Succes story, un ensemble de deux mots qui rime avec États-Unis. En partenariat avec USAFrance Financials, cabinet de gestion privée spécialiste des problématiques patrimoniales de la communauté française aux États-Unis, nous vous invitons à lire, le parcours extraordinaire de ces femmes et de ces hommes installés à New York. Aujourd’hui, nous avons rendez-vous avec l’entrepreneur Jonathan Cherki.
À la tête de la licorne Contentsquare, Jonathan Cherki est de ces fonceurs qui portent un regard rempli d’humilité sur leur succès entrepreneurial. Installé à New York depuis 2017, le Marseillais d’origine revient pour notre édition sur son aventure, ce qu’il a accompli et porte un regard vers demain. Avec passion, ambition et humilité, trois signes distinctifs de Jonathan Cherki.
L’ambition de Jonathan Cherki
« Contentsquare est une entreprise que je n’aurais pas dû créer, mon grand-père a monté il y a 70 ans une entreprise d’import-export dans les légumes secs. Mon père travaille avec mon grand-père, mon frère travaille avec mon père, donc j’aurais dû rejoindre le giron familial » explique Jonathan Cherki. Passionné de mathématiques et de statistiques, le Marseillais quitte sa ville natale pour intégrer l’ESSEC, à Paris. « Je suis monté à Paris, comme on dit dans le sud » plaisante-t-il. Contentsquare est un projet d’étudiant « qui s’est transformé en projet de vie puisque Contentsquare est la seule entreprise dans laquelle j’ai travaillé ».
Contentsquare est une plateforme SaaS (Software as a Service) d’optimisation de l’expérience utilisateur. Créée en 2008, son activité se centre sur de l’analyse de transactions et d’interactions en ligne. En mai 2021, la start-up - qui fait partie du club des licornes depuis mai 2020 - réalise une levée de fonds de 500 millions de dollars, soit 408 millions d’euros, la plus importante ayant jamais été réalisée en France. Sa valorisation s’élève à près de 2,8 milliards de dollars, soit 2,3 milliards d’euros.
Durant des années, le meilleur moyen d’améliorer les ventes en ligne était l’acquisition, « on avait Google avec son moteur de recherche, ou Salesforce avec ses e-mails, sauf que les coûts d’aquisition ont commencé à augmenter. Le trafic est sur mobile de l’ordre de 70 % et les taux de conversions sont relativement faibles, de l’ordre de 3 %, quand dans le monde physique on parle plutôt de taux de conversion de l’ordre de 30 %. Dans le monde physique, il y a toujours un vendeur pour accompagner, dans le monde digital, on est assez aveugles. Pour résoudre ce problème-là et améliorer l’expérience de ce qui se passe sur les sites internet, on a créé une technologie qui analyse le mouvement de la souris, et toutes les interactions utilisateurs afin de comprendre pourquoi une personne s’en va, où est-ce qu’elle passe du temps, quelles sont ses difficultés, quel est l’impact d’avoir vu tel visuel sur la décision d’achat, et derrière, le logiciel prodige des recommandations d’amélioration » explique l’entrepreneur.
S’entourer de talents
Il ne suffit pas d’avoir une idée pour qu’un projet entrepreneurial atteigne le succès. D’ailleurs, Jonathan Cherki le reconnaît, son idée initiale n’était pas la bonne, « au départ, je voulais mesurer l’efficacité des bannières publicitaires et j’ai vite compris que même si la bannière parait géniale, mais que le site ou l’application sont mauvais, les gens s’en vont. C’est comme ça qu’est née l’idée de comprendre ce qui se passait entre la publicité et la caisse enregistreuse ».
Pour l’entrepreneur, à la tête d’une des rares licornes françaises, le succès vient de l’idée, mais aussi de savoir bien s’entourer. Mais aussi d’écouter. Des rencontres multiples avec des futurs clients, pour comprendre leurs besoins, leurs difficultés, qui permettent de faire émaner un projet qui va se mettre à grandir. S’entourer de gens extraordinaires. De « gros profils ». « Pour ma part, je n’ai aucune autre expérience professionnelle en dehors de Contentsquare, donc j’ai essayé d’avoir des collaborateurs qui sont bien meilleurs que moi sur l’ensemble des domaines pour pouvoir faire grandir l’entreprise. Je dirais un mix de gens très expérimentés qui vont pouvoir apporter leur savoir-faire et de jeunes à haut potentiel qui vont permettre beaucoup de développement. »
Le dernier ingrédient pour expliquer le succès de Contentsquare, l’ambition. L’ambition de construire un blockbuster. L’ambition de penser à long terme et de « ne pas juste chercher à développer une petite entreprise, mais dans notre cas de figure, créer une des plus grandes boîtes de logiciel du monde, mais également l’une des meilleures par ses valeurs et par l’expérience qu’elle va pouvoir offrir à ses collaborateurs. J’apprends tous les jours, je m’éclate et c’est aussi cela que l’on recherche dans une super aventure, de contaminer les gens sur un projet, une vision et de faire en sorte que ce chemin soit extraordinaire pour tous » explique avec passion et partage, Jonathan Cherki. Celui qui décrit son aventure comme un travail d’équipe et de passion partagée. L’humilité d’un homme à la tête d’une licorne.
