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Promenade historique : Les maîtres français de l'Art Déco à Shanghai

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Écrit par David Maurizot
Publié le 18 novembre 2020, mis à jour le 18 novembre 2020

Comme promis lors du dernier épisode de nos pérégrinations historiques, après les portraits de Veysseyre et Léonard, nous vous proposons un itinéraire pour en admirer leurs oeuvres architecturales dans Shanghai. Pour se faire, David Maurizot, habitué du PetitJournal Shanghai, a invité Hugues Martin, lui aussi passionné par l'Histoire de la Perle d'Orient et spécialiste de l'Art Déco.

Voyageons dans le temps. Curseur : années 20 et 30. Ces folles années où la ville prit le nom de "Paris de l’Orient ".

Imaginons les rues de Shanghai remplies de vélos, de pousse-pousses, d’automobiles à chauffeurs gantés de blanc. Imaginons le bruit, la cohue. Les odeurs. Imaginons les hommes d’affaires de toutes nationalités à la poursuite d’une fortune facile et rapide. Imaginons les architectes d’alors : sans limite, bâtissant à tout va des merveilles de modernité dans cette ville folle en plein boom. Deux d’entre eux, Français, sont passés à la postérité. Il s’agit d’Alexandre Léonard et Paul Veysseyre.

C’est avec talent qu’ils ont laissé leur empreinte sur la ville. Et quelle empreinte ! Celle de l’Art Déco, ce style si particulier qui régnait alors dans toutes les grandes métropoles du monde. Ordre. Couleur. Géométrie. La symétrie en particulier. Voilà comment définir ce style qui ne se limitait pas à l’architecture, et qui englobait tout : jusqu’aux mosaïques au sol d’un appartement, jusqu’au design effilé d’un fauteuil. Les promoteurs immobiliers qui rêvaient de grandeur n’avaient que lui en tête, et à Shanghai : cela passait par le cabinet Léornard & Veysseyre.

Partons à la recherche de leurs villas, de leurs immeubles. De ces constructions uniques qui font encore, au détour de rues bordées de platanes, le charme unique de notre cité.

 

Au long de Huaihai Lu, l’ancienne Avenue Joffre

Les Champs-Elysées de Shanghai : l’Avenue Joffre. Sa partie Est : on y allait "faire les boutiques". En particulier celles de fourrures tenues par des Russes blancs – qui avaient fui la Révolution bolchévique. Sa partie Ouest : on y habitait quand on avait un certain standing. Nous étions alors en banlieue chic, et quasiment à la campagne (le bâtiment actuel de la bibliothèque centrale de Shanghai, sur Huaihai Lu, a été construit en lieu et place d’une ferme laitière par exemple). Notre promenade commence à l’intersection de ces deux mondes : au niveau de ce qui est aujourd’hui l’iAPM. Partons du croisement Huaihai Lu / Xiangyang Lu.

1. Dirigez-vous vers l’Ouest. Traversez Xiangyang Lu, puis Fenyang Lu. Au bout d’à peine 100m vous allez déjà apercevoir le premier bâtiment notable de notre visite. Au 1162 Huaihai Lu, avec sa façade carrelée de couleur ocre, voici un de ces appartements de luxe qui existait sur l’Avenue Joffre. Il s’agit de l’Hanray Apartments. La dénomination « Hanray » vient du couple Hanna et Ray Joseph, commanditaires du bâtiment, et qui avaient leur maison juste à côté, au croisement de Huaihai Lu avec Donghu Lu (aujourd’hui le Donghu Hotel). On apprécie particulièrement bien l’Hanray depuis le trottoir d’en face. Admirez la parfaite symétrie de ce bâtiment dessiné par Alexandre Léonard en 1939. Voyez le jeu de lignes horizontales et verticales au-dessus de la porte d’entrée, puis les formes effilées au sommet de l’immeuble. Voici un magnifique exemple d’architecture Art Déco !

