Trump versus Biden : un duel social en 2024

À moins de sept mois des élections présidentielles américaines, le duel Biden / Trump est de retour. Les résultats des primaires démocrates et républicaines du 12 mars 2024 étaient largement prévisibles, étant donné que les deux hommes avaient écarté toute compétition au cours des semaines précédentes. L’avortement, l’environnement ou bien encore l’immigration sont au coeur des nerfs de guerre des programmes sociaux des deux politiques, et déterminants de l’avenir des États-Unis.

 

Caucus, primaires, swing states : tout savoir sur les élections américaines
 

Biden et le programme « Build Back Better »

Dans son programme présidentiel, l’actuel président des États-Unis s’est engagé à « finir le travail » en se fondant notamment sur un défunt projet de loi, le « Build Back Better », « Reconstruire En Mieux », un plan à 1 800 milliard de dollars. Celui-ci comprend notamment des réformes concernant l’éducation, telles que l’école maternelle gratuite pour tous, la réduction des frais de gardes d’enfants, ou bien encore, la gratuité de la scolarité pour les Community Colleges, soit les universités locales proposant des formations sur deux ans. 

Au sujet de la santé, Biden compte abaisser l’âge de l’éligibilité à l’assurance-maladie, ainsi que négocier le prix des médicaments sur ordonnance : « Des millions d’Américains doivent choisir entre payer les médicaments dont ils ont besoin pour vivre ou financer leur nourriture, leur loyer et d’autres besoins fondamentaux. Ce temps touche à sa fin. », a-t-il promis.

Pour financer ce programme, le président compte augmenter les taxes sur les sociétés et les citoyens les plus riches, mais aussi relever les taux d’imposition des entreprises à 28% contre 21 % aujourd’hui - et 35% avant que Trump ne les abaisse en 2017. L’introduction d’un impôt supplémentaire supplémentaire minimum de 25% pour les milliardaires (soit 0,01% d’Américains les plus riches) apparaît aussi dans les lignes de son programme présidentiel. 

 

NEW AD: Trump overturned Roe v. Wade. Now he’s running to pass a national abortion ban.

Trump doesn’t trust women. President Biden does. pic.twitter.com/71Dhi9nQ6c

— Biden-Harris HQ (@BidenHQ) April 2, 2024

Biden défend le droit à l’avortement 

Si les sondages placent Biden derrière Trump dans la course à la présidentielle, l’actuel président américain compte bien gagner des électeurs en se fondant sur l’une des plus importantes lignes de son programme : celle de la restauration du droit à l’IVG, en plaidant notamment pour le retour de l’arrêt Roe VS Wade, ainsi que le rétablissement de la protection fédérale de l’IVG, annulée par la Cour suprême en juin 2022 : « Ce qui se vantent d’avoir [annulé la protection fédérale de l’IVG] n’ont aucune idée du pouvoir des femmes en Amérique », a-t-il déclaré le jeudi 7 mars, lors d’un discours adressé au Congrès américain. Un combat qui s’inscrit dans une actualité récente, celle de le restriction de l’avortement en Floride, introduite le 1er avril 2024 ; une décision que Joe Biden a qualifié de « scandaleuse » : « La santé et la vie des femmes sont maintenant en jeu. ».

 

Biden investi 1 000 milliards pour lutter contre le changement climatique 

Pendant son mandat, Trump, ouvertement climatosceptique, a annulé 125 réglementations environnementales visant notamment à protéger l’air, l'eau, la terre ou la faune du pays, dans l’objectif de protéger ses entreprises et son économie. En 2017, il avait retiré les États-Unis de l’Accord de Paris, un traité international qui engage légalement les pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Rétabli en février 2024 par l’actuel résident de la Maison Blanche, ainsi que bon nombre de ces autres réglementations, Joe Biden possède un programme bien plus riche en engagements environnementaux que son adversaire.  Plus récemment, il a annoncé vouloir taxer de 400 % sur le carburant  les jets privés polluants. Cette annonce s’inscrit dans sa ferme lutte contre la pollution aux particules fines, avec l’objectif d’ici 2032 de la réduire totalement. 

Mais le programme environnemental à 1 000 milliards de dollars de Biden reste largement critiqué par les Américains, qui l’accusent d’endetter le pays. Malgré ces engagements, les États-Unis sont également devenus le plus grand producteur mondial de pétrole et de gaz, ainsi que le plus grand exportateur de gaz naturel pendant son mandat. 

