Pour la première fois, l’événement Choose France posait ses valises à Montréal, ce 18 novembre, dans l’amphithéâtre Rachelle-Alain-Paris de HEC Montréal. Portée par Business France, le Service économique régional et l’ensemble de l’Équipe France, cette rencontre a réuni décideurs, investisseurs, dirigeants d’entreprises et représentants institutionnels autour d’un même objectif : renforcer les ponts économiques entre la France et le Québec. Rythmée par deux tables rondes et conclue par l’ambassadeur de France au Canada, Michel Miraillet, la journée a révélé un écosystème transatlantique plus solide et plus prometteur que jamais.


Il revenait à Serge Godin, fondateur et président exécutif de CGI, d’ouvrir cette première édition. Dans une intervention très attendue, il a rappelé la profondeur des liens économiques entre la France et le Canada, mais aussi leur potentiel encore inexploité.
« Nous avons deux économies qui se comprennent, qui se complètent et qui veulent avancer ensemble », a-t-il affirmé, saluant la croissance exceptionnelle de CGI en France — aujourd’hui plus de 15 000 employés — comme l’illustration d’une implantation réussie, fondée sur la confiance et sur la stabilité du marché français.
Son intervention, ponctuée d’anecdotes sur les premiers pas de CGI en Europe, a donné d’entrée de jeu un ton concret et inspirant à la journée : celle de dirigeants qui parlent d’expérience, pas d’intentions.
Industrie et transition énergétique : une dynamique déjà en mouvement
La première table ronde, consacrée aux défis et opportunités de la transition énergétique, a été animée par Martine Letarte, dont la capacité à faire circuler la parole, relancer les intervenants et amener les témoins à dévoiler le « hors-script » a été unanimement remarquée.
Autour d’elle, Gary Basile (CarbiCrete), Isabelle Fontaine (Boralex), Patrick Ferron (Altios) et Benoît Paldrup (Qualisteo) ont partagé des perspectives à la fois techniques et très pratiques.
Parmi les moments marquants, l’intervention d’Isabelle Fontaine, qui a rappelé combien les projets industriels exigent aujourd’hui « des partenariats agiles et une expertise intégrée, parce qu’aucune entreprise ne peut réussir seule sa transition carbone ».
Gary Basile a insisté sur le rôle croissant des solutions québécoises dans les chaînes de valeur européennes, tandis que Patrick Ferron a témoigné de la montée rapide des collaborations scientifiques transatlantiques.
Le public a particulièrement apprécié les retours d’expérience sur les défis de financement, sur la question cruciale des talents et sur l’importance de la réglementation européenne — souvent perçue à tort comme un frein — dans la structuration d’un marché stable et prévisible.

Numérique et Intelligence artificielle : un terrain de jeu partagé
La seconde table ronde a plongé dans l’univers foisonnant du numérique et de l’IA. Layla Nasr (Makila AI), Ludovic André (Crédit Mutuel Equity), Lionel Rigaud (QbitSoft) et Pascal Leblanc (Mantle Technology) y ont dévoilé sans détour les enjeux concrets auxquels leurs organisations font face : souveraineté des données, montée en puissance du quantique, concurrence mondiale, sécurité des systèmes.
Avec la même maîtrise que lors du premier panel, Martine Letarte a su instaurer un climat d’échange franc, n’hésitant pas à recentrer, reformuler ou creuser une idée pour la rendre intelligible à tout l’auditoire.
Layla Nasr a ainsi rappelé que « l’IA responsable n’est pas une option morale : c’est un avantage concurrentiel », tandis que Lionel Rigaud a partagé une anecdote frappante sur les difficultés que rencontrent les startups du quantique lorsqu’elles doivent naviguer entre deux continents à l’évolution technologique asymétrique.
Quant à Pascal Leblanc, il a insisté sur un point apprécié du public : l’importance de penser très tôt à l’international, même pour une équipe encore restreinte et surtout de ne pas sous-estimer les régions françaises. « Tout ne se passe pas qu’à Paris, en France ». Son expérience dans ce domaine en a fait réfléchir plus d’un dans la salle.

Un ambassadeur mobilisateur et un écosystème parfaitement coordonné
Le discours de clôture de Michel Miraillet, ambassadeur de France au Canada, a donné une dimension politique et prospective à l’événement. Il a d’abord tenu à saluer les organisateurs — Business France, le Service économique régional, les régions françaises partenaires (Martinique Développement, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est, Hauts-de-France, Région Sud...), la French Tech, les partenaires privés (Crédit Mutuel Equity et Altios) ainsi que la CCI Française au Canada — rappelant que « Choose France est l’expression d’un écosystème pleinement mobilisé pour accompagner les entreprises dans les deux sens de l’Atlantique ».
Ecotime : repenser la gestion de l’eau, un bâtiment à la fois
Il a ensuite insisté sur la continuité et l’approfondissement de la relation franco-canadienne : croissance des échanges depuis le CETA, coopération renforcée sur l’IA, poids stratégique des minerais critiques, ambition climatique commune.
« Face aux incertitudes du monde, nous choisissons ensemble la voie de la confiance, de la coopération et de la croissance durable », a-t-il affirmé, rappelant au passage la tenue prochaine d’éditions à Toronto et à Vancouver ainsi que plusieurs grands rendez-vous économiques prévus en France en 2026.
Un 5 à 7 animé, révélateur d’une énergie collective
La journée s’est conclue par un cocktail de réseautage qui a tenu ses promesses. Dans les couloirs de HEC Montréal, on discutait financement, implantation, fiscalité, partenariats technologiques, tout en échangeant cartes professionnelles et idées de projets.
Plusieurs entrepreneurs québécois ont indiqué vouloir solliciter les services de Business France pour mieux comprendre les marchés régionaux analysés durant les tables rondes. D’autres ont salué la clarté des témoignages, « loin du jargon et très axés terrain », comme l’a glissé un participant.
Un premier chapitre prometteur
Avec cette première édition montréalaise, Choose France n’a pas seulement ouvert un cycle : il a installé une dynamique, un ton, une méthode. Celle d’un dialogue économique franc et concret, nourri d’exemples et d’expériences vécues.
Reste désormais à voir jusqu’où ces nouvelles passerelles mèneront — quelles entreprises saisiront l’élan, quels secteurs accéléreront, quels partenariats se transformeront en implantations. Une chose est sûre : Montréal n’a pas fini de choisir la France… et la France n’a pas fini de choisir Montréal.
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