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VALERIO MAGRELLI - Portrait du président haut-en-couleur du prix Stendhal de la traduction

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 23 août 2016, mis à jour le 23 août 2016

Au début de l'été, la rédaction du Petitjournal de Rome rencontrait Valerio Magrelli, le président du prix Stendhal de la traduction, ainsi que Cécile Moscovitz, l'attachée du livre à l'ambassade de France en Italie dans les jardins du Palais Farnèse pour parler de la première édition du Prix Stendhal de la traduction. Valerio Magrelli, poète, traducteur, cinéphile ou « polygraphe » comme il se définit lui-même avait plein d'anecdotes à nous raconter. Florilèges auditifs et textuels.

 

Cécile Moscovitz, attachée du livre à l'ambassade de France en Italie a fait appel à Valerio Magrelli pour présider le premier jury du Prix Stendhal de la traduction qui récompense la meilleure traduction d'un roman français en italien. La rédaction a consacré un article à ce prix Stendhal ici. Au vu de son parcours, Valerio Magrelli remplira parfaitement son rôle d'expert de la traduction pour le prix Stendhal. S'il a obtenu une licence en philosophie, il enseigne désormais la littérature française à l'université de Casino. Il a également dirigé de nombreuses collection de traductions dont « Scrittori tradotti da scrittori » des éditions Einaudi. Cette collection éditait en version trilingue le texte d'un écrivain traduit par un autre écrivain ainsi que la version italienne. Ainsi, le premier ouvrage de cette collection était Quaranta sonetti de Shakespeare traduit par Yves Bonnefoy en français et Carlo Ossola en italien. Valerio Magrelli parle de « rencontres fulgurantes » entre écrivains. 

Un « polygraphe » 

Au cours de l'entretien, Valerio Magrelli se définit à plusieurs reprises comme « poète ». Il a écrit de nombreux recueils de poésie tels que Il sangue amaro ou Genealogia di un padre et s'est dédié à la traduction de nombreux poètes français tels que Mallarmé ou Valéry. Pour autant, la dénomination de poète ne lui suffit pas. Tour à tour pamphlétaire politique, journaliste reporter, il s'est essayé à tous les genres littéraires, si bien qu'il se définit comme un « polygraphe ».

 

 

« L'Esspérimentation » 

Pour décrire son travail, Valerio Magrelli parle d'expérimentation avec un accent italien délicieux. Il se dit proche des poètes Elio Pagliarani et Antonio Porta, tous deux membres du Gruppo'63, un mouvement littéraire qui a rassemblé dans les années 1960 de jeunes intellectuels qui refusaient en bloc les formes « classiques » de la littérature. Ces derniers défendaient l'étude expérimentale des formes linguistiques et de leur contenu, sans toutefois renoncer à la fonction communicative de la littérature, même si, comme le souligne Valerio Magrelli, la coexistence de l'expérimentation et de la communication n'est pas toujours évidente.

 

 Le poète Antonio Porta

 

Une formation « compliquée, bariolée » qui a conduit Magrelli de l'architecture au cinéma 

Lorsque nous avons demandé à Valerio Magrelli pourquoi il avait décidé de se consacrer à la littérature, celui-ci s'est perdu dans quelques digressions passionnantes. Même si la littérature a toujours fait partie de sa vie, notre poète se rêvait architecte aux Etats-Unis mais il n'a pas réussi l'épreuve de mathématiques. Il s'est alors laissé convaincre par un ami cinéphile de venir étudier le cinéma à Paris à 18ans.

 

Porteur de café sur les plateaux de cinéma de Fellini 

Après la théorie, la pratique. Grâce à sa mère qui partageait avec le réalisateur Federico Fellini une passion pour l'homéopathie, Valerio Magrelli a pu intégrer l'équipe de tournage du film Casanova en 1976 à 19 ans. Comme il le dit avec humour : « je portais le café à ceux qui portaient le café à ceux qui portaient le café aux aides électriciens ; Finalement au fond je voyais ? mais c'était à des centaines de mètres ? Fellini. » Perdu parmi la foule de 400 personnes qui tournaient en orbite autour du réalisateur de génie, Valerio Magrelli décide de renoncer aux plateaux de cinéma pour se consacrer à la « page blanche ». Il publie un recueil de poèmes sur lequel tombe (par hasard?) Fellini qui, emballé, l'appelle au téléphone pour le faire venir sur le tournage de Ginger et Fred. C'est une belle revanche pour Valerio Magrelli qui passe de porteur de café à « favori du roi », assis aux côtés du siège de réalisateur. Il décide d'écrire un livre autour de son histoire avec Fellini, publié cette année sous le titre Lo sciamano di famiglia (le chaman de la famille, ndlr). Valerio Magrelli a choisi 77 dessins réalisés par Fellini à travers lesquels il évoque sa propre famille, son admiration pour Fellini et la fascination de ce dernier pour l'ésotérisme, l'homéopathie, la pornographie et la bande-dessinée.

 

 (le grand maître Fellini et son film Casanova)

 

L'amour de la littérature 

Si sa relation avec le cinéma n'a pas toujours été évidente, Valerio Magrelli a toujours voué un amour inconditionnel à la littérature. Il cite en références les Essais de Montaigne, Trois contes de Flaubert et surtout La Recherche de Proust, dont il n'avait lu que la moitié à 18 ans. Il était alors étudiant sans le sou et n'avait pu acheter que les premiers tomes. Valerio Magrelli explique que lire un écrivain, c'est comme rencontrer un ami. Il se fait ainsi le porte-parole de Proust qui écrivait lui-même que « la lecture est une amitié. »

 

Valerio Magrelli, photo de Dino Ignani

 

Rendez-vous en novembre pour découvrir les gagnants du prix Stendhal de la traduction, choisis par Valerio Magrelli et sa fine équipe.

 

Louise Cognard (Lepetitjournal.com de Rome- Vendredi 15 juillet 2016

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Publié le 23 août 2016, mis à jour le 23 août 2016

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