Figure montante du journalisme littéraire en Haïti, animateur de balados, auteur et militant de la lecture, Marc Sony Ricot incarne une génération d’intellectuels engagés. Entre les rues meurtries de Port-au-Prince et les trottoirs enneigés de Montréal, son parcours raconte l’exil, l’engagement et la force des mots pour résister à la violence.
De Port-au-Prince à Montréal : un voyage entre cris et silences
Quand il débarque à Montréal, le 1er février, Marc Sony Ricot vient de traverser un long périple semé de questions d’immigration, de froids intérieurs et extérieurs, et d’angoisses silencieuses. « Quand on quitte son pays comme ça, avec hâte, il y a un poids qu’on porte sur le dos que seuls ceux et celles qui ont fait le voyage peuvent ressentir », écrit-il.
Son récit de l’aéroport Montréal-Trudeau est à la fois banal et déchirant. Car derrière chaque question d’un agent, c’est l’ombre de la crise haïtienne qui s’invite : l’aéroport fermé, les gangs, l’incertitude, la peur. Et cette première nuit montréalaise, "froide, triste et horrible", donne le ton de ce qui suivra.
La chronique de Marc Sony publiée en Opinion dans le journal La Presse
Journaliste de combat et écrivain de conviction
Depuis plus de six ans, Marc Sony Ricot écrit pour Le Nouvelliste, le plus grand quotidien d’Haïti. Il y partage sa passion des livres, de la jeunesse, et de la mémoire. En 2024, il dirige Secrets d’écrivain et mystère de la lecture, un ouvrage collectif qui rassemble une trentaine d’auteurs francophones. Il anime aussi plusieurs podcasts, dont Des fous et des dieux, espace de liberté où il donne la parole à celles et ceux qui pensent le monde à travers la littérature. « J’aime les petites choses simples de la vie », dit-il, mais il manie les mots avec une gravité lucide, une tendresse douloureuse.
Les balados Des fous et des dieux de Marc Sony
Une parole engagée, entre rage et tendresse
Ricot n’écrit pas pour décorer le réel, il le découpe, le questionne, le porte à vif. Les balles perdues qui tuent les jeunes près du Palais national, les écoles fermées, l’avenir muselé — il connaît tout cela. Son ami Tchadensky Jean Baptiste, brillant étudiant à l'école normale, a été tué ainsi. « On fait le grand voyage avec eux. Il n’y a rien de pire qu’une mort qui nous habite », confie-t-il.
À Cité Soleil, il cofonde un club de lecture pour transmettre autre chose que la peur. Et aujourd’hui, depuis Montréal, il continue de parler. D’Haïti. De la dignité. Des livres. De la possibilité, peut-être, d’un monde moins cruel.
"Secrets d’écrivain et mystère de la lecture" : rencontre avec Marc Sony Ricot
Une plume libre sur Mondoblog
En parallèle de ses chroniques journalistiques, Marc Sony Ricot tient un blog au titre aussi décalé qu’évocateur : Caleçon rouge. Hébergé sur Mondoblog, cette plateforme de RFI dédiée aux jeunes plumes francophones, le blog est un espace de liberté littéraire où il mêle récits du quotidien, méditations intimes et portraits de la vie haïtienne.
On y lit des textes sensibles, parfois teintés d’humour, souvent poignants, comme Ma ville n’a pas assez de livres, où il dénonce l’inaccessibilité de la lecture pour les jeunes de sa génération. Depuis son arrivée à Montréal, il y raconte aussi ses impressions sur sa terre d’accueil, entre froid mordant, découvertes urbaines et solitude d’exil. Caleçon rouge, c’est le journal de bord d’un écrivain de l’intérieur.
Sous le ciel de Montréal, une autre page s’ouvre
En marchant sur Saint-Denis ou en observant le fleuve, Marc Sony Ricot voit parfois un petit bateau en papier couler. « C’est mon pays, Haïti. » Il demande qu’on aide à ne pas le laisser sombrer. Mais déjà, dans cette ville inconnue, une autre histoire commence à s’écrire.
LePetitJournal Montréal est heureux d’accueillir Marc Sony Ricot parmi ses plumes. Depuis sa nouvelle terre d’accueil, il nous livrera, à son rythme, son regard sensible et engagé sur Montréal, le Québec, et la manière dont on y construit une vie quand on vient d’ailleurs.
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