 

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2. Un tout petit peu plus loin, au 1206-18, s’élève une des merveilles les plus notables de Léonard et Veysseyre : le Gascogne. Composé sur la rue d’un premier bâtiment (ayant à peu près le même taille et dans un style proche mais plus arrondi que l’Hanray), mais surtout derrière d’une tour de douze étages. Véritable joyau d’Art Déco, le Gascogne était un des lieux d’habitation le plus en vue de Shanghai. Cela « faisait chic » d’y habiter et le bâtiment était alors la structure la plus élevée de son voisinage. Véritable gratte-ciel, il trônait (presque) sans rival sur l’Avenue Joffre. Paul Veysseyre lui-même y vécut pendant dix ans. Il ne reste malheureusement plus grand-chose de cette gloire d’antan qui nous semble aujourd’hui de petite taille, si ce n’est la façade. L’intérieur a été entièrement rénové dans les années 2000, et tout ce qui était d’origine, y-compris les boites aux lettres spécialement dessinées pour recevoir la livraison quotidienne de lait, a été « modernisé » et a disparu…

 

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3. Continuons notre route vers l’Ouest, jusqu’au croisement avec Changshu Lu. Vous allez apercevoir au 1323 Huaihai Lu (côté Sud), juste avant la tour moderne qui fait le coin de la rue, une construction de quatre étages qui semble avoir été téléportée depuis l’Avenue du Prado à Marseille jusqu’à Shanghai. Au temps de la Concession, elle servait à héberger les officiers d’un poste de police qui se trouvait juste à côté – et qui a été depuis rasé pour être remplacé par la tour actuelle. Toutefois, sa vocation n’a pas changé : ce sont toujours des policiers et leurs familles qui l’habitent. Probablement commissionné par la police française, on imagine que son architecte venait de la cité phocéenne. Il existe d’ailleurs deux bâtiments très similaires sur le Jianguo Dong Lu, à côté… d’un autre poste de police.

 

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4. En face, au coin Nord-Est du croisement, se trouve l’Empire Mansions. Léonard et Veysseyre n’en sont pas les architectes, mais il épouse parfaitement les canons de l’Art Déco. Depuis l’extérieur, on peut apercevoir les mosaïques aux formes géométriques au sol des cages d’escalier, et en se faufilant par l’entrée de son parking (sur Changshu Lu), on peut jeter un coup d’œil à l’arrière du bâtiment. Il y avait de ce côté-là des garages pour les automobiles et des cours de tennis – dont il ne reste malheureusement plus rien. Portez votre regard vers le ciel : la magie de l’Art Déco s’observe ici dans les formes géométriques de la façade. Les belles lignes élancées et les flèches au sommet de l’Empire Mansions offrent de fabuleuses perspectives.

 

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5. Pénétrons maintenant au cœur de ce qui était le quartier résidentiel de la « Concession ». Allons découvrir trois tours Art Déco de Léonard et Veysseyre totalement ignorées. Continuez sur Huaihai Lu (direction Ouest) en restant sur le trottoir qui se situe sur votre droite, et allez jusqu’au croisement de Fuxing Lu avec Wulumuqi Lu. Vous pouvez y arriver de deux façons différentes. Soit en restant sur la rue (d’abord Huaihai ensuite Fuxing). Soit, pour ceux qui n’ont pas peur de se perdre, en vous glissant dans l’étonnant calme de la lane Art Déco du 1412 Huaihai Lu. Celle-ci date de 1938, et dans ses dédales vous pourrez apercevoir des fresques Art Déco sur la façade des bâtiments (et plus encore, mais il vous faudra bien chercher !). En vous obstinant à aller vers l’Ouest (en prenant les portes à tourniquet), vous réussirez ensuite à déboucher soit sur Wulumuqi Lu, soit sur Fuxing Lu. Dans les deux cas, vous ne serez qu’à quelques pas du croisement mentionné plus haut.

 

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Vous voilà au niveau de deux bijoux dessinés par Léonard et Veysseyre : au coin Nord-Ouest le Boissezon (26 Fuxing Xi Lu), au coin Nord-Est le Magy (24 Fuxing Xi Lu) – nos architectes ne sont pas allés bien loin pour leur donner ces noms. Dans les années 30, Wulumuqi Lu se nommait Route Magy et Fuxing Xi Lu Route Boissezon... Vous aurez une vue parfaite de ces deux « tours » depuis le trottoir d’en face (côté Sud donc).

6. Le Magy, avec ses dix étages et ses appartements luxueux offrait l’une des meilleures vues de la Concession – et en particulier sur les villas du quartier, dont certaines d’entre elles sont aujourd’hui devenues les Consulats de France, des Etats-Unis et du Japon. A son sommet, un duplex de cinq chambres, dont deux à l’étage supérieur équipées de leurs propres salles de bain et dressing-rooms – comble de modernité. L’architecture et les formes du Magy en faisait l’un des bâtiments les plus futuristes de Shanghai : on le retrouvait en arrière-plan de publicités – à la manière de ce qui existe aujourd’hui avec les gratte-ciels de Lujiazui.

