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AMREF ITALIA - "Toutes les interventions sont menées par des Africains"

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 2 mai 2016, mis à jour le 2 mai 2016

 

Lepetitjournal.com a rencontré le responsable d'AMREF à Rome, Guglielmo Micucci. AMREF est une ONG spécialisée dans la santé pour l'Afrique. Guglielmo Micucci a travaillé sur le terrain, au Liban, en Afghanistan, en Irak ? en médecine d'urgence. Aujourd'hui en Italie, il dirige AMREF et nous parle ici de ses activités, en particulier de l'évènement prévu le 5 mai à Milan.

Lepetitjournal.com : Si vous deviez présenter AMREF à nos lecteurs en quelques mots, que diriez-vous ?

Guglielmo Micucci : AMREF est une ONG, il s'agit de la plus grosse organisation de santé en Afrique. AMREF est née il y a 16 ans à Nairobi. Au début, l'activité était concentrée sur les « flying doctors », qui se rendaient dans les zones rurales en Afrique pour soigner les populations.

A présent, l'organisation s'est étendue, nous sommes présents dans 26 pays d'Afrique et 11 pays en Europe et sur le continent américain. Les « flying doctors » sont devenus une part de l'activité, nous travaillons beaucoup en nutrition et en assainissement de l'eau, pour l'accès à l'eau potable.

LPJ : En quoi AMREF est-elle différente des autres ONG ?

GM : Notre fonctionnement est à l'opposé des autres ONG dans la mesure où toutes les interventions sont menées par des Africains. Le leadership est en Afrique, car le but est de renforcer le système de santé local. Nous formons les gens et nous les aidons pendant des années, pour le long terme.

LPJ : Quelles sont les activités d'AMREF en Italie ?

GM : Nous avons 3 missions, la première est de lever des fonds, la deuxième est d'évaluer les interventions de nos collègues en Afrique (par ex, monitoring actuellement d'un projet contre le virus Ebola), et enfin la troisième est le lobbying - nous sommes en quelque sorte l'avocat de la cause africaine auprès des institutions (Commission Européenne, Ministère des Affaires Etrangères). Notre objectif ultime est de renforcer la capacité des soignants sur place, et d'aider le système de santé localement. Quelquefois, il y a malheureusement une fuite de ces personnes qualifiées, je pense par exemple à des sages femmes formées au Burundi embauchées par la suite en Angleterre car il y manque des professionnels de santé ? 

LPJ : En Italie, vous travaillez aussi à éveiller les enfants aux problèmes de santé en Afrique ?

GM : Oui, nous avons un programme d'éducation dans les écoles. Des classes italiennes (900) sont en contact régulier avec des classes au Kenya, pour échanger leurs expériences. L'objectif est de sensibiliser la population italienne, par le biais de nos actions dans les écoles, grâce à des kits d'éducation.

LPJ : D'ou viennent vos fonds ?

GM : 70% sont des fonds privés (individuels ou corporate), 30% viennent des institutions. Cette répartition est très importante, car la part privée est supérieure et donc cela nous rend indépendant dans nos décisions vis à vis des institutions.

LPJ : Comment les gens peuvent vous aider ?

GM : Avec le 5/1000 (Il est possible en Italie dans sa déclaration d'impôt de dédier 5/1000 du montant à une ONG), par une donation comme par exemple devenir le parrain d'un enfant en Afrique, en devenant bénévole pour AMREF. Il existe plusieurs groupes de bénévoles en Italie, à Turin, à Palerme, qui interviennent dans les écoles.

LPJ : Comment êtes-vous organisés en Italie ?

GM : Nous avons environ 95% de femmes dans nos employés ! C'est une caractéristique du secteur. Parmi le staff, nous avons 2 types de personnes, certaines s'occupent de lever des fonds, développent des relations, avec empathie, et d'autres ont une expérience terrain et gèrent la programmation de nos actions.

LPJ : Quels sont vos grands projets pour 2016 ?

GM : Nous avons organisé une grande conférence en janvier à Rome, dont le but était de montrer ce qu'il y avait derrière les migrations. Le 5 mai à Milan, nous invitons nos donateurs, et nous allons présenter un fond d'investissement  : les banques peuvent investir dans ce fond, et l'ONG peut être bénéficiaire des intérêts - L'idée est de montrer qu'il est possible de lier des entreprises privées et des organisations à but non lucratif, que le partenariat peut générer un revenu sans donation.

LPJ : Est-il plus difficile de travailler en Afrique avec le problème croissant des migrants ?

GM : Cela devient presque impossible ! Il est plus difficile de récolter de l'argent, de convaincre la population que tous les Africains ne sont pas des terroristes ? Je ne suis pas très optimiste, je veux croire que les personnes sur le terrain puissent toujours faire entendre leur voix. Je ne pense pas qu'on puisse stopper les migrations, mais peut-être notre action à long-terme peut permettre de réguler le flux, en tout cas de donner le choix.

Le 5 mai à 19h : L'incontro tra Filantropia e Finanza: il nuovo Fondo Filantropico per Amref Health Africa Onlus - Palazzo Clerici, Via Clerici, 5, Milano.

Crédit photo : AMREF

Pour plus d'informations, rendez-vous sur le site d'AMREF

Propos recueillis par Anne Debaillon-Vesque (Lepetitjournal.com de Rome) - Mardi 3 mai 2016

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Publié le 2 mai 2016, mis à jour le 2 mai 2016

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