Édition internationale

Montréal Séries : un festival pour les amoureux des fictions télévisées

Unique en Amérique du Nord, Montréal Séries fait vibrer le Quartier Latin en réunissant productions locales et internationales dans une ambiance à la fois festive et accessible. Entre tapis rouge, masterclasses et projections, le festival mise sur la diversité des œuvres et la proximité avec le public. Sa présidente, Brigitte Janson, nous en dévoile les coulisses.

Brigitte JansonBrigitte Janson
Brigitte Janson, présidente du Festival Montréal Séries - Photo Courtoisie
Écrit par Bertrand de Petigny
Publié le 20 août 2025, mis à jour le 24 août 2025

 

 

« Il y a des festivals de cinéma partout, mais aucun consacré exclusivement aux séries en Amérique du Nord » - Brigitte Janson

 

 

Inspirée par les expériences européennes comme Séries Mania (Lille) ou Canneseries, Brigitte Janson, a voulu combler ce vide à Montréal, ville de festivals par excellence. L’an passé, la première édition a attiré plusieurs milliers de curieux.

 

Un prix emblématique : la Méduse

Si Montréal Séries ne remet qu’un seul prix – le prix du public de la meilleure série –, il se distingue par son originalité. La statuette, surnommée la Méduse, reprend le visage mythologique aux serpents, avec un œil de caméra en or. « Comme la Méduse, une bonne série vous pétrifie devant l’écran : vous enchaînez les épisodes jusqu’au petit matin », sourit Brigitte Janson. Chaque année, un artiste différent est invité à personnaliser le trophée, en faisant une pièce unique exposée aux yeux des festivaliers, cette année la tâche a été confiée à Stikki Peache.

Le lauréat est désigné directement par les spectateurs. À la sortie des projections, chacun reçoit un jeton coloré qu’il dépose dans une urne s’il souhaite soutenir la série qu’il vient de voir. Un vote complémentaire est également possible en ligne. « Cela nous garantit que ce sont bien les gens présents dans la salle qui font entendre leur voix », précise la présidente.

 

 

L'affiche du Festival (version rose)

 

 

Une programmation riche et éclectique

Cette année, le festival s’ouvre au Théâtre Saint-Denis avec Kaboul, une ambitieuse coproduction européenne tournée par deux réalisatrices polonaises, et s’achève avec la première mondiale de Montmartre, produite par TF1, Authentic Prod et Banijay et tournée par le Québécois Louis Choquette. Quinze séries sont au programme, venues de Corée, de France, de Pologne, du Canada et d’ailleurs. 

 

Parmi les séries présentées
Pitago Stop, une comédie autochtone inspirée de The Office, qui sera présentée en première mondiale ;
La Rebelle, portrait de la vie de George Sand ;
ANAON ; entre phénomènes surnaturels et secrets ancestraux
Lady Love, inspirée de l’histoire vraie d’une religieuse devenue figure du porno en Allemagne ;
Doubt, série coréenne qui a déjà suscité l’intérêt de Netflix.
 

 

 

Retrouvez l’actualité du Festival sur sa page Facebook

 

Les séries sont projetées en version originale, afin de préserver l’authenticité des œuvres. Le festival s’efforce cependant de rendre ces productions accessibles au plus grand nombre : « Nous tentons d’avoir un maximum de séries étrangères sous-titrées en français », précise Brigitte Janson. Un effort essentiel pour un public montréalais attaché à la diversité culturelle et linguistique.

Toutes les projections des séries en compétition se tiennent dans l’auditorium de la Grande Bibliothèque (BAnQ), offrant un cadre emblématique et prestigieux. À côté des projections, le festival propose chaque jour des masterclasses animées par des réalisateurs et producteurs venus d’Europe et d’Amérique du Nord.

 

 

Un partenariat et des nouveautés

Grande nouveauté de cette deuxième édition : Montréal Séries officialise un partenariat avec Canneseries, l’un des festivals européens de référence. Cette collaboration renforce la visibilité de l’événement montréalais et lui confère une légitimité internationale. « C’est une reconnaissance qui nous consolide aux yeux des professionnels et des journalistes », souligne Brigitte Janson.