 

President Biden: “My message to President Putin, who I have known for a long time, is simple: We will not walk away. We will not bow down… History is watching.” pic.twitter.com/jqhEqtFFFq

— MSNBC (@MSNBC) March 8, 2024

 

Biden pousse à une législation sur les armes à feu

Dans un contexte marqué par de nombreuses fusillades mortelles aux États-Unis, telles que celle survenue lors de la parade du Super Bowl à Kansas City le 14 février 2024 ou celle dans un collège de l’Iowa le 4 janvier, Biden exhorte à une législation sur les armes à feu. Cette proposition de loi vise particulièrement l’AR-15, l’arme dite « privilégiée » des tueurs en masse américains et la plus vendue dans les armureries. L’objectif du politique américain est de « mettre fin à cette épidémie insensée de violence par arme à feu qui déchire [le pays] » avait-il partagé dans un communiqué de la Maison Blanche, suite aux drames à Kansas City. 

 

Trump : sécuriser les frontières et réduire l’immigration

L’une des mesures phares du programme de Donald Trump portait sur la construction d’un mur d’environ 700 km séparant les États-Unis et le Mexique. Alors que les chiffres d’entrées illégales sur le territoire américain ont atteint des records en décembre 2023, s’il est réélu en 2024, le démocrate souhaite « sécuriser entièrement » cette frontière de 3.000 km. Dans la même idée, il souhaite également révoquer le droit du sol pour les enfants d’immigrés sans papier : « 100% de probabilité qu'il y ait une attaque terroriste d'ampleur aux États-Unis menée par des personnes ayant traversé la frontière avec le Mexique ! », avait-il écrit sur son réseau social Truth Social.

 

La communauté LGBTQIA+ dans la ligne de mire de Trump

Contre les « guerres culturelles », entendons donc les luttes contre le racisme, l’homophobie, la transphobie, ou le sexisme, Trump s’engage à sévir contre les médecins proposant des soins de transition aux mineurs transgenres et contre les « communistes aux cheveux roses » qui enseignent l’histoire du racisme à l’école d’une façon dit-il « inappropriée ». 

 

 

Un pari risqué sur l’IVG

Après des mois de délibération sur la législation fédérale concernant l’Interruption Volontaire de Grossesse, Trump a révélé, dans une vidéo diffusée le lundi 8 avril sur son réseau social préféré, qu’il laisserait désormais aux États le pouvoir de décider de cette question : « Les États détermineront par vote ou par une loi, ou peut-être les deux. Quelle que soit leur décision, elle doit avoir force de loi. » Une déclaration peu stratégique pour l’ancien président, qui risque de décevoir beaucoup de ses électeurs conservateurs et anti-avortement. 

 

 

Annuler les restrictions sur les armes à feu

Alors que les États-Unis sont encore endeuillés des terribles fusillades survenues au début de l’année 2024, Donald Trump propose la création d’un crédit d’impôt pour dédommager les professeurs enseignant l’utilisation des armes à feu. Cette mesure s’inscrit dans ces promesses d’annulation des restrictions mises en place par Biden : « Toutes les attaques de M. Biden contre les propriétaires et les fabricants d'armes à feu seront annulées dès ma première semaine au pouvoir, voire dès mon premier jour », a-t-il déclaré dans un discours prononcé devant des milliers de partisans, lors du salon Great American Outdoor à Harrisburg, en Pennsylvanie. 

 

Rétablir la peine de mort pour les trafiquants de drogue

Afin de lutter contre la crise de fentanyl, couramment dite « la drogue du zombie », qui sévit un peu partout dans le pays et qui est à l’origine de nombreuses overdoses mortelles, Trump propose de désigner les cartels mexicains comme des organisations terroristes. Il souhaite ainsi rétablir la peine de mort pour les trafiquants de drogue : « Ils tuent nos citoyens et empoisonnent nos beaux enfants. ».

Dans cette même continuité, le candidat républicain défend le retour des interpellations et des fouilles arbitraires, dites « stop and frisk », pratiquée par la police à l’échelle nationale. Selon lui, elles permettent de mettre fin aux violences au sein des communautés noires. Des mesures qui s’inscrivent dans sa volonté de « rétablir la loi et l’ordre », avec une autre mesure portant sur le déploiement de la Garde nationale dans les villes dirigées par des femmes et hommes politiques de gauche. 

 

 

Le réchauffement climatique, une "escroquerie" selon Donald Trump

En ce qui concerne l’environnement, aucune mesure engagée à ce sujet n’apparait dans son programme politique, mis à part tout miser sur l'énergie fossile. Mais selon l'ancien président, il faudrait tout de même fermer les bureaux des énergies renouvelables du ministère de l'Énergie, , qu'il considère comme "escroquerie". Sortir de l'Accord de Paris, faire la guerre aux adaptes de voitures électriques qui mériteraient "d'aller rôtir en enfer", réduire le financement du bureau de justice environnementale de l'Agence de protection de l'environnement...

Une chose est claire pour Donald Trump : le climat "a toujours changé" et ne s'inscrit, pour le moment, pas dans ses priorités...