 

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7. En face du Magy, le Boissezon. Avec ses six étages et sa forme anguleuse, il est très différent de son frère aîné, mais reste néanmoins tout aussi luxueux : proposant également des appartements avec balcons, et un duplex à son sommet entouré d’une terrasse avec vue à 360°. Il devait faire bon d’y siroter un cocktail durant les lourds mois d’été…

8. Un peu plus loin à l’Ouest, toujours sur Fuxing Xi Lu, engagez-vous dans l’allée du n°34 (si le gardien veut bien vous laisser passer), vous allez rapidement apercevoir une tour de douze étages, qui ne sera pas sans vous rappeler le Gascogne. Il s’agit du Willow Court : Construit en 1931, probablement à partir des plans d’un des élèves de Léonard et Veysseyre. Son lobby a été à peine touché, et n’a jamais été « restauré », il conserve ainsi une partie des éléments originaux de style Art Déco : les boites aux lettres et les interrupteurs par exemple, mais surtout la mosaïque qui le décore. Au sommet de la première rangée de marches, avec leurs formes géométriques particulières les portes des appartements du rez-de-chaussée valent également le détour. Prenez tout votre temps, à l’intérieur et à l’extérieur, le Willow Court en vaut bien la peine.

9. Revenez maintenant sur vos pas et engagez-vous dans Wulumuqi Lu, direction Sud (sur votre droite donc). Au croisement avec Huaihai Lu, vous allez apercevoir à gauche (coin Sud-Est) le Consulat de France (1431 Huaihai Zhong Lu) et à droite (coin Sud-Ouest) le Consulat américain (1469 Huaihai Zhong Lu). La partie plus « pavillonnaire » de la « Concession » commençait ici. La villa aujourd’hui habitée par le Consul de France était à l’origine la demeure de Lucien Basset, un courtier français. Construite en 1921 dans un style « méditerranéen » - qui se retrouve dans beaucoup d’autres villas construites à l’époque – elle comporte trois étages et un sous-sol. Ses magnifiques faïences à motifs floraux lui donne un charme tout particulier. En face, la villa du Consul américain, construite également en 1921, était de son côté la résidence officielle d’un autre consul dans les années 30 : celui de la Suisse. Ces deux villas ne sont ouvertes au public que sur invitations privées. S’agissant de bâtiments officiels et sous protection policière, nous vous recommandons de ne pas les prendre en photo.

 

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Entre Wulumuqi Lu et Gao’an Lu

Quittons maintenant l’effervescence de Huaihai Lu. Partons, comme dans les années 30, à la recherche de plus de calme. C’est ici, au Sud de l’Avenue Joffre, que Léonard et Veysseyre réalisèrent une partie importante de leur travail. C’est donc sans surprise que nous allons y retrouver les villas qu’ils se sont faits construire et qu’ils ont habitées.

10. Engagez-vous sur Wulumuqi Lu (vers le Sud), avec le long mur du Consulat Américain sur votre droite, jusqu’au croisement avec Hengshan Lu. Ici, sur votre droite (au coin Sud-Ouest), vous trouverez l’ancienne Eglise protestante américaine (53 Hengshan Lu). Construite en 1924, elle était le plus grand lieu de culte protestant à Shanghai. Parfaitement rénovée, elle peut se visiter lors des offices. Cette partie de Hengshan Lu était un centre de la communauté américaine dans les années 30 : on trouve au n°10 (plus à l’Ouest) les restes de l’Ecole américaine, construite en 1923. Seul un des bâtiments administratifs demeure, construit sur le modèle de l’Independence Hall de Philadelphie. Malheureusement, il fait aujourd’hui partie de l’Institut de Recherche de la Marine chinoise, et il est impossible de l’approcher de trop près.

11. Continuez maintenant votre descente de Wulumuqi Lu jusqu’au croisement avec Yongjia Lu. Tournez à gauche (vers l’Est) sur Yongjia Lu. Vous allez atteindre d’abord la résidence de Paul Veysseyre au 590 et ensuite la résidence d’Alexandre Léonard au 588. Celle-ci est aujourd’hui occupée par une petite boutique au rez-de-chaussée mais les étages sont toujours bien habités. On peut apercevoir sur sa façade quelques détails d’inspiration Art Déco qui ne font aucun doute sur l’identité de son architecte et propriétaire. Le 590 est quant à lui quasiment invisible, malheureusement protégé du regard par de hauts murs.

