Le 1er août dernier, le Canada a rendu hommage au passé douloureux des esclaves africains et commémore le passage de la loi sur l’abolition de l’esclavage adoptée dans le pays en 1834. Retour sur le discours poignant de Justin Trudeau à Ottawa.


« Aujourd’hui, en ce Jour de l’émancipation, nous soulignons tous ensemble la douloureuse histoire de l’esclavage au Canada et ailleurs dans le monde et nous renouvelons notre engagement à bâtir une société plus juste, inclusive et équitable pour tous », a déclaré le Premier ministre canadien Justin Trudeau à l’occasion du Jour de l’émancipation le 1er août dernier à Ottawa.
En ce Jour de l’émancipation, nous soulignons le douloureux héritage de l’esclavage, sans oublier le courage et la résilience incroyables des communautés noires qui ont lutté pour leur liberté et pour la justice, au profit des prochaines générations. https://t.co/48sNNChcAl
— Justin Trudeau (@JustinTrudeau) August 1, 2023
La mémoire de la douleur de l'esclavage au Canada
La traite transatlantique des esclaves a eu des conséquences tragiques pour des millions de personnes africaines et leurs descendants. De nombreux individus ont perdu la vie pendant leur résistance, lors des pénibles voyages, ou en raison des mauvais traitements et de la malnutrition pendant la traversée de l'Atlantique. On estime que plus de deux millions de personnes africaines ont trouvé la mort lors de ce déplacement forcé. Parmi les 12,5 millions d'Africains réduits en esclavage, la plupart, soit environ 94%, ont été transportés vers l'Amérique latine et les Caraïbes, tandis que 6% ont été emmenés en Amérique du Nord.
Une fois arrivés en Amérique du Nord, les esclaves africains et leurs descendants étaient contraints de travailler dans les champs, d'effectuer des tâches manuelles et d'exercer des fonctions domestiques. Ils étaient forcés de changer leurs noms, d'abandonner leur foi, de renier leur culture et de cesser de parler leur langue maternelle, subissant des tortures et des mauvais traitements imposés par la loi.
L'adoption de la loi sur l’abolition de l’esclavage en 1834
« Le 1 août 1834, la Slavery Abolition Act (loi sur l’abolition de l’esclavage) est entrée en vigueur, menant à la libération de plus de 800.000 esclaves africains au Canada, dans les Caraïbes, en Amérique du Sud et en Afrique du Sud. Depuis lors, les gens du monde entier unissent leurs voix lors du Jour de l’émancipation pour souligner le courage, la détermination et la résilience incroyables des communautés noires qui se sont battues pour leur liberté et pour la justice », a salué Justin Trudeau lors de son discours commémoratif.
« En ce Jour de l’émancipation, nous soulignons et célébrons les remarquables contributions que les personnes d’ascendance africaine et tous ceux qui ont été soumis à l’esclavage ou ont souffert de ses répercussions durables ont apportées au Canada. Dans le milieu des sciences, des affaires, du droit, des sports, des arts et du divertissement, les communautés noires ont contribué et contribuent encore aujourd’hui au tissu de notre pays, et ce, de manière importante. J’encourage chacun de vous à réfléchir à l’histoire de l’esclavage et du racisme contre les Noirs au Canada ainsi qu’à leurs répercussions intergénérationnelles sur les personnes d’ascendance africaine. Ensemble, nous pouvons – et nous allons – bâtir un avenir meilleur pour tous. » Justin Trudeau
Un héritage douloureux
L'historien québécois Marcel Trudel, dans son ouvrage Deux siècles d'esclavage au Québec, estime qu'entre 1671 et 1831, près de 4200 personnes réduites en esclavage se trouvaient dans la région du Canada appelée la Nouvelle-France, et ultérieurement le Haut-Canada et le Bas-Canada. À cette époque, environ deux tiers de ces personnes étaient Autochtones, tandis qu'un tiers était d'ascendance africaine.
« L’héritage de l’esclavage existe encore aujourd’hui sous la forme de traumatismes intergénérationnels ainsi que du racisme et de la haine contre les Noirs. [...] En travaillant autour des thèmes de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine des Nations Unies, que le Canada a reconnue en 2018, nous bâtirons un pays où chacun peut s’épanouir, quelle que soit sa race, sa religion ou son ethnicité », conclut le Premier ministre canadien.