25 morts dont 1 policier : c’est de loin l’opération la plus meurtrière menée par la police civile de l’État de Rio de Janeiro dans une favela. Une intervention normalement interdite par la Cour Suprême.
Une importante opération de la police civile de l’État de Rio de Janeiro a été menée au petit matin, ce jeudi 6 mai, dans la favela du Jacarezinho. 250 policiers et plusieurs véhicules blindés ont littéralement pris d’assaut cette communauté de la zone nord de Rio de Janeiro où vivent plus de 37.000 personnes.
Le quartier est réputé contrôlé par le Comando Vermelho, l’une des principales factions criminelles de Rio, ainsi que pour sa violence liée au trafic de drogues. C’est d’ailleurs la lutte contre ce trafic qui aurait motivé cette action de grande ampleur, en particulier des informations d'indics sur l’enrôlement d’enfants dans les actions criminelles afférentes.
Plusieurs enquêtes lancées
Échanges de tirs nourris, grenades, bombes, blindés dans les rues étroites, trafiquants fuyant et répliquant par les toits, c'est donc une véritable scène de guerre qu'ont vécue les habitants du Jacarezinho, sans oublier les balles perdues qui ont atteint jusqu'au métro (2 blessés dans une rame). Selon les témoins, la violence serait encore montée de plusieurs crans après qu'un policier a été abattu.
Toutefois, cette action va contre l’interdiction formulée en juin 2020 par la Cour Suprême brésilienne (le STF - Tribunal Suprême Fédéral): interdiction faite à la police, du fait de la pandémie, de mener toute action d'envergure dans les favelas, sauf autorisation du Ministère Public. Or, celui-ci n’a été informé ce matin qu’à 9h, après le début de l’opération. La police a de son côté mis en avant le caractère d'urgence exceptionnel, suite aux informations qu'elle aurait reçues de ses informateurs.
Une enquête est donc déjà lancée par le Ministère Public comme par des organisations de défense des droits humains, l'ordre des avocats du Brésil et le défenseur des droits de l'État de Rio, pour déterminer les circonstances de cette intervention et les causes exactes de sa létalité. A midi, alors que l’opération était encore en cours, de nombreux habitants protestaient déjà dans les rues étroites de la favela, dénonçant les crimes commis par la police, laquelle se défend en indiquant n’avoir tué que des trafiquants. Le bilan de 25 morts est à ce stade encore provisoire ; selon le témoignage de certains habitants, il pourrait être plus lourd encore.
(Mise à jour du 8/5/2021 : le nouveau bilan est de 28 morts)