant entre deux rives du monde, entre cuisine, musique celtique et rencontres communautaires. Ainsi, les Bretons forment une communauté à la fois diverse, active et fière de ses racines, dont, comme le glisse Anne Evenou avec le sourire : « la réputation perdure encore aujourd'hui». Ce n'est certainement pas notre consul général Joan Valadou, dont les origines bretonnes ne sont pas un secret qui la démentira.

Kenavo à toutes et tous !

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