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Marine Assaiante et Eléa Clair: "New York donne plus de place aux films indépendants"

C’est l’histoire de deux Françaises de New York, d’un producteur oscarisé, d’une star bollywoodienne et le projet fou d’une comédie dramatique indépendante. Leur projet Her Song passe par la case du financement participatif avant un jour être, qui sait, présenté à Cannes. La productrice Marine Assaiante et l’actrice et productrice Eléa Clair partagent avec nous le script de leur expatriation. « Il n'y a malheureusement pas d'aides au cinéma indépendant aux Etats-Unis, et faire produire son film par un studio est quasi impossible de nos jours », nous expliquent celles qui ont toujours voulu vivre le rêve américain.

Marine Assaiante et Eléa ClairMarine Assaiante et Eléa Clair
Eléa Clair et Marine Assaiante
Écrit par Damien Bouhours
Publié le 12 décembre 2024, mis à jour le 16 décembre 2024

Comment êtes-vous arrivées à New York ? 

Eléa : Je devais être américaine dans une autre vie car j'ai toujours été attirée par les Etats-Unis. J'y suis allée plusieurs fois jeune et j'ai passé un an à Boston quand j'avais 19 ans. J'ai ensuite rencontré mon compagnon, qui est américain, à Paris et après plusieurs années de relation à distance, ça a été une évidence de venir vivre avec lui, ici à New York.

 

Marine: J'ai aussi toujours été attirée par les États-Unis. Quand j'étais petite, à Marseille, je voulais être actrice et star à Hollywood. Je voulais partir tout de suite après mon bac m'installer à Los Angeles (rires). Mais pour apprendre l'anglais dans un premier temps, j'ai fait une année d'Exchange Student dans le Minnesota dans une famille d’accueil, un poil moins glamour que LA ! C'était super enrichissant, une expérience incroyable. Puis je me suis installée à Paris pendant 10 ans et c'est après avoir rencontré mon futur mari à Paris, qui avait la greencard, que mon envie des Etats-Unis s'est vraiment concrétisée. Je suis partie m'installer avec lui et j'ai repris des cours d'acting dans une école américaine. Le jour où je me suis installée à New York, je me suis dis que j'étais exactement là où je devais être. 

 

New York donne plus de place aux films indépendants

 

Comment se passe l'industrie du film à New York et quelles sont ses spécificités par rapport à Los Angeles ? 

Eléa: Même si de nombreux films et séries TV se tournent à New York, Los Angeles est en quelque sorte la capitale des blockbusters et des gros projets. New York donne plus de place aux films indépendants et à des projets plus modestes.

 

Marine: C'est plus facile de filmer à New York qu'à Los Angeles, car il n'y a pas besoin de permis pour tourner ou très peu, contrairement à LA. De plus, le cadre, l'ambiance new-yorkaise est juste magique. 

 

Tout ce qui est français semble plaire aux Américains

 

Y'a-t-il un intérêt particulier des Américains pour les productions françaises ? 

Eléa: Dites que vous êtes françaises aux USA et tout le monde voudra vous présenter comme sa 'French friend'! Il y a un côté chic d'être connecté à la France et il me semble que les Américains, surtout à New York, ont cet amour du cinéma français, comme on a pu le voir avec le succès d'Amélie (Poulain) ou de La vie en Rose.

 

Marine: Comme dit Eléa, tout ce qui est français semble plaire aux Américains. C'est la French Touch, élégante et raffinée. 

 

Le film est une réflexion sur les cycles de la vie

 

Parlez-nous de votre projet Her Song

Eléa: Her Song est une comédie-dramatique qui raconte l'histoire d'Olivia, une écrivaine franco-américaine, qui retourne dans son village d'enfance dans le sud de la France pour écrire l'histoire de sa grand-mère qui a fui l'invasion nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Là, elle rencontre Madeline, une villageoise aux multiples talents dont elle va s'inspirer pour retracer ce qui est arrivé à sa grand-mère.

Le film est une réflexion sur les cycles de la vie et sur l’influence que peuvent avoir les événements mondiaux sur nos décisions quotidiennes. Il s’agit de la chanson que nous avons tous en nous, celle qu'on écoute, celle qu'on ignore, celle qui nous guide, celle qu'on a du mal parfois à entendre, celle qui nous accompagne tout au long de notre vie.

 

 

Marine: Personnellement, ce qui m'a attirée dans ce film, c'est avant tout l'écriture de John mais également les deux personnages principaux féminins. Il y a une vraie délicatesse, tant dans l'histoire, le thème mais aussi dans tous les personnages qui sont magnifiquement interprétés par les acteurs. 

 

Nous avons la chance d'avoir James Ivory comme producteur exécutif

 

Pourquoi avoir choisi de passer par une plateforme de crowdfunding pour ce projet ? 

Eléa: Nous avons la chance d'avoir James Ivory comme producteur exécutif (oscarisé pour le film Call Me by Your Name) qui nous soutient énormément et sait ce que c'est de faire un film indépendant, sans gros studios derrière nous qui financent la production. Son partenaire, Ismail Merchant, était sans cesse en train de chercher des fonds, même pendant leur tournage, pour arriver à finir leur film. Et ils y arrivaient toujours! Je crois que leur expérience nous a inspiré et en mai, nous avons décidé de nous lancer car notre actrice principale, la star bollywoodienne Kalki Koechlin, était, par chance, disponible au mois de juillet.

L'échéance étant trop rapide pour demander des aides en France ou lever des fonds de façon plus traditionnelle, nous avons décidé de faire une campagne de crowdfunding pour commencer la pré-production avec en parallèle une campagne d'equity crowdfunding pour trouver des investisseurs privés. Et tout comme pour Jim et Ismail, les étoiles se sont alignées et nous avons pu tourner l'été dernier. Nous avons commencé la post-production (montage) en octobre et nous sommes toujours en train de lever des fonds pour pouvoir terminer le film (mixage, du son, musique, étalonnage) en mai et le présenter au Festival de Cannes. On y croit!

 

Marine: Il n'y a malheureusement pas d'aides au cinéma indépendant aux Etats-Unis, et faire produire son film par un studio est quasi impossible de nos jours si le film n'est pas un Disney ou un Marvel. Nous avons donc décidé de lever des fonds par le biais d'investisseurs privés. Pour rendre le processus plus accessible à tous, nous avons mis notre projet sur la plateforme WeFunder. Cette plateforme est plus régulièrement utilisée par des start-ups en tout genre, mais il y a aussi quelques films indépendants. Ce qui est super avec cette plateforme, c'est la facilité avec laquelle tout le monde peut investir. Pas besoin d'être un expert dans l'industrie du cinéma pour faire partie du film et la somme minimum d'investissement est de $100, donc extrêmement accessible à tous. D'ailleurs, voici notre Page WeFunder si vous voulez y jeter un œil. Il est encore possible de rejoindre notre team en devant un/e investisseur/se!

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