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Roland Lescure «Nous avons mis en place une grande partie du programme présidentiel» 

Roland LescureRoland Lescure
Écrit par Rachel Brunet
Publié le 17 juin 2021, mis à jour le 17 juin 2021

Le 17 juin 2017 Roland Lescure était élu député de la première circonscription des Français de l’étranger. Avec 79,73 % des voix des Français d’Amérique du Nord en sa faveur, il avait écrasé le député LR sortant, Frédéric Lefebvre. 4 ans plus tard, et à moins d’un an des élections présidentielles, notre édition est partie à la rencontre de Roland Lescure. Engagement politique, vie parlementaire, lois, programme présidentiel, nous revenons ensemble sur hier, nous parlons d’aujourd’hui et de demain.

Roland Lescure est député de la première circonscription des Français de l'étranger (Amérique du Nord). À l'Assemblée nationale, il est président de la commission des Affaires économiques et a été rapporteur général du projet de loi relatif à la croissance et la transformation des entreprises (Pacte).

 

Rachel Brunet pour lepetitjournal.com New York : Quand vous regardez les 4 années écoulées depuis votre élection de député des Français de l’étranger, quelles leçons, politiques et humaines, tirez-vous ?

Roland Lescure : En 2016, alors que le Royaume-Uni votait sa sortie de l’Union européenne, que les États-Unis élisaient Donald Trump, que le Front national était aux portes du pouvoir en France, j’ai décidé de quitter mon emploi et de m’engager pour la première fois en politique. Cet engagement s’inscrit dans une période portée par un homme, Emmanuel Macron, une démarche, la volonté de dépasser le clivage droite-gauche, un projet réformateur pour la France. Au cours de ces 4 dernières années, j’ai été amené à rencontrer des personnes formidables à Paris comme en circonscription : à l’Assemblée, des fonctionnaires engagés et des députés qui ont pris le risque, comme moi, de quitter leur carrière pour se consacrer au projet d’Emmanuel Macron. Et, en circonscription, des Français si différents les uns des autres et pourtant tellement si profondément attachés à la France.

4 ans après, nous avons réussi à mettre en place une grande partie du programme porté lors des présidentielles. Notre mandat a fait face à plusieurs crises, notamment celle des gilets jaunes et de la COVID-19, mais nous n’avons pas à rougir lorsque nous regardons nos résultats : la France a repris son rôle de moteur dans l’Union européenne, nous sommes redevenus attractifs pour les investisseurs étrangers, nous nous sommes attaqués à de nombreux blocages français (SNCF, éducation et marché du travail).

 

En 4 ans de mandat, quelle sont vos plus grandes fiertés, les combats les plus importants que vous ayez gagnés ?

Les succès à l’Assemblée sont collectifs et résultent des défis du quotidien. Les réformes que j’ai été fier d’accompagner à mon échelle sont celles qui ont permis par exemple d'imposer 50 % de produits issus de l’agriculture biologique dans la restauration scolaire, la loi anti-gaspillage, avec l'interdiction généralisée du plastique à usage unique, ou l’étiquetage des produits consommés. Je pense également au dédoublement des classes en primaire. Par ailleurs, la loi Énergie-climat a permis la rénovation des logements et l’interdiction des passoires thermiques. Et, j’ai eu l’honneur d’être rapporteur général de la loi Pacte, loi qui visait, notamment, à remettre au centre la raison d’être des entreprises. Enfin, nous avons fait de l’égalité entre les femmes et les hommes une réalité de l’action : lutte contre le harcèlement de rue, les violences conjugales et les inégalités économiques.

 

Et s’il y avait un échec ?

Nous avons encore du travail devant nous. Nous devons encore aller au-delà de nos propositions, de nos initiatives législatives pour faire bouger les lignes. Alors que les États-Unis ont fait face à un large mouvement citoyen l’année dernière, nous devons en France aussi travailler sur les enjeux de discrimination. Certains débats doivent continuer comme celui sur la fin de vie.

