Tandis que le Consulat général de France à Québec choisissait un lieu chargé d’histoire pour évoquer la France libre et les enjeux géopolitiques contemporains, le Consulat à Montréal, en partenariat avec l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), mettait en avant les coopérations concrètes et les liens humains croissants. Retour sur deux célébrations distinctes, mais habitées par le même esprit de fraternité.


À Québec, un 14 juillet sous le sceau de l’histoire et de la vigilance géopolitique
C’est dans les jardins du domaine de Cataraqui, lieu chargé d’histoire, que le Consulat général de France à Québec a convié ses invités. Entouré de dignitaires québécois, dont la Ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Martine Biron, de représentants des forces armées et d’amis de la France, le Consul général, Éric Lamouroux, a pris la parole pour rappeler la singularité du lieu, qui accueillit durant la Seconde Guerre mondiale la diplomate française Élisabeth de Miribel. « Elle dactylographia l’appel du 18 juin 1940 avant sa diffusion à la BBC », a-t-il rappelé, soulignant ainsi le lien intime entre cette demeure et la France libre.

Mais au-delà des réminiscences historiques, le discours fut marqué par une lucidité politique. Le diplomate a dénoncé les attaques contre l’ordre mondial multilatéral et les reculs démocratiques, évoquant tour à tour la guerre en Ukraine, les tensions commerciales avec les États-Unis et les défis du numérique. « Le Québec et la France doivent renforcer leurs alliances stratégiques, notamment dans les secteurs critiques comme l’intelligence artificielle ou les métaux rares », a-t-il martelé. Une vision que partageait la ministre Martine Biron, présente sur place : « Oui, c’est une période de montagnes russes, mais cette amitié franco-québécoise est plus importante que jamais », a-t-elle déclaré dans une allocution chaleureuse.

À Montréal, une célébration diplomatique en partenariat avec l’OACI
À Montréal, la réception officielle s’est tenue en partenariat avec l'équipe de la Représentation Permanente de la France auprès de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) dont le siège est dans la métropole québécoise. Cette collaboration a permis de mettre en lumière un pan essentiel de la coopération franco-canadienne : l’aviation civile. Marie Lapierre, Consule générale de France à Montréal, a salué « une ambition commune de mettre l’aviation au service de tous », en conjuguant sécurité, durabilité et innovation.

Elle a également souligné la densité des échanges entre la France et le Canada, qu’il s’agisse de la participation canadienne à VivaTech et au Salon du Bourget ou des collaborations autour de l’intelligence artificielle et de la découvrabilité des contenus francophones. « Cette vitalité se reflète aussi dans les liens humains que nous tissons : 3 000 mariages et naissances franco-canadiens chaque année, et près de 30 naturalisations célébrées chaque mois à Montréal », a-t-elle précisé.
À Montréal, les célébrations avaient débuté la veille avec une fête populaire, pensée comme un moment de partage mais elle a malheureusement été interrompue par de violentes pluies. Malgré cette météo capricieuse, les organisateurs ont pu recueillir 3 700 dollars en trois heures au profit de la Maison des Enfants de Montréal, grâce à une tombola solidaire. Une preuve, s’il en fallait, que la fête nationale reste aussi un moment d'engagement citoyen.

La Marseillaise et Gens du Pays : une même voix pour deux peuples
Moment solennel et toujours émouvant, l’interprétation de l’hymne national a ponctué les deux célébrations. À Montréal comme à Québec, La Marseillaise a retenti avec force, symbole d’un attachement partagé aux valeurs républicaines.
Mais à Québec, l’instant a pris une teinte singulière : c’est le trio de jazz manouche Des Sourcils qui a entraîné le public dans une Marseillaise vibrante, à la fois respectueuse et vivante. Portée par des accords acoustiques et des voix engagées, l’hymne s’est fondu naturellement dans une reprise de Gens du Pays, chant emblématique de l’identité québécoise. Les invités, émus, ont entonné en chœur ce second hymne, scellant dans la musique un lien affectif et fraternel entre les deux rives de l’Atlantique.

Quand la France se raconte aussi par la table
Au-delà des discours et des symboles, les deux célébrations ont aussi rendu hommage à un autre pilier de la relation franco-québécoise : la gastronomie. À Québec, les créations d’artisans boulangers et pâtissiers français ont enchanté les convives, illustrant le dynamisme d’un savoir-faire installé dans la région. À Montréal, les chefs de l’Académie culinaire de France ont offert une sélection de bouchées élaborées spécialement pour l’occasion, mêlant exigence et créativité. De la table au discours, la France s’est racontée aussi par ses métiers de bouche — ces passeurs de goût et de culture qui, chaque jour, nourrissent l’amitié entre les deux peuples.
Une francophonie concrète, partagée et tournée vers l’avenir
À travers ces deux célébrations, la France au Québec a donné à voir deux visages complémentaires : celui d’une diplomatie engagée dans les grands équilibres du monde et celui d’une francophonie active, solidaire et tournée vers la coopération. Le Premier ministre du Québec, François Legault, a récemment affirmé que « la France est une alliée essentielle ». Ce 14 juillet en a apporté une nouvelle preuve.
Mais au-delà des discours, la fête révèle aussi une interrogation : dans un monde incertain, quel rôle peut jouer cette relation franco-québécoise, enracinée dans la langue et l’amitié ? Et si le 14 juillet devenait, au Québec, bien plus qu’un souvenir de Bastille… un rendez-vous pour penser ensemble l’avenir ?
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