

Cet enfant serait-il moins heureux avec deux papas ou deux mamans ? (AFP)
(Rédaction internationale) - Un pavé dans la mare, voilà comment peut-être perçue la décision du tribunal administratif de Besançon qui a donné son feu vert, mardi 10 novembre, à l'adoption d'un enfant par une enseignante homosexuelle vivant en couple. Les couples homosexuels doivent en effet aujourd'hui se faire passer pour célibataire pour pouvoir obtenir l'agrément. Être en couple avec une personne du même sexe ou encore afficher ouvertement son orientation sexuelle restent souvent des motifs de refus. Bien que dans ce dossier, l'enseignante soit la seule à adopter l'enfant (sa compagne est toujours considérée comme personne tiers), cette affaire a le mérite de relancer le débat.
Pour
"C'est un pas très important qui vient d'être franchi. Nous espérons surtout que ce symbole deviendra réalité pour les couples homosexuels qui demandent la reconnaissance de leur droit de parent", a déclaré le Vert Noël Mamère qui avait symboliquement marié deux hommes dans sa mairie de Bègles (Gironde). "Avant tout, ce qui compte, c'est l'amour que peut avoir un enfant quelle que soit la configuration du couple"a souligné le président du Nouveau Centre, Hervé Morin. Les associations de défense des droits homosexuels demandent au gouvernement français de prendre l'exemple sur d'autres nations européennes où l'adoption est déjà ouverte aux couples de même sexe : Belgique, Danemark, Espagne, Norvège, Pays-Bas, Suède et Royaume-Uni. Le Parti communiste acquiesce et espère que "cette décision fera jurisprudence en France et dans tous les pays de l'Union européenne". "La loi doit être modifiée", a également déclaré le député PS, Patrick Bloche. La Première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, n'a pu qu'être d'accord : "Nous voulons qu'on puisse aimer qui on veut... Nous sommes pour le mariage et l'adoption"par les homosexuels.
Contre
Autre son de cloche du côté des associations religieuses de défense de la famille. "L'éducation d'un enfant et en particulier le processus progressif de la découverte et de l'affirmation de son identité sexuelle, exigent plus que de simples 'référents' de deux sexes, mais bien la présence d'un homme et d'une femme qui entretiennent une relation stable d'amour", a estimé la Confédération nationale des associations familiales catholiques (CNAFC) reprenant la position du Vatican sur le sujet. "Dès qu'il y a un enfant, il faut un papa et une maman", a déclaré le député UMP Eric Raoult à l'Assemblée. Son collègue du Nord Christian Vanneste, plusieurs fois poursuivi pour injure envers la communauté homosexuelle, a dénoncé "la malheureuse décision" du tribunal qui "fait l'objet de l'habituel rouleau compresseur médiatique du groupe de pression homosexuel". "Cette décision consacre la disparition d'une certaine morale d'Etat et le triomphe d'une société hédoniste où les volontés de certains adultes priment sur les droits légitimes des enfants", a vilipendé l'eurodéputée FN, Marine Le Pen. Le député UMP, Hervé Mariton, propose même de déposer en 2010 une proposition de loi pour interdire l'accès à l'adoption aux célibataires.
Pas de réforme de la loi
"Il n'y a pas de projet pour réformer l'adoption en faveur des couples homosexuels. C'est un engagement du président de la République", a déclaré à l'Assemblée nationale Nadine Morano. La secrétaire d'Etat à la Famille a cependant assuré qu'un "débat" serait lancé pour "sortir de l'hypocrisie". Selon un sondage BVA, 57% des Français seraient favorables à l'adoption par des couples homosexuels. Et vous, qu'en pensez-vous ? Laissez-nous votre commentaire en bas de cet article, en indiquant vos noms, âge et lieu de résidence.
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) mardi 24 novembre 2009
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Article du Monde, L'autorisation d'adopter pour une homosexuelle ravive le débat politique


