Seul on va vite, mais ensemble on va loin
Développement, rachat de société, investissements massifs… Dès le départ, Jonathan Cherki voulait créer « quelque chose de grand, qui allait être là pour le long terme en ayant conscience que seul on va vite, mais ensemble on va loin ». De 2021 à 2016, l’entreprise s’autofinance avec une première levée de quatre-cents mille euros auprès de business angels « ce qui nous a permis de passer de un à cent collaborateurs ». En 2016, avec un projet mature et une ambition internationale, Jonathan Cherki réalise une première levée de fonds de vingt millions de dollars et, s’envole l’année suivante, pour New York afin d’y lancer les activités américaines. Sur les trois dernières années, Contentsquare lève huit-cents millions de dollars et devient une licorne française. En 2021, l’entreprise compte mille quatre-cents collaborateurs, certains venant du rachat des six sociétés effectué par le Français ces trente derniers mois afin de créer une seule et même plateforme d’analyse. « Nous allons être amenés à beaucoup investir dans les années à venir » explique Jonathan Cherki. « Lever de l’argent traduit un besoin de financement pour déployer un certain nombre de projets. Dans notre cas de figure, notre dernière levée de fonds de cinq-cents millions de dollars consiste à investir sur trois grands domaines. Tout d’abord l’innovation pour continuer à développer de nouveaux produits ». Avec trois cents personnes en Recherche et Développement, près de mille personnes collaboreront à la R&D de Contentsquare d’ici ces trois prochaines années.
Ouvrir des pays et renforcer des zones géographiques, un deuxième objectif qui pourra être atteint grâce à cette dernière levée de fonds. « Déployer des vendeurs, du marketing, dans les géographies sur lesquelles nous souhaitons nous développer ». Contentsquare réalise actuellement 50 % de son activité aux États-Unis, 45 % en Europe et 5 % en Asie — enjeu de développement dans les prochaines années. « Une des raisons pour lesquelles nous avons choisi SoftBank, d’origine japonaise, comme l’un de nos investisseurs », explique Jonathan Cherki. Enfin, le rachat de sociétés n’est possible qu’avec ces levées de fonds. « C’est un des muscles de Contentsquare que d’incorporer de nouvelles compétences, de développer de nouvelles géographies, d’intégrer des technologies pour apporter encore plus de valeurs » explique le Français.
Ce n’est que le début de l’aventure
« Être une licorne est une bonne reconnaissance du travail des équipes, mais ce n’est qu’une étape parmi ce que nous avons à réaliser parce que nous sommes qu’au début de l’aventure Contentsquare. Je m’imagine dans vingt ans à la tête de cette entreprise en continuant à la développer et je pense que nous avons l’opportunité de pouvoir développer un blockbuster dans le secteur de l’analytics. C’est ce que nous allons chercher à faire. Je ressens que nous ne sommes qu’au début de l’aventure ». Cartésien, les pieds sur terre, Jonathan Cherki garde la tête froide quant au succès de son entreprise. Et surtout replace au centre de cette aventure, ses équipes, ses collaborateurs. « Il y a cette curiosité de découvrir toutes les nouvelles étapes et de continuer à apprendre, et c’est important pour l’ensemble de nos collaborateurs. » Ne pas regarder en arrière, foncer ! « Avancer, tous ensemble, » une des motivations quotidiennes de ce curieux de nature. Prendre des risques va de pair avec l’ambition de Contentsquare. Pousser les collaborateurs à prendre, eux aussi des risques. Accepter les échecs et apprendre d’eux. D’autres valeurs partagées au sein de Contentsquare.
Je considère être au tout début de notre aventure
La pandémie a provoqué une accélérions de la digitalisation. De nouveaux usages sont nés et de nouveaux publics ont appris à vivre et à se servir du digital. De l’internet. Ce phénomène, dresse un constat et peut-être une nouvelle ambition : l’accessibilité numérique. « Il y a un milliard de personnes sur terre qui ont des problèmes pour accéder aux contenus digitaux. Cela peut concerner des personnes atteintes d’un handicap comme la cécité ou la dyslexie, mais aussi les personnes âgées. Beaucoup a été fait dans le monde physique, mais pas assez dans le monde digital. ». De ce constat, Contentsquare crée une fondation pour l’accessibilité numérique afin d’aider les étudiants à accéder plus facilement au contenu, ainsi que les entreprises et l’écosystème à améliorer ce sujet. Une priorité pour Contentsquare.
Avec un bon timing de marché, des équipes performantes et ambitieuses, une obsession de la satisfaction des clients, une culture de l’écoute, un fort enjeu d’innovation, un contexte d’accélération digitale, une vision et une ambition forte, Contentsquare connaît une croissance extraordinaire. « On ne cherche pas seulement à faire grandir notre croissance, on cherche à avoir un impact dans le monde dans lequel on vit ». Respect de la vie privée dans un monde complètement digitalisé et investissement dans l’intelligence artificielle : deux autres prochaines étapes pour Contentsquare. En plus d’une volonté d’intervenir sur des sujets liés au climat et au développement durable.
Avec humilité, Jonathan Cherki l’affirme « je considère être au tout début de notre aventure, j’ai tellement de choses à accomplir avant de parler de succès ».
Article rédigé par Rachel Brunet, rédactrice en chef du Petit Journal New York