 

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12. A peine plus loin, au 580 Yongjia Lu, vous pourrez vous réchauffer (un peu) dans un petit bâtiment qui abrite une courte exposition consacrée, étonnamment, à Léonard uniquement. Fait suffisamment rare pour le mentionner, le panneau introductif est rédigé en français (entre autres). Les photos exposées sont une parfaite illustration du travail réalisé par Léonard et Veysseyre : vous y retrouverez certains bâtiments que nous avons déjà vus, d’autres que nous allons voir ensemble dans la suite de cette promenade, et d’autres encore que vous pourrez aller découvrir par vos propres moyens. Une carte relativement détaillée (mais non exhaustive) pourra vous y aider.

Revenez maintenant sur vos pas et retournez sur Wulumuqi Lu en la prenant sur votre gauche (direction Sud). Si nécessaire, vous trouverez sur le trottoir de droite des toilettes publiques.

13. Un peu plus loin, le haut bâtiment que vous apercevez et qui est au n°176 est le Dufour. Voici de l’Art Déco dans toute sa splendeur ! Vu à quelque distance et en lançant le regard vers son sommet, on peut apercevoir le design original de certains balcons du dernier étage qui semblent flotter dans le vide. Les barrières métalliques des balcons et les fenêtres sont d’origines, et donnent au Dufour un cachet particulier. Si la porte donnant accès à l’avant du bâtiment est ouverte, n’hésitez pas à vous y engouffrer pour admirer la parfaite symétrie du tout.

 

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14. En ressortant, retournez légèrement sur vos pas (direction Nord) et prenez sur votre gauche la petite rue qui borde au Nord le Dufour. Le long du chemin, sur votre gauche, n’hésitez pas à aller jeter des coups d’œil sur les villas. Dans les années 30 elles étaient toutes habitées par de riches familles chinoises ou occidentales. Enfin, en arrivant au croisement avec Anting Lu, vous allez apercevoir un bâtiment fait de briques sombres, il s’agit du King’s Lynn Apartments (43 Anting Lu). L’architecture est de type géorgienne, comme elle se pratiquait au début du XIXème siècle en Angleterre. Construit en 1935, il est cependant bien contemporain du Dufour – et illustre la multitude de styles architecturaux qui se côtoyaient à Shanghai dans les années 30. La ville était alors le terrain de jeu d’architectes venus du monde entier et ceux-ci s’adonnaient à leurs plus fous fantasmes… mais n’est-ce pas encore le cas aujourd’hui ?

15. Prenez maintenant Anting Lu sur votre gauche (direction Sud) et descendez la jusqu’à Jianguo Lu. A l’angle sur votre droite (Nord-Ouest), vous trouverez un établissement qui ne devrait pas vous être inconnu. Il s’agit du Cotton’s, fameux bar niché dans une villa de l’ancienne Concession… mais pas n’importe laquelle. Nous sommes en effet sur un vaste terrain qu’avait acheté au début du XXème siècle la Foncim, le bras immobilier de l’ISS (International Savings Society), un important groupe financier de la « Concession » dirigé par des Français (contrairement à ce que son nom peut laisser croire). Le terrain était alors en pleine campagne, et la Foncim chargea Léonard et Veysseyre de réaliser les constructions de ce nouveau quartier : des bâtiments d’habitation, des maisons… dont celle qui est aujourd’hui le Cotton’s. Entre Anting Lu et Gao’an Lu, on retrouve ainsi dans ce style néo-normand à colombage, une dizaine de maisons identiques. La maison aujourd’hui occupée par le Cotton’s était la propriété de Carlos Lubeck, un Suédois né à Macao. Marié à une Chinoise (avec qui il eut neuf enfants !), il était cadre à la puissante Compagnie Française de Tramway et d’Eclairage. Ce couple heureux aimait profiter du jardin de son « pavillon de banlieue » construit par les meilleurs architectes de « la Concession. » N’hésitez d’ailleurs pas à y faire une petite pause et à prendre un verre dans leur jardin !

