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La Chine investit massivement dans les semi-conducteurs

La bataille mondiale fait rage dans les semi-conducteurs, à la fois sur la quantité et sur la qualité. Pour rester dans la course, la Chine a annoncé un investissement de plus de 40 milliards d’euros.

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Les microprocesseurs sont aujourd'hui les objets d'une bataille mondiale (photo DocChewbaccasur CreativeCommons).
Écrit par Guillaume Clément
Publié le 17 juin 2024, mis à jour le 17 juin 2024

 

Un plan de 40 milliards d'Euros par la Chine

Pas moins de 40 milliards d’euros… Cette somme astronomique correspond à l’argent injecté en mai par le ministère chinois des Finances, certaines banques publiques, des collectivités locales et des entreprises du pays dans un fonds d’investissement destiné à renforcer l’industrie chinoise des semi-conducteurs. Le détail des investisseurs permet d’ailleurs de repérer quelles seront les régions bénéficiaires : les autorités de la capitale de Pékin et de la métropole de Shenzhen y sont en bonne place. Cette dernière abrite déjà le siège de nombreuses entreprises technologiques.

 

Les semi conducteurs sont aujourd’hui intégrées dans beaucoup d’objets courants :  ordinateurs, smartphones, mais aussi voitures, avions, armes (...) 

 

Ce secteur des semi-conducteurs désigne en fait plusieurs activités. Le terme peut aussi bien désigner certains matériaux, comme le silicium, que les composants électroniques qu’ils permettent de fabriquer. Parmi eux, les produits les plus connus sont les puces ou microprocesseurs, qui servent à capter, traiter et stocker des données, et sont aujourd’hui intégrées dans beaucoup d’objets courants. Ainsi, on en trouve non seulement dans les ordinateurs et les smartphones, mais aussi dans les voitures, les avions, les armes, les réseaux de télécommunication, les objets du quotidien, l’intelligence artificielle…   

    

Les pays qui dominent les semi-conducteurs

La domination dans le domaine des semi-conducteurs confère donc une double puissance économique et géopolitique. En nombre d’usines, le pays actuellement dominant est Taiwan, qui produit 60% des semi-conducteurs dans le monde, et 90% des plus avancés. Sur ce point, le leader taiwanais du marché TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company) vient de lancer la construction de deux usines aux Etats-Unis, une au Japon et une en Allemagne, ce qui a pour but de réduire les risques-pays.

Cependant, la domination s’exerce ailleurs que dans la production. D’autres étapes cruciales dépendent en fait des Etats-Unis, des Pays-Bas et du Japon. Ces trois pays sont en effet les seuls à produire aujourd’hui des machines de lithographie indispensables pour miniaturiser des puces sur les plaques ultrafines de silicium. Or, après des premiers embargos de Washington et de Tokyo dans ce domaine envers Pékin, Amsterdam a aussi restreint ses exportations sensibles vers la Chine. Le géant néerlandais ASML a donc arrêté en janvier de vendre à la Chine ses machines permettant de produire des puces de la dernière génération.

 

Une grosse concurrence asiatique sur les semi-conducteurs 

Dans ces conditions de guerre technologique, commerciale et géopolitique, la Chine n’avait donc d’autre choix que d’investir massivement dans les semi-conducteurs. Mais elle n’est pas la seule. En Asie, la Corée du Sud vient d’annoncer un plan similaire d’un montant de 17,5 milliards d’euros. Elle pourra créer un « méga-pôle de semi-conducteurs » dans la région de Séoul et s’appuyer sur Samsung Electronics et SK Hynix, deux spécialistes des puces-mémoires.

 

« comme vous le savez tous, les semi-conducteurs font l’objet d’une guerre totale entre pays ».

 

Dans ces conditions, toujours en Asie, la Malaisie vient aussi d’annoncer une aide fiscale de 5,3 milliards de dollars et des incitations ciblées pour devenir une puissance mondiale dans ce secteur. A Taiwan, TSMC a répliqué à toutes ces menaces sur sa position dominante en annonçant aussi la création de cinq nouvelles usines sur son île. Enfin, en septembre 2023, l’Union européenne avait aussi annoncé sa « Chips Act » avec pour but de doubler sa part de marché actuelle dans les semi-conducteurs, pour arriver à 20% des ventes mondiales en 2030. Bref, le meilleur résumé de cette situation a certainement été prononcé par Yoon Suk Yeol, le président sud-coréen, qui a déclaré : « comme vous le savez tous, les semi-conducteurs font l’objet d’une guerre totale entre pays ». La Chine n’a donc fait que se renforcer pour cette grande bataille.

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