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Brésil : Qui est Ricardo Nunes, le nouveau maire de São Paulo

Ricardo Nunes nouveau maire de Sao PauloRicardo Nunes nouveau maire de Sao Paulo
Ricardo Nunes - (reproduction)
Écrit par Guillaume Thieriot
Publié le 4 mai 2021, mis à jour le 4 mai 2021

L’état de santé du maire de São Paulo, Bruno Covas, s’est brutalement aggravé ces dernières semaines, au point de devoir se mettre de côté, et de laisser les clés de la mairie à son vice-maire, Ricardo Nunes. Pour 30 jours.

Il a été le grand absent de la campagne électorale, en octobre dernier. De fait, Ricardo Nunes, 53 ans, candidat au poste de vice-maire, devait sa place avant tout à un accord politique entre le PSDB (Parti de la Social-Démocratie brésilienne) et le MDB (Mouvement démocratique brésilien). Car pour le reste, l’homme était plutôt encombrant.

Un moment éloquent de cette gêne a été ce débat télévisé organisé par la Folha de São Paulo, où il a fallu un long moment avant que Bruno Covas ne parvienne à dire quelque chose en réponse à son adversaire de gauche, Guilherme Boulos, qui lui avait demandé d’entrée de jeu s’il mettait sa main au feu pour son vice-maire. (À lire aussi : Municipales à São Paulo, une nouvelle génération au pouvoir)

Contre le mot “genre“ dans l’éducation

A l’époque, le nom de Ricardo Nunes était cité dans des affaires de favoritisme supposé concernant des crèches de São Paulo. L’une des entreprises qui a fait sa fortune, spécialisée dans le traitement des nuisibles, a en effet été prestataire pour leur compte, et il serait aussi propriétaire de bâtiments loués par les gestionnaires de ces établissements.

On a aussi ressorti une ancienne main courante de son épouse qui, en 2011, était allée à un commissariat se plaindre d’agressions et de menaces de son mari. Pendant la campagne toutefois, ladite épouse a invoqué une faille de mémoire, et nié toute accusation de cet acabit.

L’image d’un couple harmonieux sied d’ailleurs mieux au candidat du MDB, par ailleurs connu pour ses idées conservatrices et sa proximité avec l’église catholique. Quand il était membre de la commission des finances, à la chambre municipale, il a ferraillé (et obtenu gain de cause) pour retirer le mot “genre“ du plan municipal d’éducation, estimant que la sexualité ne devait pas être abordée dans les salles de classe.

Contre l’évasion fiscale

Ce conservatisme classe Ricardo Nunes plutôt à droite. Ce qui ne l’a pas empêché, en 2012, lorsqu’il a débuté sa carrière politique comme conseiller municipal, de soutenir la municipalité très à gauche d’alors. Le maire de São Paulo était en effet Fernando Haddad, du parti des travailleurs et proche de l’ancien président Lula. Pour l’épine dorsale, on repassera.

Cela dit, ces alliances contre-nature participent du jeu politique brésilien, tout aussi baroque que le pays. Et tout entrepreneur et conservateur qu’il est, Ricardo Nunes s’est aussi fait remarquer lorsqu’il a présidé la commission parlementaire sur l’évasion fiscale, qui a infligé des amendes salées à quelques patrons de grandes banques.

C’est donc ce personnage complexe, et somme toute encore méconnu, qui prend la lumière du maire et multiplie depuis hier les réunions et les apparitions publiques, donnant l’image d’un vice en forme, à l’opposé de celui qu’il doit désormais remplacer de manière officielle pour une période de 30 jours.

Bruno Covas se débat en effet depuis 2019 contre un cancer situé dans son système digestif. Sa situation s’est brutalement aggravée ces dernières semaines et des saignements détectés dans son estomac ont nécessité une intubation dimanche. Le maire en titre a depuis été extubé, mais il reste en soins intensifs, et depuis hier en congé provisoire de son mandat.

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* Au Brésil, on élit un “ticket“ maire et vice-maire (prefeito et vice-prefeito) à la tête de l’exécutif municipal, tandis que les conseillers municipaux - les vereadores -  sont élus de façon individuelle, et siègent à la chambre municipale. Au contraire de la France, les pouvoirs exécutif et législatif sont donc ici clairement séparés. Le mandat est de 4 ans.

 

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