 

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16. Ainsi désaltérés, engageons-nous maintenant dans la dernière partie de notre promenade, et allons observer de plus près les autres développements immobiliers de Léonard et Veysseyre, financés par la Foncim. Quittez le Cotton’s et prenez sur votre droite Jianguo Lu (direction Ouest). Au croisement avec Gao’an Lu, vous allez apercevoir trois maisons identiques au Cotton’s, mais qui sont toutes dans un état bien différent. L’une au coin Nord-Est a été restaurée (y-compris son jardin) et a retrouvé toute sa splendeur. Une autre, au coin Nord-Ouest, est un véritable témoignage du temps qui passe : elle reste occupée par un nombre important de familles, sans avoir été réparée depuis 1949. Enfin, bien cachée et de dos, vous pourrez apercevoir une troisième villa au coin Sud-Est.

17. Dirigez-vous maintenant vers l’immeuble qui fait le coin Sud-Ouest (78 Gao’an Lu). Vous voici au niveau d’un joyau ignoré : le Foncim (le nom ne vous étonnera pas), une vraie merveille d’Art Déco, dessinée par Léonard et Veysseyre. Vous allez pouvoir y pénétrer soit en passant par une des portes donnant sur Jianguo Lu, soit en vous faufilant dans la cour à partir de Gao’an Lu. Le Foncim est composé de deux bâtiments : le premier, peint en jaune, donnant sur Jianguo Lu fait de quatre étages, le second, peint en gris, fait de trois étages. C’est en se promenant dans la cour intérieure qu’on se rend compte du travail de nos architectes. La symétrie de chaque structure est parfaite. Les doubles flèches leur donnent une prestance toute particulière. Mais surtout, partez à la recherche des décorations. Les mosaïques au sol des cages d’escalier valent qu’on s’y attarde : tricolores, faites de motifs géométriques, elles sont particulièrement bien conservées.

 

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18. Sortez du Foncim, et remontez Gao’an Lu (direction Nord), en direction du croisement avec Hengshan Lu. Vous avez, à la fois sur votre droite et sur votre gauche, des immeubles et des villas dessinés par Léonard et Veysseyre. Attardez-vous quelques secondes au n°52. Examinez la façade extérieur. Voyez-vous ces quelques lettres stylisées inscrites dans un cercle au sommet de la cage d’escalier ? Il s’agit du logo de la Foncim ! L’histoire de Shanghai se lit dans ces petits détails…

19. Continuez votre route, vous allez bientôt apercevoir une construction massive de couleur verte. Dessiné par l’architecte russe Alexandre Yaron au milieu des années 30, Il s’agit du Washington. Ce nom ne doit rien au hasard : le but était d’y attirer des familles américaines, et de leur vendre sa proximité avec l’école et l’église américaines (vues plus haut), situées juste à côté. Au hasard d’une porte ouverte, on peut pénétrer dans la cour arrière à partir de Gao’an Lu – et voir ainsi les garages d’époque, aujourd’hui transformés en habitation. Il s’agit encore une fois d’une très belle pièce d’Art Déco : ses fresques et ses lignes effilées sont à admirer depuis les trottoirs d’en face.

20. Continuez ensuite à remonter Gao’an Lu. Finissons maintenant en apothéose : au croisement avec Kangping Lu, au 14 Gao’an Lu, voici l’Amyron. Petit immeuble de six étages achevé en 1941 par Alexandre Léonard, chacun des cinq étages avait un agencement intérieur différent. A son sommet, encore une fois, un duplex. Celui-ci était couronné par une chambre circulaire et disposait de trois larges terrasses – afin d’y organiser des réceptions et des fêtes jusqu’au bout de la nuit… Mais surtout, ne manquez pas une petite merveille qui peut être aperçue depuis l’extérieur : dans le lobby, sur la mosaïque au sol, voici les lettres « A » et « L » inscrites dans un cercle. Voici comment Alexandre Léonard, non seulement architecte mais aussi propriétaire de l’Amyron, avait signé son œuvre…

 

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Crédits photos : Hugues Martin, David Maurizot

Hugues Martin est présent à Shanghai depuis 15 ans, passionné par la ville, son histoire et l'art déco; il est le rédacteur du blog  www.shanghailander.net

Sources : A Pleins Mains, Promenades au cœur de l’ancienne Concession française, 2008. Collectif, Six More Shanghai Walks, Tôme II, 2008. Spencer Dodington et Charles Lagrange, Shanghai’s Art Deco Master : Paul Vesseyre’s Architecture in the French Concession, 2015

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