Autre nouveauté : l’arrivée des Docu Séries au programme. En plus des fictions, le festival accueille désormais des récits documentaires en plusieurs épisodes, explorant des faits divers, des enjeux sociaux ou des portraits singuliers. Une manière d’élargir la palette des formats et de refléter l’évolution actuelle de la production télévisuelle.

 

 

 

 

Une ambiance festive et accessible

Au-delà des salles, Montréal Séries investit le Quartier Latin, cœur vivant de la métropole culturelle, avec un grand tapis rouge et des 5 à 7 conviviaux où les festivaliers côtoient acteurs et réalisateurs. « On veut que tout le monde se sente bienvenu, que ce ne soit pas un festival élitiste », insiste sa présidente.

 

Le prix des billets est volontairement bas : 10 $ pour une séance ou une masterclass, et 30 $ pour un pass donnant accès à l’ensemble des projections.

 


 

Les détails de la programmation et l’achat des billets 

 

L’importance des séries dans nos vies

L’engouement mondial pour les séries télévisées est aujourd’hui un fait culturel majeur. Conçues pour s’intégrer au quotidien, elles s’accordent au rythme de vie actuel avec des formats courts (20 à 60 minutes) et des épisodes à suspense qui appellent la suite. En France, 66 % des spectateurs en regardent au moins une par semaine, et près d’un tiers en consomment tous les jours. Au Canada, la proportion atteint 77 %, avec une intensité particulière chez les 18-34 ans et les femmes, qui consacrent parfois plus de 180 visionnages par an.

Cette omniprésence tient aussi à la dimension émotionnelle des séries. Les spectateurs s’attachent aux personnages, jusqu’à les intégrer à leur univers affectif – comme l’ont montré les générations de fans de Friends. Les intrigues complexes, la diversité des thèmes – de la chronique familiale aux drames cathartiques en passant par les enjeux sociaux ou politiques – nourrissent un véritable attachement.

 

 

Un phénomène social et culturel

Au-delà de l’expérience individuelle, les séries sont devenues des vecteurs de sociabilité. Elles fédèrent des communautés de fans qui échangent théories et impressions, transformant chaque épisode en événement partagé. Elles s’imposent aussi comme des miroirs culturels, abordant des thèmes d’actualité tels que l’égalité des genres, le racisme ou l’urgence climatique, et alimentent ainsi débats publics et réflexions sociales.

L’impact est mesurable : Squid Game a dépassé les 260 millions de visionnages en moins de trois mois, tandis qu’en France, plus de 170 nouvelles séries originales ont été produites en une seule saison (2016-2017). Loin d’être un simple divertissement, les séries façonnent nos loisirs, influencent nos discussions et participent désormais à la construction de nos représentations collectives.

 

 

Vers un moteur pour l’industrie de la série

Avec son prix du public, sa programmation internationale et son atmosphère décontractée, Montréal Séries s’impose déjà comme un rendez-vous original dans le paysage culturel nord-américain. Mais un festival ne se limite pas aux projections : il peut devenir un lieu d’échanges, de découvertes et de rencontres professionnelles. À terme, on pourrait souhaiter que Montréal Séries s’affirme non seulement comme une vitrine de la diversité des créations télévisuelles, mais aussi comme un véritable carrefour où se rencontrent producteurs, diffuseurs, scénaristes et talents émergents.

Devenir un festival moteur, c’est permettre aux séries d’ici de rayonner à l’international, tout en offrant au public québécois et nord-américain la possibilité de découvrir des œuvres venues du monde entier. C’est aussi inscrire Montréal sur la carte mondiale des grands rendez-vous culturels, à l’image de Canneseries ou Séries Mania, et contribuer à faire de la ville un point d’ancrage incontournable pour l’avenir de la fiction télévisuelle.

 

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