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EXPérience EXPatrié : le témoignage d’Etienne Jean en Nouvelle-Calédonie

EXPérience EXPatrié : le témoignage d’Etienne Jean en Nouvelle-CalédonieEXPérience EXPatrié : le témoignage d’Etienne Jean en Nouvelle-Calédonie
Écrit par Lepetitjournal Nouvelle-Calédonie
Publié le 18 septembre 2021, mis à jour le 18 septembre 2021

La beauté du mot « expatrié » du grec : exo « en dehors de » et : patrida « le pays » est surtout qu’il dépasse une définition unique. Ce mot est propre à celui qui le vit et qui le fait sien. Et bien que la Nouvelle-Calédonie soit la France : elle est un bout de France qui nous transforme quand on la découvre la première fois, et qu'il faut apprivoiser pas à pas, au fil des mois et des années.

 

Aujourd’hui, c’est Etienne Jean qui nous partage son expérience d’expatrié, de la Métropole à la Province Nord depuis 3 ans et demi : 

 

Expérience d’infirmier itinérant en Province Nord

 

Si on m’avait dit il y a 10 ans ou même 5 ans que je serais infirmier itinérant en brousse, en Province Nord, sur ce caillou, en plein cœur du Pacifique, je n’y aurais probablement pas cru.

Je me présente, tout d’abord, je suis Etienne, j’ai 29 ans, infirmier depuis 4 ans maintenant, je suis natif de métropole, plus exactement du sud de la France, de Montélimar, dans la Drôme.

Je vis en Nouvelle - Calédonie depuis février 2018... déjà, et je vais vous partager mon expérience.

 

Tout a commencé à Koné, “capitale” de la Province Nord, j’y vis depuis maintenant 3 ans. Fort d’une expérience en dispensaire en Province Sud et d’une autre expérience de trois ans aux urgences de Koné, l’aventure d’itinérant s'est présentée.

 

Quelles raisons m’ont motivé à me lancer ?

Tout simplement, le fait que je terminais mon contrat, c’était pour moi l’occasion de voir une autre facette du métier, d’avoir davantage d’autonomie, de sortir de cette “routine” de travail, de découvrir une autre organisation de travail et de partager ou valider ma connaissance du territoire, en particulier celle de la Province Nord.

Il existe 15 Centres Médicaux Sociaux (Belep, Poum, Ouégoa, Kaala Gomen, Voh, Koné, Poya, Canala, Kouaoua, Houailou, Ponérihouen, Poindimié, Touho, Hienghène et Pouébo). Ils travaillent en étroite relation avec les 3 centres hospitaliers du Nord (Koné, Koumac et Poindimié forment la même entité), ainsi qu’avec le Centre Hospitalier Territorial de Gaston Bourret à Nouméa.

Le fonctionnement est pluridisciplinaire, chaque CMS possède des vacations de sage-femme, psychomotricien, orthophoniste, avec bien entendu les infirmiers et les médecins.

L’infirmier en dispensaire effectue les pansements, les prises de sang, traite les urgences si besoin car elles peuvent se présenter à n’importe quel moment, effectue les pré consultations médicales, accompagne le médecin en visite tribu, veille au bon fonctionnement de la Protection Maternelle Infantile, gère la pharmacie et les commandes, et le suivi des patients chroniques.

Le poste d’itinérant consiste à remplacer les infirmiers absents dans chaque dispensaire, pour cause de formation, congés annuels, manque ponctuel au niveau de l’effectif, pénurie d’infirmiers dans certains CMS. La durée d’une mission peut être variable, une simple mission de quelques jours ou le renfort d’un mois, sur une affectation précise.

 

Il faut être polyvalent et disponible pour ce genre de poste, mais également autonome car certains dispensaires sont dépourvus de médecin à certaines périodes. Il est préférable d’avoir un bagage et une expérience aux urgences, en effet j’ai récemment travaillé sur le CMS de Belep, sans médecin, pendant une semaine. Le travail infirmier est inhérent à la présence d’un médecin, on appelle cela le rôle prescrit, j’ai pu aider ou soigner les patients de l’île avec la limite de mon champ de compétence.

La situation sur cette île, à 4 heures de bateau de Koumac, est particulière, malgré les évènements récents, la population est accueillante. Par exemple j’ai pu faire partie d’une équipe de football lors du tournoi entre tribus, qu’ils organisent tous les week-end. Cependant, la situation est préoccupante pour la population car l’absence de médecin est délétère, pour la santé de la population, majorée par l’isolement.

La découverte de l’île de Belep pour plusieurs jours a été un moment spécial, une île très sauvage, la brousse à l’état pur, avec une population locale accueillante et ouverte malgré les à priori.

J’ai pu découvrir et avoir accès à certaines tribus très reculées de Nouvelle-Calédonie, me familiariser davantage avec la culture kanak ; en effet, le rôle d’infirmier en Province Nord est aussi de suivre et accompagner la population en faisant des visites à domicile, en tribu, vérifier le bon maintien au domicile : du bon état de santé à la prise de rendez-vous, on peut assimiler cela au rôle propre.

 

J’ai pu découvrir des lieux emblématiques et très reculés comme les tribus de Ouayaguette et Tiendanite à Hienghène et vivre l’inattendu et l’improvisation d’une urgence (accident), en plein milieu de la chaîne, avec très peu de matériel, dans un contexte de visite tribu. Devoir accompagner un patient à l’arrière d’un pick-up de la tribu, serpenté la piste jusqu’à la tribu de Ouéholle, descendre la transversale en recevant la poussière de la piste à l’arrière…

 

C’est cela aussi, être infirmier en brousse. C’est savoir s’adapter, s’organiser, mais aussi respecter, être disponible et ouvert aux autres.

En résumé, l’expérience est riche, de rencontres, d’imprévus, elle permet de consolider son autonomie. Je poursuis l’aventure pour le moment, je me sens davantage utile et à l’aise en Province Nord, j’ai toujours associé Nouméa à la métropole, ce qui ne m’attire pas pour mon métier actuellement.

 

Pour conclure, cette expérience : je ne peux que la conseiller.

 

 

Vous pouvez retrouver Etienne sur son instagram : let_it___flyaway

 

Si vous aussi vous voulez partager votre expérience d'expatrié en Nouvelle-Calédonie n'hésitez pas à contacter la rédaction à cette adresse : nouvelle.caledonie@lepetitjournal.com 

 

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