Bonne Année du boeuf! Xīn nián hǎo ! Xīn nián kuàilè ! Hǎo chūnjié !
Le « passage de l'année », guònián, s'effectue dans la nuit du dernier jour du douzième ou treizième mois du calendrier lunaire. Le mot signifiant année (nián) est à l'origine le nom d'un monstre, le niánshòu. Ce monstre, à tête de taureau et au corps de lion, avait pour habitude, selon la légende, de dévorer le bétail et les habitants des villages la nuit précédant le Nouvel An. Mais un jour, un mendiant arriva au village de Taohua et promit d'en finir avec cet animal. Il colla sur les portes des maisons des papiers de couleur rouge, tira des pétards, alluma des bougies et resta éveillé, tout comme les villageois, jusqu'à l'aurore. Cette combinaison d'éléments eut finalement raison du monstre et elle est toujours d'actualité pour annoncer le renouveau dans de bonnes conditions.
Une à deux semaines avant le jour de l'An, les Chinois procèdent à un grand nettoyage de l'habitation. Draps, couettes, nappes, vêtements, tout doit être impeccable pour le « petit nouvel an » ou guòxiǎonián? Car, Zàowángyé, le dieu du Fourneau (c'est-à-dire des cuisines) dont l'effigie de papier est collée au dessus du foyer doit faire part à l'Empereur de jade, qui réside au Ciel, de la conduite sur Terre de ses nombreux sujets. Pour l'envoyer dans les nuées, les Chinois brûlent son effigie et le dieu monte au Ciel avec la fumée. Une fois accomplie sa mission, le dieu revient dans chaque maisonnée la nuit du Nouvel An, distribuant récompenses ou punitions.
La Chine en liesse et dans le reste du monde
Le Nouvel An en Chine est un évènement pyrotechnique sans pareil. Et tous les « chinatown » du monde sont emplis de bruit et de fureur, de réveillons, parades et cotillons, de pétards et de feux d'artifices. Dans les foyers, au cours du réveillon, tout est entrepris afin de chasser les mauvais esprits et purifier les âmes. Le réveillon en famille est aussi une extraordinaire leçon de chinois : on y apprend la véritable nature de la langue comprenant de très nombreuses homophonies (prononciations identiques) qui sont autant de jeux de mots symboliques. Par exemple, le poisson, yú, est homophone de surplus, yú. En en mangeant du poisson au réveillon, on place la nouvelle année sous le signe de l'abondance. Ou encore si l'on mange du gâteau traditionnel, niángāo, on est amené à grandir (gāo) en taille et en vertu.
Le Nouvel An chinois se clôt le 15 février avec la Fête des lanternes, jour de l'anniversaire de Ziwei, divinité personnifiée du zodiaque chinois.
François Gonse ( www.lepetitjournal.com/Shanghai ) vendredi 23 janvier 2009
(Crédit photo: François Gonse)