Les Seigneurs puis les Princes de Monaco ont-ils toujours eu une garde personnelle ? L'interrogation, posée par de Jacques Giletta dans son premier livre sur l'histoire de la Compagnie des Carabiniers du Prince, trouve logiquement sa réponse dans ce luxueux volume de quelque six cents pages. C'est une véritable enquête, en effet, qu'a mené l'auteur en compulsant des masses d'archives, depuis l'existence d'une petite troupe de hallebardiers sous Honoré II, au XVIe siècle. Il passe en revue les gardes et milices nationales jusqu'à Albert Ier, comme les Canotiers de la garde du Prince, la garde civique, les fameux « Papalins », etc., pour aboutir à la création de la Compagnie des Carabiniers du Prince en 1904. Soit trois années de « fouilles » avec l'aide de MM. Régis Lécuyer, conservateur des Archives du Palais, et Christian Burle, responsable des archives municipales.
Qu'est-ce qui différencie les carabiniers actuels de leurs « ancêtres » ? "D'une poignée d'hommes au départ, en 1523, les effectifs ont augmenté au fil des siècles", relate Jacques Giletta. "Grâce au Prince Rainier III, les carabiniers passaient de 92 à 112 sous le commandement du lieutenant-colonel Fringant, afin d'évoluer en fonction des missions et de la population. Et s'ils demeurent des soldats avant tout, leurs charges sont différentes depuis l'époque où les Grimaldi avaient des ennemis. Outre les missions de sécurité et de service d'honneur, sans oublier la Fanfare, le carabinier du troisième millénaire est attaché à tout ce qui concerne le secourisme, la logistique et l'aide humanitaire. C'est donc un soldat moderne avec de lourdes responsabilités et dont la tâche de sentinelle s'effectue avec une arme à feu approvisionnée. Notre devise « Honneur, Fidélité, dévouement » n'a rien d'une locution abstraite, mais tout d'une grande efficacité."
Cette page d'histoire des Grimaldi est également agrémentée d'une impressionnante iconographie composée de photos, croquis, tableaux, gravures inédits. On y trouvera l'ensemble des uniformes, armes et décorations depuis les premières gardes. La grande histoire de la Principauté y est aussi intimement associée avec la disparition du prince Rainier III, dont la dernière volonté était de voir les carabiniers porter son cercueil (honneur habituellement réservé aux pénitents). Puis avec l'avènement du prince Albert II qui souhaite des carabiniers pratiquant les langues étrangères, férus d'informatique et prêts à faire face aux moyens de communications du futur.
En finalité, Les Gardes personnelles des Princes de Monaco permettra une plus juste appréciation de ces hommes déterminés à protéger et défendre leurs souverains. Avec la faculté de juger et comparer procurée au lecteur par près de cinq cents ans d'expériences politiques. Cela représente une « époque » de courage, de patience, de modération et de désintéressement, telle que l'Histoire n'en offre point d'exemple. Nul doute que le commandant Philippe Rebaudengo, le nouveau chef de la compagnie, aura à c?ur de perpétuer ces valeurs.
Jean-Marie FIORUCCI. (www.lepetitjournal.com - Monaco) jeudi 5 avril 2007
* Cet ouvrage est vendu dans les librairies au prix de 149 euros.
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