Édition internationale

Chute de Bachar al-Assad : la Chine inquiète pour la stabilité du Moyen Orient

Alors que les forces rebelles en Syrie ont pris le contrôle des chaînes de télévision d'État dimanche pour annoncer ce qu'elles ont décrit comme la chute de Damas et la fin du gouvernement du président Bachar al-Assad, le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré que la Chine suivait de près la situation en Syrie et espérait que la stabilité reviendrait le plus tôt possible.

rebelles syrierebelles syrie
Les forces d'opposition paradant dans Damas ce dimanche
Écrit par Didier Pujol
Publié le 9 décembre 2024, mis à jour le 10 décembre 2024

L'évacuation des ressortissants chinois

L'évolution rapide de la situation a suscité l'étonnement dans le monde entier, les pays de la région comme les grandes puissances n'étant apparemment pas préparés au changement brutal en Syrie. Ainsi les forces d'opposition sont-elles entrées dans la capitale Damas et le président Bachar-el-Assad a semble-t-il quitté le pays pour Moscou, apprenait-on lundi.

Dans un communiqué dimanche, le ministère chinois des Affaires étrangères indiquait : "Le gouvernement chinois a activement aidé les ressortissants chinois qui souhaitent quitter le pays à le faire de manière sûre et ordonnée, et est resté en contact avec les Chinois encore en Syrie et leur a donné des conseils sur la façon de rester en sécurité. Nous exhortons les parties concernées en Syrie à assurer la sûreté et la sécurité des institutions et du personnel chinois en Syrie. L'ambassade de Chine est toujours opérationnelle et remplit ses fonctions en Syrie. Nous continuerons à apporter toute l'aide possible aux ressortissants chinois dans le besoin".

La Chine est l'un des rares pays en dehors du Moyen-Orient où Bachar-el-Assad s'est rendu depuis le début de la guerre civile en Syrie en 2011. Lors de ce voyage en 2023, largement perçu comme un signe du soutien continu de Pékin à son régime, le président chinois Xi Jinping et M. Assad ont annoncé un « partenariat stratégique » entre leurs deux pays. La Chine et la Russie, deux membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies, ont opposé à plusieurs reprises leur veto aux résolutions visant à imposer des sanctions à Assad au cours de la guerre civile syrienne qui dure depuis dix ans, mais contrairement à Moscou et à Téhéran, Pékin a nié toute implication militaire directe dans le conflit.

Des anciens d’Al-Qaïda au pouvoir

HTS qui a pris le pouvoir dimanche est le plus grand groupe de combat de l'opération de dissuasion d'agression lancée par les rebelles en novembre. Anciennement Jabhat al-Nusra, puis Jabhat Fateh al-Sham, il s'agit d'un groupe de factions alliées, dont Jabhat Fateh al-Sham, Liwa al-Haqq, Jabhat Ansar al-Din et Jaysh al-Sunna.

Au début de la guerre en Syrie, Jabhat al-Nusra a été formé en 2012 par l'EIIL (ISIS), dont il s'est séparé un an plus tard et a déclaré allégeance à al-Qaïda. En 2017, le groupe a rompu ses liens avec Al-Qaïda et s'est associé à d'autres factions pour se rebaptiser HTS. HTS contrôle en effet Idlib et compterait jusqu'à 30 000 combattants.

C'est pourquoi Li Xinggang, chercheur à l'Institut d'études sur le pourtour méditerranéen de l'Université d'études internationales du Zhejiang, estime que la Syrie est très susceptible de sombrer dans des troubles à long terme à l'avenir : "Parce que les différentes forces armées régionales ont des objectifs et des exigences différents dans le dossier syrien très compliqué."

Une situation explosive, selon les experts chinois

De même, Wang Jin, professeur associé à l'Institut d'études du Moyen-Orient de l'Université du Nord-Ouest à Xi'an, estime que l’avenir dépend de la mesure dans laquelle les groupes armés du pays peuvent s’entendre sur une solution politique. S’ils échouent, une nouvelle guerre civile pourrait éclater.

Quant à Song Zhongping, expert militaire chinois et commentateur à la télévision, il déclare : « Un autre problème inquiétant est que des terroristes et des extrémistes pourraient pêcher dans des eaux troubles dans le pays, et maintenant ils auront des armes et des ressources laissées par les forces gouvernementales syriennes, ce qui leur permettra potentiellement de mener davantage d'attaques à l'intérieur et à l'extérieur de la région. »

Alors que la Chine s’est investie pour mettre fin aux conflits au Moyen Orient, mettant notamment fin aux hostilités entre l’Iran et l’Arabie Saoudite et militant pour une solution à deux états dans le conflit israélo-palestinien, ce dernier développement pourrait bien hélas sonner le glas de ses efforts dans la région en faveur de la paix et mettre en danger ses intérêts économiques. Ceci étant, même si la Syrie a rejoint récemment le projet des Nouvelles Routes de la Soie, ce pays n'est pas un partenaire économique majeur dans la région, les investissements chinois culminant à 680 000 dollars en 2022.

A suivre

wechat Didier Pujol
Publié le 9 décembre 2024, mis à jour le 10 décembre 2024
Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.

Flash infos