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CINEMA ITALIEN - La ville de Rome en vedette, saison 4

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 31 mars 2016, mis à jour le 27 mars 2016

 

En 1960, Federico Fellini s'écarte du néo-réalisme en tournant « La dolce vita », qui fait scandale et divise les critiques tout en  remportant la palme d'or à Cannes. Le cinéaste dépasse l'inspiration néo-réaliste où un film doit se tourner en décors réels. Dans «La dolce vita», Rome est plus un décor de cinéma qu'un personnage à part entière comme dans «Vacances romaines» ou «Journal intime». Que voit-on de la ville ?

La première scène du film nous montre la statue du Christ survolant en hélicoptère l'EUR, ce quartier rectiligne, monumental, construit pour l'exposition universelle (annulée à cause de la guerre)."Il y a quelque chose de métaphysique dans ce quartier, explique Fellini dans une interview, quelque chose de Chirico, mais aussi une légèreté, comme habiter dans un tableau ! C'est un espace de liberté. Au fond c'est comme un studio de cinéma." C'est aussi dans ce quartier que réside Steiner, l'ami de Marcello. 

La via Veneto servant de lien entre les différentes séquences a été reconstituée dans les studios de Cinecittà; la place Saint-pierre, vue de très haut depuis le Vatican est vraiment un décor de cinéma; les palais où se déroulent les soirées sont anonymes et décrépis. Seule, la fontaine de Trevi, de nuit, est sublimée par la présence d'Anita Ekberg et Marcello Mastroianni. 

Fellini rompt avec le scénario traditionnel et invente une forme inédite d'écriture cinématographique : pas de progression dramatique, mais une suite de scènes, de tableaux symboliques, à laquelle le personnage principal, Marcello, donne sa cohérence.

Marcello est un journaliste mondain, à la recherche de faits-divers croustillants, à défaut d'écrire un livre qui donnerait un sens à sa vie. Il côtoie une société de bourgeois et d'aristocrates dés?uvrés, participe volontiers à des soirées décadentes où la tristesse succède à l'ennui. Sa vie sentimentale est assez triste malgré le succès qu'il rencontre auprès des femmes : Emma avec laquelle il ne veut pas s'engager, le harcèle constamment et l'inonde de son amour envahissant, Maddalena riche héritière dés?uvrée qui traîne son désenchantement.

Quand il rencontre Sylvia, actrice américaine, (interprétée par la magnifique Anita Ekberg), il pense avoir trouvé la femme idéale : «Tu es la première femme du premier jour de la création, la mère, la s?ur, l'amante, le diable et l'ange, la halte et le refuge dans la tempête» et dans cette scène mythique du bain de minuit dans la fontaine de Trevi, que beaucoup considèrent comme érotique, je vois plutôt Marcello l'idéaliser comme une déesse, une Vénus qu'il n'ose pas caresser, ni embrasser. D'ailleurs, la magie s'arrête quand l'eau de la fontaine ne coule plus, et que l'aube arrive.

Peu à peu, la désillusion de Marcello s'accroît. D'abord avec un événement qu'il doit relater : l'apparition de la vierge devant deux enfants manipulés par des parents peu scrupuleux. Un grand spectacle pour la télévision est organisé, et se transforme en foire aux miracles, avec la déception des croyants et la mort d'un malade, venu attendre une guérison. 

Ensuite, avec la visite de son père qu'il ne voit pas souvent et avec qui il aimerait passer un peu de temps. Mais celui-ci, grisé par l'alcool et l'idée d'une jeunesse retrouvée, fait un malaise et repart en s'enfuyant presque, tant sa désillusion est grande.

Enfin, son ami Steiner, écrivain doutant de l'utilité de la vie et effrayé par l'avenir, se suicide après avoir tué ses enfants.

Cet événement le fait sombrer dans l'amertume totale et on le retrouve dans une de ces soirées décadentes, d'une tristesse infinie, où il est acteur et non plus spectateur, et presque fier de sa déchéance. A l'aube, les noctambules se retrouvent sur la plage, où des pécheurs remontent dans leurs filets un monstre marin, symbole de leur corruption et de leur propre monstruosité. A ce moment, Marcello entend une voix l'appeler : c'est une jeune fille rencontrée précédemment dans un restaurant. Ce personnage au visage de madone des tableaux de la Renaissance, symbole de pureté, aurait pu le sauver, mais il ne comprend pas ce qu'elle lui dit et retourne avec ses amis.

Fellini décrit un monde, une société, dont les bases s'effritent, une série de personnages qui en acceptent le péché et la décadence. Mais ce film ne juge pas, et on sent très bien la sympathie, voire la tendresse qu'il donne à ses personnages.  

Louisette Crombet (Lepetitjournal.com de Rome) - Vendredi 1er Avril 2016. 

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Publié le 31 mars 2016, mis à jour le 27 mars 2016

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