Et de deux. Après un Prix du Public lors des Trophées des Français de l’étranger 2017, Ingrid Jean-Baptiste est lauréate du Trophée Culture/Art de Vivre de cette première édition des Trophées des Français des Etats-Unis. Une récompense méritée pour celle qui a transformé les obstacles de la vie en une véritable réussite. Son Chelsea Film Festival vient d’ailleurs tout juste de clôturer sa 11e édition. « C’est tout un réseau, un véritable écosystème, qui fait le succès de notre festival », souligne la talentueuse Martiniquaise.
Après 11 années d’existence, qu’est-ce qui fait selon vous le succès du Chelsea Film Festival ?
Je dirai que c’est la résilience. Pour cette édition, nous avons par exemple plus de 130 films de 20 pays différents. Cela représente énormément de travail. Nous communiquons avec les différentes personnes impliquées dans ces projets depuis une année. Notre succès est dû à la résilience et à notre passion.
Est-ce qu’il a été compliqué pour vous d’installer aujourd’hui votre festival comme l’un des plus reconnus aux États-Unis ?
Je pense que nous avons eu beaucoup de chance la première année. Suite à l’accident de voiture que j’ai eu en 2012, j'ai reçu beaucoup de soutien de ma communauté et des personnes que je fréquentais à l'Actors Studio de New York. J’avais autour de moi tout un réseau de personnes influentes qui m’ont soutenue lorsque j’ai eu l’idée de développer ce festival. D’autant plus que mon idée dès le départ était de mettre en lumière des réalisateurs émergents et de créer une plateforme internationale.
A partir de la quatrième année, les choses se sont compliquées. Il m’a fallu plus de financements, de promotion mais aussi de marketing. Nous avons rencontré davantage de difficultés mais nous avons persévéré. La réussite, encore une fois, tient à cette croyance que nous pouvons y arriver et ce malgré les obstacles. Nous contactons énormément la presse et nos partenaires afin de nous faire connaître ainsi que l’histoire de nos réalisateurs. C’est tout un réseau, un véritable écosystème, qui fait le succès de notre festival.
Après 11 années vous continuez d’évoluer, pouvez-vous nous parler de l’incubateur d'écriture du Chelsea Film Festival ?
Cela fait déjà plusieurs années que j’ai l’envie de créer une résidence d’écriture. Je devais le faire à la base en Martinique, mais cette idée n’a pu se concrétiser en 2020 à cause de la pandémie. J’ai donc dû réfléchir à comment redéfinir ce projet. Comme j’ai toujours une grande ambition, je me suis finalement tournée vers la création de cet incubateur qui n’est pas seulement une résidence d’écriture mais aussi une aide à la production et à la réalisation des projets.
Souvent, les scénaristes terminent leurs projets d’écriture mais ils restent dans leurs tiroirs et ne voient pas le jour. Nous les aidons donc à trouver un financement mais aussi sur la partie logistique et technique. Depuis neuf mois, nous accompagnons des scénaristes.Cinq courts métrages ont été projetés pour la première fois lors du Chelsea Film Festival.
Est-ce que le cinéma international a encore du mal à laisser sa place aux talents issus de la diversité ?
Les choses ont évolué mais les statistiques montrent bien que les scénaristes BIPOC (Black, Indigenous, People of Color) peinent davantage à avoir des projets ou à être embauchés. L’idée de cet incubateur est de pouvoir les aider et de leur montrer que tout est possible.
Quels sont vos prochains projets ?
Au-delà du Chelsea Film Festival, j’ai d’autres projets plus personnels, notamment liés à ma carrière d’actrice. J’ai déménagé à New York dans ce but. Mon accident de voiture m’a projetée sur un autre parcours mais m’a aussi aidée à faire d’autres connexions et également à mieux comprendre le système. J’ai donc d’autres projets pour le cinéma mais aussi en tant que présentatrice de télévision. J’aime me renouveler et tous ces projets me permettent de me réinventer et de nourrir mon âme et ma créativité.
Quelle a été votre réaction suite à l’annonce de ce Trophée Culture Art de Vivre des Trophées des Français des Etats-Unis ?
Je suis encore choquée de cette nouvelle. Comme du bon vin, il me faudra du temps pour la décanter et la déguster. Je remercie énormément lepetitjournal.com pour ce nouveau Trophée qui me donne du courage. Cette reconnaissance de mon travail mais aussi de celui de ma mère et associée, Sonia Jean-Baptiste, me touche beaucoup.