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MURO TORTO VS MUR AURELIEN - Un mur aux multiples visages

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 17 octobre 2016, mis à jour le 18 octobre 2016

 

Ouvrez et regardez une carte de Rome. Places célèbres, villas à perte de vue, mais un trait noir : un mur qui s'étend tout autour de Rome, un mur ancien, détruit et qui semble abandonné tel le vestige d'un temps lointain, si lointain que l'on aurait même oublié qu'il existe et qu'il a son importance. Nous y remédions....

Muro Torto ou mur Aurélien ?

Rome est aujourd'hui l'unique capitale européenne à avoir conservé son ancienne protection : celle voulue par l'empereur Aurélien en 271 après Jésus-Christ. A cette époque, l'empire romain est au plus mal. Depuis des décennies, les généraux se succèdent au poste d'empereur suivant les batailles remportées ou vaincues. En Occident, les barbares envahissent les régions les unes après les autres et ont presque rasé l'Italie septentrionale. L'empereur Claudio réussira à éloigner les Goths mais malheureusement, une épidémie de peste se déclenchera, ce qui provoquera son décès. Les militaires vont élire sur le trône Domizio Auréliano, homme d'origine modeste qui passera sa vie à monter l'échelle militaire. Il a une réputation de Manum ad ferru, d'homme avec toujours une épée à la main, que les hommes craignent et respectent.

Pour éviter les invasions barbares, Aurélien fait construire, ce que l'on appelle désormais les murs auréliens, une ligne de défense entourant la Rome Antique. L'idée est de « rénover » les anciens murs construits par Servio Tullio au 6ème siècle avant Jésus-Christ, qui servaient à défendre les 7 collines de Rome. Les dimensions s'agrandissent : longueur de 19 km, hauteur de 6 mètres et profondeur de 3,5 mètres. Tous les 30 mètres, sont situées des tours carrés, existant encore aujourd'hui : nous en compterons 385.

Cette prouesse a dû durer de longues années diriez-vous ? Deux ans tout juste ! Exploit étonnant et surprenant pour une ?uvre du 1er siècle après Jésus-Christ. Petite astuce utilisée : L'empereur fait englober tous les bâtiments qui se trouvaient sur le tracé du mur, permettant une diminution du temps de construction mais aussi une économie financière ! Malin !

Le muro torto est une partie du mur Aurélien. Il est long d'environ 1 km, et va de piazzale Flaminio à piazzale Brasile. Construit pendant la période de la République romaine, il encercle la collis hortulorum ou en italien Colle degli Orti, la colline des petits jardinets que l'on nommait ainsi puisque beaucoup de familles romaines importantes de la Rome antique avaient, à cet endroit, leurs demeures et jardins (Horti) sur cette colline appelée désormais le Pincio. Parmi les personnages de ces familles romaines bien connus, il y a eu Scipion et peut-être Pompée. Lucullus, général romain, a construit une très belle villa auquel s'agrège un magnifique jardin qui deviendra, au cours de la renaissance, la Villa Médicis, désormais Académie de France.

Surnoms en série

Le mur a fait l'objet de plusieurs surnoms donnés au fil des siècles. Au début, il était une « opera reticolata » en raison de sa structure composée exclusivement de carrés. Cependant, le choix d'architecture n'a pas été parmi les plus heureuses puisqu'en raison des pluies et des inondations, il a dû faire face à un processus d'érosion. Déjà au Moyen Age, il acquit le nom de "ruptus murus", précisément à cause de cette faible résistance.

En 500 après Jésus-Christ, le mur a été appelé « mur courbé » car il semblait tellement incliné qu'il semblait pouvoir s'effondrer à tout moment. Bélisaire, général fidèle à l'empereur Justinien, voulut abattre le mur pour le faire ensuite reconstruire, mais les Romains l'en ont empêché catégoriquement : il était sous la protection de l'apôtre Pierre.

Le Muro Torto est également appelé "muro malo", du fait des terres environnantes utilisées pour un usage funéraire. Depuis l'époque de la Rome papale, on y enterrait les prostituées qui, en raison de leur débauche, ne méritaient pas un enterrement religieux, mais aussi les voleurs, les vagabonds, les impénitents... Aucun bouquet de fleurs, une seule grande plaque : le mur. On raconte que les fantômes de ces âmes malheureuses errent la nuit pour essayer de convaincre les malheureux de se suicider en sautant par-dessus les murs avec eux...

Des fantômes autour du mur

Plusieurs légendes se trouvent ancrées dans ce mur. La première raconte que l'apôtre Pierre prit la défense de ce lieu, qu'il considérait comme une défense nécessaire de Rome. À chaque fois que la ville fut attaquée par les barbares, elle tenu par miracle grâce au mur toujours plus abimé.

Derrière ce mur, deux romains Targhini et Montanari, jugés coupables et décapités en 1825, furent enterrés et on raconte que chaque nuit leurs fantômes se promènent le long du mur avec leurs têtes en main, et qu'ils donnent les nombres du Loto à jouer aux courageux qui les regardent. De quoi enlever toute envie de gagner au Loto ! A Piazza del Popolo, vous pouvez encore trouver la plaque se référant à l'évènement "morte ordinata dal papa senza prove e senza difesa" (mort ordonnée par le pape sans preuve et sans défense) !

On prête aussi au lieu, le sépulcre de Néron, car indiqué sur les cartes anciennes du mur. Plus qu'une chance au Pokémon, cherchez donc son fantôme ! Une légende raconte même que lors de son enterrement, la terre se serait ouverte car l'enfer voulait faire disparaitre la tombe. Le Pape Pascal II fit construire une église dessus après avoir exorcisé le lieu.

Le mur a aussi une histoire funeste : au début des années 1900, beaucoup de personnes choississaient ce lieu pour mettre fin à leur vie. Pour arrêter cette épidémie de suicides, la commune de Rome décida de mettre des treillis métalliques « dissuasifs ».

 

Capucine Camplong (Lepetitjournal.com de Rome) - Mardi 18 octobre 2016.

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Publié le 17 octobre 2016, mis à jour le 18 octobre 2016

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