Du point de vue des Français de l’étranger, je l’ai souvent répété pendant ces derniers mois, mais nous devons avancer plus vite sur les questions de dématérialisation de certaines démarches administratives. Alors que les États-Unis permettent de refaire leur passeport par la poste, je ne peux pas croire que nous ne pouvions pas de notre côté proposer une solution qui garantirait la sécurité des documents, tout en facilitant la vie de nos concitoyens. Puis sujet important pour de nombreux Français de l’étranger, je travaillerai à ce que le dernier projet de loi de financement de la sécurité sociale permette la suppression de la CSG-CRDS pour les non-résidents de l’Espace économique européen.

 

Nous sommes à un an de la présidentielle, la possibilité d’un remaniement après les régionales est évoquée, quelles sont aujourd’hui vos priorités d’élu ?

Comme je le disais, certains dossiers occupent une grande partie de mon agenda. En ma qualité de président de la Commission des Affaires économiques, mon attention est focalisée sur la relance économique d’après-crise. En tant que député des Français d’Amérique du Nord, j’oriente une partie de mes travaux vers la simplification des démarches administratives.

 

Les Français des États-Unis sous visa se sentent victimes du travel ban américain, en place depuis mars 2020, et reconduit par le président Biden. Vous vous êtes personnellement engagé à travers des négociations pour que les Français puissent de nouveau voyager librement. Avez-vous de bonnes nouvelles à leur donner quant à une prochaine levée du travel ban ?

À ce stade, je n’ai malheureusement pas de nouvelles. Mais c’est un sujet sur lequel je continue de travailler. Je comprends parfaitement la frustration de ces Français qui ont attendu pendant plus d’un an, qui se sont fait vacciner et qui ne peuvent toujours pas revenir en France voir leur famille sans prendre le risque de ne pas pouvoir revenir aux États-Unis. C’est une frustration que j’entends et que je comprends. Je fais le point régulièrement avec les autorités diplomatiques, dont notamment l’Ambassade de France à Washington DC et l’Ambassade des États-Unis à Paris. Pour le moment, les deux administrations n’ont que peu de visibilité sur la levée des restrictions américaines. Nous espérons que la levée des restrictions de l’espace Schengen, le ralentissement de la Covid en Europe et l’avancée de la politique de vaccination des deux côtés de l’Atlantique permettront rapidement une levée du Travel Ban. La réouverture de la frontière entre le Canada et les États-Unis sera une première étape à surveiller.

 

Avez-vous déjà prévu de voyager en Amérique du Nord quand vous le pourrez ? Quel sera votre circuit ?

Comme je le dis souvent, je suis un député sans ailes, mon dernier déplacement remonte à mars 2020. J’avais alors prévu un grand tour en circonscription : Montréal, Houston, Dallas, Atlanta, Raleigh, Miami, Tampa, qui a été annulé au moment des annonces gouvernementales appelant le confinement. En conséquence, je me suis imposé les mêmes règles que celles de mes concitoyens. Nous sommes passés à une communication plus numérique, avec des meetings Zooms par région, ou globaux avec des journalistes (comme avec le Petit Journal ) – des envois de mails d’informations. Par ailleurs mon équipe a traité de nombreuses situations particulières, en 15 mois ce sont plus de 5000 emails reçus. D’une certaine manière, nous n’avons jamais été aussi proches, car en permanence disponibles pour répondre à la moindre question.

Croyez bien que je suis impatient, après plus d’un an, de retourner en circonscription. Je travaille dessus avec mon équipe. Dès que le Travel Ban sera levé, nous prévoyons une tournée à travers l’Amérique du Nord. Les rencontres alternées des Premiers ministres québécois et français pourraient m’amener à me rendre au Québec d’ici fin septembre ; j’en profiterai également pour venir rencontrer les Français de la côte Est. Je me rendrai dans un second temps sur la côte ouest et le Sud. Je communiquerai bien sûr les dates et les villes dès que nous recevrons une confirmation des nouvelles mesures en vigueur.

Dans un contexte sanitaire qui s'améliore en Amérique du Nord et en Europe, j’en profite pour souhaiter un bel été aux Français d’Amérique du Nord, malgré les circonstances actuelles. Restons prudents, et prenez soin de vous.