D’ordinaire, le trajet entre Brazzaville et Pointe Noire, les deux principales villes du pays, se fait par avion, un vol de 45 minutes, en excluant l’attente à l’aéroport de départ ou les retards devenus habituels ces temps-ci. Mais cette fois, du fait de petits imprévus, nous avons fait le voyage par la route, 565 Kilomètres en 10 heures, direction l'Océan. Nous voulions le faire depuis si longtemps, que c'était un moindre mal !
De Brazzaville à Pointe Noire, un périple routier pittoresque.
Le plan A est abandonné.
Le plan initial, pour ce périple routier, c’était de partir tranquillement de la capitale dans l’après-midi, de franchir une partie du chemin le premier jour - en faisant étape dans la ville pittoresque de Nkayi, avec ses nombreuses constructions de briques rouges - puis de poursuivre le jour suivant jusqu’à la grande ville océane, dès les premières lueurs de l’aube.
Mais les retards causés par les contretemps coutumiers nous ont poussés à trouver une autre solution : la journée était déjà bien entamée, la pluie ne semblait pas vouloir s’arrêter. Et la fatigue était trop grande pour prendre le risque de s’engager dans cette longue route inconnue à la nuit tombée. Nous avons donc opté pour un plan B : quitter Brazzaville très tôt le lendemain matin, et faire le trajet de jour, d’une traite.
Prêts à partir
Le réveil a donc sonné à 3 H du matin. Le chargement et les derniers préparatifs terminés, le départ a lieu un peu avant 4 H.
Il fait nuit, et la ville dort encore. Il suffit de quelques minutes pour traverser Moungali et Talangaï, cela ressemble à un miracle quand on est plutôt habitué à utiliser cet itinéraire encombré en plein jour. Quelques piétons flânent, ou partent au travail, de rares motos circulent. Les rues sont pratiquement vides et le voyage s’annonce tranquille. Les boulangeries sont déjà ouvertes et accueillent leurs premiers clients.
Le viaduc, Kintélé… Nous sommes surpris d’arriver si vite au premier péage. Grâce au récent Sommet des Trois Bassins, la route a été resurfacée, c’est un vrai billard.
Les « cyclopes » sont de sortie.
Le trafic commence à augmenter, sur les voies d’en face : des camions transportant des grumes ou des containers venus du port de Pointe Noire. Beaucoup sont des « cyclopes », avec un seul phare avant fonctionnel, ce qui les rend potentiellement dangereux. De loin, on suppose qu’une moto approche, et on se retrouve face à un monstre routier. Mais ici la route est assez large pour s'éviter.
Vers 5 H, la nuit est toujours dense. Et une surprise nous attend alors : un brouillard épais et persistant recouvre le paysage, et ralentit fortement notre rythme. Nous n’avions pas pensé à ce brouillard à couper au couteau ! C’est une sensation étrange, oubliée depuis longtemps, un souvenir d’autres pays. Il commencera à se lever bien lentement vers 6 H, en même temps que le jour.
Les arrêts se succèdent.
Les péages - il y en aura 7 sur le trajet - et les nombreux postes de contrôle de police se succèdent et mettent un peu de variété dans le voyage.
Vers 8 H, une pause est bienvenue, pour remplir les estomacs et détendre les muscles ankylosés. La déception est grande au moment de déguster les sandwiches préparés la veille au soir. Ils avaient été confectionnés avec des produits choisis. Mais le pain est déjà rassis, et le plaisir de l’en-cas a disparu. Pourtant les baguettes étaient signées par un grand nom de la boulangerie mondiale… Nous ferons bientôt un test de dégustation des baguettes, après celui des croissants !
Hop, c'est reparti.
Après les contrôles et les péages, c’est au tour d’un groupe de chèvres, installées confortablement sur la bande médiane, qui nous ralentit. C’est étonnant, et inattendu. Elles nous regardent passer sans bouger… Elles sont sans doute habituées.
Un peu plus loin, ce seront des enfants en uniforme, marchant vers l’école, qui occupent le bitume de la route à quatre voies. Impossible de relâcher l’attention : il se passe toujours quelque chose d’incongru, même sur les grands axes.
L’alphabet des villes.
Les villes et les villages se suivent, le long du ruban d’asphalte, comme rangées par ordre alphabétique : Kimbendé, Loutété, Moupépé, Madingou, Nkayi…
Vers 9 H, les grumiers de troncs et les camions transportant des containers se multiplient. Malgré les conseils répétés sur les multiples panneaux plantés près des péages, ils sont tous sur la voie de gauche et se laissent difficilement dépasser. Quelques camionneurs transportant des containers ont trouvé un moyen pour amortir le voyage : ils se surchargent de régimes de bananes, qu’il transportent en vrac sur le dessus du container.
Vers Dolisie, il est déjà 10 H. Cela commence à être un peu répétitif, sans être désagréable, la savane et les collines verdoyantes comme paysage, avec parfois un carrefour où se sont installées des vendeuses de fruits ou de victuailles. Cela dure jusqu’au niveau de la longue portion de route en cours de travaux. Une seule voie est ouverte, le passage est alterné, nous croisons un long bouchon de véhicules arrêtés qui attendent leur tour pour passer. Par chance, notre côté roule bien.
Plus loin, une belle quantité d’autocars venus de Pointe Noire nous croisent sans répit. Les opérateurs ont cassé les prix pour cette période creuse. Les places se sont bien vendues.
Les pluies sectorielles d’abord, puis permanentes nous accueillent dans le massif du Mayombe. C’est la partie la plus spectaculaire du parcours : la forêt est impressionnante, la route tourne et vire, les transporteurs de grumes sont omniprésents. Les arbres les plus imposants sont les plus exploités. Le paysage, où de multiples nuances de vert s’entremêlent, est superbe. La nature dans toute sa splendeur !
Les nids d’autruches.
L’arrivée sur Pointe Noire est calamiteuse : la pluie redouble, le ciel est sombre, les rues encombrées menant vers le centre-ville sont totalement défoncées, boueuses et parsemées de nids de poules. En réalité, la dégradation du bitume a largement dépassé ce stade : on doit être arrivé au niveau des nids d’autruches. Il faudrait organiser un sommet à Pointe Noire.
Il est 14 H, à l’arrivée au bord de l’océan. Le spectacle de la mer efface alors toutes les péripéties négatives du trajet, qui, tout compte fait, valait le coup d’être parcouru par cette longue et belle route.
De Brazzaville à Pointe Noire : c’est beaucoup plus rapide en avion, mais par les hublots, on ne voit rien d’autre que des nuages. C'est en le parcourant au niveau du sol qu'un pays se révèle.
Le retour
Le retour a été tranquille sur un route peu encombrée. Nous avons croisé les autocars venant de Brazzaville et les 20 camions de la brasserie qui allaient vers Pointe Noire pour déposer leurs caisses de bouteilles vidées à Brazzaville, repassé aux contrôles et mis 9h30 pour faire la route.
En pratique, pour l'aller retour :
- 1 500 Fcfa (Francs CFA), pour chacun de 14 péages, soit 21 000 Fcfa pour une berline moyenne
- 70 000 Fcfa de carburant, essence super.
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